Législatives Comme Le Pen, Hollande cible Macron: «Le macronisme, c'est terminé»

ATS

22.6.2024 - 16:13

Feu roulant sur Emmanuel Macron: en campagne samedi sur leurs terres à 8 jours des législatives anticipées françaises, François Hollande et Marine Le Pen ont fait flèche de tout bois contre le chef de l'Etat. Ce dernier a encore renvoyé les «extrêmes» dos à dos.

Le président français Emmanuel Macron, à gauche, rencontre l'ancien président français François Hollande, à droite, lors d'une cérémonie commémorative à Tulle, dans le centre de la France, lundi 10 juin 2024, où 99 civils ont été pendus par un commando nazi le 9 juin 1944. (archives)
Le président français Emmanuel Macron, à gauche, rencontre l'ancien président français François Hollande, à droite, lors d'une cérémonie commémorative à Tulle, dans le centre de la France, lundi 10 juin 2024, où 99 civils ont été pendus par un commando nazi le 9 juin 1944. (archives)
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Sept ans après avoir quitté l'Elysée, François Hollande a retrouvé l'air de la campagne en se présentant à la députation dans son fief corrézien de Tulle: l'occasion de cibler l'héritage de son ancien ministre de l'Economie, même s'il promet qu'il n'a «aucun compte à régler».

«Le macronisme, c'est terminé. Si tant est que ça ait existé, mais c'est terminé, je le dis sans hostilité particulière», a assuré auprès de l'AFP l'ancien président socialiste, qui se présente sous l'étiquette du Nouveau front populaire.

Recomposition

«Le temps est à la recomposition», a encore asséné M. Hollande, alors que cette campagne menée à tire-d'aile depuis le 9 juin et la dissolution surprise de l'Assemblée est placée sous le signe d'une importante tripolarisation.

Avec un bloc d'extrême droite mené par le Rassemblement national et donné favori avec 35% d'intentions de vote selon un sondage Opinionway pour Les Echos paru samedi. Puis l'alliance de gauche avec 28% des voix, et le camp macroniste (22%) qui tente de sauver les meubles après la déroute des élections européennes.

Pris en tenaille, Emmanuel Macron et l'essentiel de ses troupes ne cessent de cibler, en les mettant sur un pied d'égalité, les «extrêmes», «qu'on ne peut pas laisser passer». «Je vous le dis en responsabilité, on ne peut pas l'air de rien les laisser monter en se disant 'c'est très grave et ça va arriver'. C'est maintenant qu'il faut être responsable!», a lancé vendredi soir le chef de l'Etat depuis l'Elysée, lors d'une prise de parole lors de la Fête de la musique.

«Contrairement à ce qu'ils disent, l'un n'est pas le rempart de l'autre. Ils votent ensemble les motions de censure», a-t-il encore accusé, le poing souvent levé, sur la scène surplombant la cour.

Critiques de Le Pen

Cette stratégie a durement été critiquée samedi par Marine Le Pen, depuis Carvin dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais où elle est élue députée.

«Je pense que le président de la République est incapable, semble-t-il, de voir quel est le véritable danger pour la France», a-t-elle tempêté, en désignant la «coalition d'extrême gauche qui est en réalité tenue par les radicaux dont le programme entraînerait un chaos évident (...) pour le pays», a-t-elle tempêté.

La veille, depuis Courrières, également sur ses terres, la cheffe de file du RN avait estimé qu'"il ne restera au président que la démission pour sortir potentiellement d'une crise politique» au soir du deuxième tour des législatives, le 7 juillet.

«Revirement national»

A gauche, le patron du Parti socialiste Olivier Faure a également vilipendé les arguments d'Emmanuel Macron qui, «en cherchant à disqualifier la gauche, en créant une équivalence avec l'extrême droite», «contribue à une seule chose: banaliser le danger national populiste».

«Il devait être un barrage au RN, il a ouvert toutes les vannes au RN», a encore accusé l'élu de Seine-et-Marne auprès du Parisien. Même tonalité du côté de la numéro 1 des Ecologistes Marine Tondelier pour qui les macronistes «se sont faits le marche-pied de l'extrême droite».

Alors que le patron du RN Jordan Bardella, qui a fait de l'obtention d'une majorité absolue la condition pour accéder à Matignon, doit présenter lundi matin ses «priorités du gouvernement d'union nationale», le programme du RN est également au centre de tous les procès de ses opposants.

«Ce n'est plus le rassemblement national, c'est le revirement national», a ainsi ironisé Marine Tondelier sur France inter samedi, prenant l'exemple des retraites: «vous vous endormez, Jordan Bardella est à la télévision en train d'affirmer qu'il veut abroger la réforme des retraites, vous vous réveillez le matin, il vous explique qu'il faut la laisser à 64 ans».

«Le programme du Rassemblement national est d'un flou total dont les éléments majeurs, notamment économiques, s'éliminent jour après jour pour faire bonne figure», a également grincé l'ancien ministre Jean-Yves Le Drian dans Ouest France.

Le député RN Thomas Ménagé a répliqué samedi en défendant sur France 2 «un discours de lucidité et d'honnêteté». «Les Français comprennent bien que dès le mois de juillet, et même en 100 jours, on n'arrivera pas à reconstruire tout ce qu'Emmanuel Macron a détruit en sept ans», a-t-il insisté.