Reprise des négociations L'OMS veut préparer le monde aux pandémies

ATS

4.11.2024 - 14:49

Les pays membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) reprennent les négociations à partir de lundi, pour tenter de finaliser un accord sur la prévention des pandémies, les épidémies de mpox, Marburg ou H5N1. Ils rappellent l'importance de ne pas refaire les erreurs mortelles du Covid-19.

Les pays membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rappellent l'importance de ne pas refaire les erreurs mortelles du Covid-19.
Les pays membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rappellent l'importance de ne pas refaire les erreurs mortelles du Covid-19.
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Après plus de deux ans de négociations, il y a bon espoir de conclure un accord au cours des 15 prochains jours, d'autant que les négociateurs ont convenu de repousser à plus tard les discussions sur les points les plus contentieux: le partage des savoirs et de l'accès équitable aux avancées médicales.

Les récentes négociations à la COP16 en Colombie sur la biodiversité prévoyant un mécanisme comparable ont achoppé sur ce point.

Plus jamais ça

En décembre 2021, craignant une répétition de la catastrophe causée par le Covid-19, qui a tué des millions de personnes, coûté des milliers de milliards d'euros et mis à genoux les systèmes de santé, les 194 pays membres de l'OMS ont convenu de trouver un accord sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies.

L'émergence d'une nouvelle souche de mpox, l'épidémie mortelle du virus de Marburg au Rwanda et la propagation de la grippe aviaire H5N1 ces derniers mois ont clarifié les enjeux.

Des épidémies dans lesquelles un organisme commun de l'OMS et de la Banque mondiale voit «un clair avertissement» et «un signal d'alarme».

Bataille pour l'équité

Les diplomates sont tombés d'accord sur une grande partie des 37 articles du projet lors des 11 cycles de négociations précédents.

La principale section sur laquelle il va falloir trouver un consensus concerne l'accès aux agents pathogènes pour la communauté scientifique et la recherche médicale, puis aux produits de lutte contre la pandémie tels que les vaccins ou autres tests dérivés de ces recherches.

Pour l'heure c'est l'impasse entre les pays riches et pays pauvres, qui n'ont pas oublié qu'ils ont été abandonnés à leur sort pendant la pandémie de Covid-19.

Pour ne pas tout bloquer, l'idée est de reporter la discussion sur les détails du système d'accès aux agents pathogènes et de partage des avantages (PABS) à plus tard.

«Si le monde a échoué sur un point, c'est sur la question de l'équité» pendant la pandémie de Covid-19, a souligné le patron de l'OMS vendredi.

«L'Afrique a été laissée pour compte à l'époque et cela ne devrait pas se produire», souligné Tedros Adhanom Ghebreyesus, appelant par exemple à produire les moyens nécessaires localement.

«Dilué et supprimé»

Les ministres de la santé du G20 ont réitéré jeudi leur soutien à un accord «ambitieux, équilibré, efficace et adapté à l'objectif, y compris un accès équitable aux contre-mesures médicales pendant les pandémies».

Mais Sangeeta Shashikant, coordinatrice propriété intellectuelle et développement de l'ONG Third World Network, estime que de nombreuses propositions du PABS présentées par les pays en développement avaient été «diluées et supprimées».

«Dans l'ensemble, l'accord sur la pandémie donne le sentiment qu'il n'y a vraiment aucun résultat significatif» qui permettrait de renverser les inégalités liées au Covid-19, juge-t-elle.

«La négociation a en quelque sorte perdu de vue son objectif. L'objectif est désormais de conclure l'accord plutôt que d'atteindre le résultat que nous nous étions fixé», accuse-t-elle.

Helen Clark, ancienne Première ministre néo-zélandaise et partisane de la première heure d'un accord sur les pandémies juge que «le Sud considère que le Nord protège ses industries pharmaceutiques» et cela «a laissé un goût incroyablement amer entre le Nord et le Sud».

Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, estime pour sa part que les leçons du Covid-19 étaient en train d'être oubliées.

«Le monde reste coincé dans le cycle familier de panique et de négligence qui a caractérisé l'approche des pandémies par le passé», estime-t-il.