Pérou L'ex-président péruvien devrait rester en prison

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14.12.2022 - 08:53

L'ancien président péruvien Pedro Castillo devrait rester en prison mercredi après des décisions de justice en sa défaveur alors que les manifestations grandissantes ont fait 7 morts depuis dimanche. Il a assuré qu'il ne «renoncerait jamais».

Des centaines de personnes demandent la libération de l'ancien président Pedro Castillo, devant le poste de police où il est détenu à Lima, Pérou, le 13 décembre 2022.
Des centaines de personnes demandent la libération de l'ancien président Pedro Castillo, devant le poste de police où il est détenu à Lima, Pérou, le 13 décembre 2022.
KEYSTONE

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Un tribunal a déclaré «infondé le recours en appel introduit par la défense» du président destitué, arrêté le 7 décembre, a indiqué le juge César San Martin en lisant sa décision lors d'une audience télévisée mardi.

Il estime notamment que l'échec de la tentative du coup de force de M. Castillo n'excuse pas son crime. En voulant «instaurer un gouvernement d'exception, l'ex-chef de l'Etat voulait altérer l'ordre constitutionnel», a-t-il accusé.

Emprisonnement prolongé

Le parquet a demandé dans la foulée, dans la nuit de mardi à mercredi, une demande de détention préventive de 18 mois et une audience été fixée à 09h00 locale (15h00 suisses) pour décider d'une éventuelle remise en liberté. Selon des experts judiciaires, il est probable que l'ancien président reste en prison.

Pendant l'audience, M. Castillo s'est montré combatif, saisissant l'occasion pour lancer: «Je ne renoncerai jamais et n'abandonnerai pas cette cause qui m'a amené ici. J'exhorte les forces armées et la police nationale à déposer les armes et à cesser de tuer ce peuple qui a soif de justice».

«Je suis détenu de manière injuste et arbitraire, je ne suis ni un voleur, ni un violeur, ni un corrompu ou un voyou», s'est-il aussi défendu.

Lors de l'audience, l'ex-président avait aussi appelé ses partisans à l'accueillir à sa sortie de prison, qui devait à l'origine intervenir mercredi à 13h00 (19h00 suisses), la Cour suprême ayant ordonné le 7 décembre, jour de son arrestation, son placement en détention provisoire pour sept jours.

Les partisans de M. Castillo ont abondamment relayé ce rendez-vous sur les réseaux sociaux.

Médiatrice inquiète

Les manifestations exigeant la libération de M. Castillo, la démission de la nouvelle présidente Dina Boluarte – ex-vice-présidente de M. Castillo et issue du même parti radical de gauche que lui – et la dissolution du Parlement, se poursuivaient mardi avec de nombreuses routes bloquées dans 13 des 24 régions, selon la police.

«Les manifestations se sont intensifiées «, elles sont devenues «plus importantes et plus violentes», a déclaré la médiatrice de la République Eliana Revollar à l'AFP. «C'est une convulsion sociale très sérieuse, nous craignons que cela ne débouche sur un soulèvement parce qu'il y a des gens qui appellent à l'insurrection, qui demandent à prendre les armes.»

Mme Boluarte a elle appelé une nouvelle fois au «calme et à la paix». Elle a confirmé le bilan de sept morts, ajoutant que plus de 200 personnes avaient été blessées.

Lundi, le nouveau gouvernement avait déclaré l'état d'urgence pour 60 jours dans sept provinces de la région d'Abancay (Sud) et révoqué tous les préfets nommés par le gouvernement de M. Castillo.

Etat d'urgence

Mardi soir, après une réunion de crise, le ministre de la Défense Alberto Otarola a annoncé que l'état d'urgence avait été déclaré dans deux autres régions dans le sud, Arequipa (qui comprend la deuxième ville du pays) et Ica.

La partie sud du pays, avec la région touristique de Cuzco et la deuxième ville plus grande ville Arequipa, et celle au nord sont les zones les plus touchées. Le train reliant Cuzco et la citadelle inca du Machu Picchu, le joyau touristique du Pérou, a été suspendu mardi et mercredi en raison de la situation, a annoncé l'opérateur.

A Lima, à l'image des derniers jours, des échauffourées ont eu lieu en soirée entre policiers et manifestants près du Congrès dans le centre-ville.

Elections avancées

Sous pression, Mme Boluarte avait annoncé dimanche soir vouloir avancer les élections générales de 2026 à 2024, sans parvenir à apaiser les tensions.

Le 7 décembre, M. Castillo, 53 ans, avait ordonné la dissolution du Parlement qui avait peu après voté, à une large majorité, sa destitution pour «incapacité morale». Il fait l'objet d'enquêtes pour entrave à la justice, trafic d'influence, corruption ainsi que pour plagiat.