Irak L'Iran attaque des installations américaines

ATS

8.1.2020 - 06:30

Cinq jours après l'élimination du général Qassem Soleimani, l'Iran a lancé mercredi la riposte contre les Etats-Unis. Téhéran a tiré des missiles contre deux bases abritant des soldats américains en Irak.

Selon le Pentagone, une douzaine de missiles ont été lancés depuis l'Iran contre les bases d'Aïn al-Assad et d'Erbil. Ces raids, revendiqués par Téhéran, marquent un tournant faisant redouter une escalade régionale ou un conflit ouvert, même si dirigeants américain et iranien ont rapidement semblé vouloir calmer le jeu.

Dans un tweet au ton particulièrement léger et plutôt apaisant, le président américain Donald Trump a indiqué qu'il ferait une déclaration mercredi matin et laissé entendre que le bilan n'était pas très lourd. «L'évaluation des dégâts et des victimes est en cours. Jusqu'ici, tout va bien!«, a-t-il lancé.

L'agence fédérale de l'aviation américaine (FAA) a tout de même interdit aux avions civils américains le survol de l'Irak, de l'Iran et du Golfe.

L'Allemagne et l'Australie ont fait savoir que leurs soldats stationnés en Irak allaient bien. De son côté, Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, a affirmé que son pays avait mené et «terminé» dans la nuit des représailles «proportionnées». «Nous ne cherchons pas l'escalade ou la guerre», a-t-il insisté.

Les cours du pétrole s'envolaient eux de plus de 4,5% mercredi matin dans les échanges en Asie.

Nouvelle phase

«Des missiles balistiques ouvertement lancés depuis l'Iran sur des cibles américaines, c'est une nouvelle phase», a estimé Phillip Smyth, spécialiste des groupes chiites armés, rappelant que Téhéran avait tendance jusqu'ici à répondre via des factions, sans revendications.

Ces tirs interviennent alors que se terminent à peine les funérailles du général Qassem Soleimani, assassiné vendredi à Bagdad avec l'Irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, leader des paramilitaires pro-Iran désormais intégrés aux forces de sécurité irakiennes.

Les Gardiens de la révolution iraniens, l'armée idéologique de la République islamique, ont conseillé à Washington de rappeler ses troupes déployées dans la région «afin d'éviter de nouvelles pertes», et menacé de frapper Israël et «des gouvernements alliés» de l'Amérique.

Donald Trump a clairement écarté mardi toute intention de quitter l'Irak. La veille, son administration avait créé la confusion en transmettant par erreur aux autorités irakiennes une lettre annonçant des préparatifs en vue du retrait de leurs soldats. Ce courrier faisait référence à un vote du Parlement irakien qui a exhorté dimanche son gouvernement à expulser les troupes étrangères d'Irak après la colère provoquée par l'élimination de Soleimani

Signe d'un dialogue de sourds qui pourrait se prolonger, le Premier ministre démissionnaire irakien Adel Abdel Mahdi a confirmé mardi avoir reçu une lettre «signée» et «très claire» du commandement américain annonçant un retrait militaire.

Fissures dans la coalition

Et pour ajouter au climat d'incertitude, la coalition internationale contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI) affiche de premières fissures.

Si la France et l'Italie ont fait savoir leur intention de rester en Irak, les Canadiens et les Allemands ont annoncé mardi le redéploiement d'une partie de leurs soldats vers la Jordanie et le Koweït. L'Otan a décidé de retirer temporairement une partie de son personnel d'Irak.

Après le vrai-faux retrait total des troupes américaines de Syrie, annoncé par Donald Trump à deux reprises depuis un an avant qu'il ne fasse volte-face, il s'agit d'un nouveau coup porté à la lutte contre l'EI, alors que les experts ne cessent de mettre en garde contre une résurgence du groupe djihadiste malgré l'élimination de son «califat» territorial irako-syrien.

Efforts diplomatiques

Le Parlement iranien a adopté en urgence une loi classant toutes les forces armées américaines comme «terroristes» après la mort du général Qassem Soleimani, architecte de la stratégie de l'Iran au Moyen-Orient, souvent considéré comme un héros dans son pays pour le combat contre l'EI.

Selon l'agence iranienne Fars, ce dernier a été enterré dans la nuit. Dans la journée, l'hommage qui lui était rendu dans sa ville natale de Kerman a tourné à la tragédie. Une bousculade a fait 56 morts et 213 blessés, selon le dernier bilan officiel publié par les médias locaux.

L'élimination de Soleimani fait également des vagues aux Etats-Unis et au-delà, où fait déjà rage le débat sur la légalité même de la frappe, survenue qui plus est dans un pays tiers. Le président Trump «avait absolument les bases légales appropriées», a répondu son secrétaire d'Etat Mike Pompeo.

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