Tension dans le Golfe Attaques en mer d'Oman: pétroliers sécurisés

ATS

16.6.2019 - 18:39

Les deux pétroliers endommagés cette semaine par des attaques dans la région du Golfe ont été mis en sécurité dimanche. L'Arabie saoudite a incriminé à son tour l'Iran et affirmé qu'elle réagira à toute menace.

Après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, le royaume saoudien, premier exportateur de pétrole au monde, a accusé le «régime iranien» de ces attaques non revendiquées qui ont endommagé jeudi deux tankers en mer d'Oman. Dans une apparente démonstration de force, le ministère saoudien de la Défense a publié dimanche, via l'agence officielle SPA, une vidéo montrant des appareils saoudiens et américains de type F-15 survolant le 2 juin le Golfe en formation, accompagnés d'avions ravitailleurs des deux pays.

Grand rival régional de l'Arabie saoudite sunnite et ennemi des Etats-Unis, l'Iran chiite a nié toute implication dans ces faits survenus près du détroit d'Ormuz, par lequel transite le tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde et qui ont fait bondir le prix de l'or noir.

«Le régime iranien n'a pas respecté la présence du premier ministre japonais à Téhéran et a répondu à ses efforts en attaquant deux pétroliers, dont l'un était japonais», a déclaré le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, dans une interview au quotidien Asharq al-Awsat publiée dimanche. «Nous ne voulons pas une guerre dans la région. Mais nous n'hésiterons pas à réagir à toute menace contre notre peuple, notre souveraineté, notre intégrité territoriale et nos intérêts vitaux», a-t-il averti.

En Iran, le président du parlement Ali Larijani a, lui, insinué que les Etats-Unis pourraient être responsables des «actions suspectes sur les tankers».

Arrimé en toute sécurité

Au milieu des craintes pour la navigation, le méthanier japonais endommagé, le Kokuka Courageous «est arrivé en toute sécurité au mouillage désigné à Charjah» aux Emirats, a indiqué son armateur.

«L'évaluation des avaries et la préparation du transfert de la cargaison (de méthanol) commenceront dès que les autorités portuaires auront achevé contrôles et formalités habituels», a-t-il ajouté. L'équipage, secouru par l'US Navy, reste à bord. Lors de l'attaque, l'équipage a dit avoir vu un «objet volant» se diriger vers le tanker puis une explosion.

L'autre navire touché, le Front Altair, qui transportait du naphta, a été remorqué et se trouve au large de l'émirat de Fujairah, dans la même zone, ont annoncé ses propriétaires et opérateurs. «Les premières inspections sont en cours et aucune anomalie n'a été détectée», ont-ils indiqué. Les 23 membres d'équipage, secourus eux par l'Iran, se trouvent désormais à Dubaï.

Le Front Altair, propriété d'un armateur chypriote d'origine norvégienne, a été secoué par trois explosions, provoquant un incendie finalement maîtrisé.

Tensions Washington-Téhéran

Samedi, Ryad et Abou Dhabi ont appelé à la sécurisation des approvisionnements en énergie venant du Golfe après ces attaques survenues environ un mois après le sabotage de quatre navires, dont trois pétroliers, au large des Emirats, attribué également par Washington à Téhéran qui a démenti.

Les relations entre l'Iran et les Etats-Unis se sont détériorées après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui s'est retiré en 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien et a rétabli les sanctions économiques contre l'Iran. Début mai, les Etats-Unis ont envoyé des renforts militaires au Moyen-Orient, accusant l'Iran de préparer des attaques «imminentes» contre des intérêts américains.

La tension dans le Golfe est également alimentée par les attaques des rebelles Houthis au Yémen contre l'Arabie saoudite voisine. Les Houthis ont intensifié les attaques de drones contre le royaume saoudien qui intervient militairement depuis 2015 au Yémen à la tête d'une coalition antirebelles.

Le prince héritier saoudien a répété que son pays n'accepterait pas «la présence de milices iraniennes à ses frontières». Ryad accuse l'Iran d'armer les Houthis, mais Téhéran tout en disant soutenir ces rebelles dément leur fournir des armes.

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ATS