G7 L'Iran, invité surprise du G7

ATS

25.8.2019 - 20:14

Donald Trump et Emmanuel Macron ne se sont pas compris sur le dossier iranien.
Donald Trump et Emmanuel Macron ne se sont pas compris sur le dossier iranien.
Source: KEYSTONE/AP Pool/ANDREW HARNIK

Coup de théâtre au sommet du G7 : le chef de la diplomatie iranienne est arrivé dimanche à Biarritz, dans le sud de la France. Le président français et ses pairs européens ont tenté de convaincre Donald Trump de faire un geste pour sauver l'accord sur le nucléaire.

Les discussions sur le nucléaire iranien entre Mohammad Javad Zarif et les dirigeants français ont «été positives» et «vont se poursuivre», a indiqué dimanche soir la présidence française. La rencontre a duré environ trois heures, d'abord avec le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, puis avec le président Emmanuel Macron pendant une demi-heure, à la mairie de Biarritz.

Des conseillers diplomatiques allemands et britanniques y ont été associés, a précisé la présidence. Cette venue de M. Zarif s'est faite «en accord» avec les Etats-Unis, farouchement opposés au gouvernement de Téhéran. Après cette rencontre, le chef de la diplomatie iranienne a quitté Biarritz.

Les Iraniens ont cessé en juillet de respecter certains engagements de l'accord de Vienne encadrant leur programme nucléaire, en réaction à la sortie en mai 2018 des Etats-Unis du texte et à la réintroduction de lourdes sanctions américaines.

Trump et Macron se contredisent

Le président français essaie de convaincre Washington d'alléger les sanctions sur le pétrole iranien en échange d'un retour de Téhéran à ses engagements. Dans la matinée, il avait cru pouvoir annoncer l'accord des Sept -Donald Trump compris- pour parler à l'Iran d'une même voix.

«Nous nous sommes mis d'accord sur ce qu'on va dire sur l'Iran. Il y a un message du G7 sur nos objectifs, et le fait qu'on les partage évite les divisions», avait assuré Emmanuel Macron sur la chaîne de télévision LCI/TF1. «Nous avons acté d'une communication commune et d'une décision d'action qui permet de réconcilier un peu les positions», a-t-il ajouté.

Mais deux heures plus tard, Donald Trump jetait un pavé dans la mare en lançant lapidairement : «Je n'ai pas discuté de cela».

Un froid sur le commerce

Le président américain a aussi jeté un froid sur le commerce. Il a exclu toute désescalade dans sa guerre commerciale avec la Chine malgré les appels pressants des autres membres du G7.

Il «regrette (juste) de ne pas avoir encore plus relevé les droits de douane», a ironisé sa porte-parole Stephanie Grisham. Le président avait pourtant semblé regretter, dans de premières déclarations, être allé aussi loin.

Sur un autre sujet qui fâche, le Brexit, Donald Trump a épaulé ostensiblement le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson dans le bras-de-fer qui l'oppose aux Européens sur le Brexit. «C'est l'homme qu'il faut pour faire le travail», a-t-il lancé lors de leur première rencontre dimanche, autour d'un petit déjeuner, lui promettant un «très grand accord commercial» dès que Londres aura quitté l'UE.

Mobilisation pour l'Amazonie

Sur l'urgence du moment, les feux de forêt qui ravagent l'Amazonie, les pays du G7 sont d'accord pour «aider le plus vite possible les pays qui sont frappés», a déclaré dimanche Emmanuel Macron. «Nous sommes en train de travailler à un mécanisme de mobilisation internationale pour pouvoir aider de manière plus efficace ces pays», a précisé le chef de l'Etat.

Les sept dirigeants se sont aussi entendus pour «renforcer le dialogue et la coordination» sur les crises actuelles avec la Russie. Ils ont toutefois estimé qu'il était «trop tôt» pour la réintégrer dans un G8, selon une source diplomatique.

La Russie a été exclue du G8 en 2014 après l'invasion de la Crimée. Mais Donald Trump est plutôt favorable à son retour, à contrecourant de ses pairs.

MM. Macron, Trump et Johnson ont aussi débattu dimanche avec Angela Merkel, Shinzo Abe, Giuseppe Conte et Justin Trudeau de l'état de l'économie mondiale. Cette dernière montre des signes inquiétants d'essoufflement en Allemagne, en Chine et aux Etats-Unis, et des moyens de la relancer.

«Président de la République des pollueurs»

Après être arrivés samedi sous le soleil, les dirigeants ont continué à profiter d'une vue imprenable sur l'Atlantique, loin de toute foule estivale, une partie de Biarritz ayant été évacuée. A quelques dizaines de kilomètres, les opposants au G7 n'entendent pas désarmer après avoir tenu un contre-sommet et un rassemblement en fin de semaine.

Plusieurs centaines de manifestants ont participé dimanche à Bayonne à «une marche des portraits» d'Emmanuel Macron qui ont été décrochés dans les mairies, le qualifiant de «président de la République des pollueurs».

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