Coude-à-coude L'Equateur aux urnes pour le deuxième tour de la présidentielle

ATS

15.10.2023 - 15:06

Les Equatoriens ont commencé à voter dimanche matin pour le second tour de la présidentielle entre une avocate socialiste, dauphine de l'ex-président Rafael Correa, et un candidat libéral. Un duel au coude-à-coude dans un pays livré à la violence et au narcotrafic.

Le vote pourrait aboutir à l'élection de la première femme à la tête du pays d'Amérique du Sud.
Le vote pourrait aboutir à l'élection de la première femme à la tête du pays d'Amérique du Sud.
ATS

Keystone-SDA

Ce face-à-face aboutira soit à l'élection de la première femme à la tête du pays d'Amérique du Sud, Luisa Gonzalez, soit à celle du plus jeune président de son histoire moderne, Daniel Noboa, fils d'un richissime homme d'affaires, magnat de la banane.

Inaugurant le début du vote en direct à la TV nationale, la présidente du conseil électoral (CNE), Diana Atamaint, a souligné que ce jour était «sans précédent dans l'histoire démocratique de notre pays». «Aujourd'hui, le peuple équatorien va élire son prochain président pour la période jusqu'en 2025 lors d'une élection inhabituelle, organisée en moins de trois mois», a-t-elle rappelé.

Le vote a débuté à 07h00 locales (14h00 en Suisse) et se terminera à 17h00. Près de 100'000 militaires et policiers au total seront déployés sur tout le territoire pour assurer la sécurité de 4390 bureaux de vote.

L'avant 1er tour du 20 août a été marqué par l'assassinat – qui avait traumatisé le pays – de l'un des principaux candidats, un ex-journaliste portant un fort discours anti-corruption.

«Sortir du trou»

Interrogé à l'entrée d'un bureau de vote de Quito, Freddy Escobar, 49 ans, chanteur de profession a refusé de dire pour qui il allait voter, mais jugé que «c'est une élection critique, l'avenir du pays est en jeu». «Ce qui nous préoccupe le plus, c'est la question de l'insécurité et de la criminalité. L'autre est l'économie».

A l'ouverture du scrutin, une large file d'électeurs et électrices patientait déjà devant ce bureau installé dans un collège de la périphérie de la capitale Quito.

Les résultats sont attendus dans la soirée. Les deux candidats, portant tous deux un gilet pare-balle à chacune de leur apparition publique, voteront chacun dans leur bastion, M. Noboa à Santa Elena (sud-ouest), et Mme Gonzalez à Canuto (ouest).

«Nous attendons beaucoup du prochain président (...) et qu'il nous sorte du trou où les gouvernements précédents nous ont laissés», plaidait la veille du scrutin un électeur, Jhimy Cabrera.

Nombreuses promesses

Les derniers jours de campagne ont vu une avalanche de promesses de la part des deux candidats: «Un nouvel Equateur», une «main ferme» pour «sauver le pays», la «fin de la délinquance», des «milliers d'emplois».

Mais le ou la nouvelle élue n'aura que peu de temps pour tenir ces promesses mirobolantes: il ou elle gouvernera jusqu'à début 2025, terme du mandat du président sortant Guillermo Lasso qui avait convoqué des élections anticipées pour éviter sa destitution sur fond d'accusations de corruption.

Le nouveau dirigeant héritera d'un pays plongé dans une vague de violences sans précédent, qui souffre d'une corruption endémique et d'institutions fragilisées.

Narcotrafic

Autrefois considéré comme un îlot de paix en Amérique latine, le pays de 18 millions d'habitants, situé entre la Colombie et le Pérou, les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne, a été rattrapé par une vague de violences sans précédent liée au crime organisé et au narcotrafic.

Selon l'Observateur équatorien du crime organisé (OECO), au moins 3600 personnes ont été assassinées depuis le début de l'année, tandis que le taux d'homicide a doublé et continue de monter en flèche.

Chaque candidat a sa formule magique: Daniel Noboa veut créer une grande agence du renseignement, regroupant l'administration pénitentiaire (SNAI), tandis que Luisa Gonzalez veut plus de programmes sociaux pour prévenir la délinquance. Tous deux s'accordent sur une militarisation des prisons, des ports et des frontières.

Sur l'économie, Mme Gonzalez entend promouvoir un Etat plus «solidaire», basé sur l'"égalité des chances» et «pour le bien de tous». Son adversaire défend, lui, une politique plus libérale et entrepreneuriale.

L'ombre de l'ex-président Rafael Correa (2007-2017) plane sur la candidature de Mme Gonzalez, qui a indiqué qu'elle en ferait son conseiller. Au terme d'une campagne plutôt atone centrée sur les réseaux sociaux, le duel s'annonce très serré, selon les derniers sondages.

Il se déroule sur fond de polarisation entre un bloc corréiste, minoritaire, et d'un autre côté, un spectre politique très fragmenté.

Aucune force ou parti ne dispose de la majorité absolue à l'Assemblée nationale, qui a été renouvelée en même temps que le 1er tour de la présidentielle, ce qui devrait compliquer l'adoption de nouveaux textes. Le parti de Mme Gonzalez, «Révolution citoyenne», y est la première force, avec 48 sièges sur 137. M. Noboa compte 13 députés.