Sondages serrés L'Islande passe aux urnes avec un casse-tête politique en vue

ATS

23.9.2021 - 07:54

L'Islande vote samedi après quatre ans d'une inédite coalition gauche-droite qui est parvenue à mettre un terme à une décennie volcanique de crises et de scandales. Mais former un futur gouvernement risque de faire remonter la température.

Cheffe d'un mouvement de gauche écologiste qui n'avait jamais jusqu'alors dirigé l'Islande, la première ministre Katrin Jakobsdottir brigue un deuxième mandat. (archives)
Cheffe d'un mouvement de gauche écologiste qui n'avait jamais jusqu'alors dirigé l'Islande, la première ministre Katrin Jakobsdottir brigue un deuxième mandat. (archives)
KEYSTONE

Cheffe d'un mouvement de gauche écologiste qui n'avait jamais jusqu'alors dirigé l'Islande, la première ministre Katrin Jakobsdottir brigue un deuxième mandat dans un paysage politique, certes apaisé, mais plus morcelé que jamais.

Selon les sondages, un record de neuf partis devraient se partager les sièges de l'Althingi – le Parlement plus que millénaire -, rendant particulièrement illisible l'alliance gouvernementale qui pourrait en ressortir.

Avec 33 députés sur 63, la coalition sortante est une alliance hétéroclite du parti de l'indépendance (conservateur, 16 sièges) du vieux routier de la politique islandaise Bjarni Benediktsson, du parti du progrès (centre-droit, 8 sièges) et du mouvement gauche-verts de Mme Jakobsdottir (11 sièges).

Cinq scrutins depuis 2007

C'est la deuxième fois seulement depuis la crise financière de 2008 qu'un gouvernement va au terme de son mandat de quatre ans sur cette île, qui ne compte que 370'000 habitants, dont 255'000 électeurs.

Sur fond de défiance à l'égard de la classe politique et de scandales à répétition, les Islandais avaient dû se déplacer aux urnes cinq fois pour renouveler leur Parlement entre 2007 et 2017.

«Ce gouvernement n'a pas été fondé sur les prémisses d'entreprendre des changements sociétaux, mais bien plutôt dans le but d'une cohabitation politique dans un pays qui était en bouleversement depuis longtemps», rappelle Eiríkur Bergmann, professeur en science politique à l'université de Bifröst.

Les sondages sont serrés. S'ils donnaient le mois dernier à l'équipe sortante une très étroite majorité, les plus récents projettent son échec, sauf renfort compliqué d'un quatrième mouvement.

Saluée pour son intégrité et sa sincérité, Katrin Jakobsdottir, 45 ans, a su conserver sa popularité, forte d'un style consensuel et d'une bonne gestion du Covid-19. L'Islande a un des meilleurs bilans sanitaires d'Europe, avec seulement 33 morts.

«Du bon travail»

«Je pense que ce gouvernement a fait du bon travail et qu'il a vraiment montré ce qui est possible en politique», a affirmé la dirigeante dans un entretien à l'AFP cette semaine.

Le parti de l'indépendance, qui oscille entre 20 et 24% d'intentions de vote, devrait rester la plus large formation politique et Bjarni Benediktsson, son président, compte en tirer profit. Héritier d'une famille qui a régné sur la droite islandaise, l'ancien premier ministre (janvier-novembre 2017) et actuel ministre des finances a survécu à son implication dans le scandale des Panama Papers.

«Je suis optimiste. Je me sens soutenu», a-t-il clamé lors d'une réunion de campagne lundi, jugeant que son parti continuerait d'être «l'épine dorsale d'un nouveau gouvernement.»

Mais derrière, pas moins de cinq formations politiques sont créditées de 10 à 15% des voix: outre le mouvement gauche-vert et le parti du progrès, on retrouve l'alliance sociale-démocrate (gauche), le parti Pirates (libertaire) et Réforme (centre-droit).

Eparpillement

«Il n'y a pas d'alternative claire à ce gouvernement. S'il tombe et [les trois partis, ndlr] ne peuvent pas continuer, alors c'est juste une mêlée générale et la création d'une nouvelle coalition», juge Eiríkur Bergmann.

Les premiers résultats très partiels seront connus samedi après la fermeture des bureaux de vote à minuit (heure suisse), mais l'émergence d'une majorité nécessitera certainement plus qu'une nuit de dépouillement.

L'éventualité d'un gouvernement à deux formations politiques est désormais impossible, peu de combinaisons à trois semblent concevables et l'Islande pourrait découvrir un exécutif inédit à quatre ou cinq partis.

«Cela rend le jeu de la coalition très différent de ce qu'il était», abonde Ólafur Hardarson, professeur de sciences politiques. «Beaucoup de gens pensent que de telles coalitions seront très instables».

ATS