Changement climatique «Si vous avez un doute quelconque, allez au Pakistan»

sn, ats

9.1.2023 - 09:26

Le chef de l'ONU Antonio Guterres appelle la communauté internationale à s'aligner sur la «réponse héroïque» des Pakistanais pour aider ceux-ci après les inondations de l'été dernier. Lundi à Genève, il a appelé à investir «massivement» dans la solidité de ce pays.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et le Premier ministre pakistanais Shebaz Sharif ont relevé l'urgence de la situation au Pakistan.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et le Premier ministre pakistanais Shebaz Sharif ont relevé l'urgence de la situation au Pakistan.
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Keystone-SDA, sn, ats

Les coûts de la reconstruction à cour terme sont estimés à 16 milliards de dollars au moins. «Bien davantage sera requis à plus long terme», a affirmé le secrétaire général au début de la conférence internationale pour un Pakistan résilient face aux chocs climatiques. De son côté, le Premier ministre pakistanais Shebaz Sharif a parlé d'un «tournant» dans la situation de son pays, souhaitant un «plan international durable».

Ce pays a été dévasté en août dernier par des intempéries dévastatrices qui ont provoqué des inondations qui ont recouvert jusqu'à un tiers de son territoire. Près de 1800 personnes ont été tuées et 33 millions ont été affectées par ce désastre.

Environ 8 millions ont été déplacées, plus de 9 millions ont été poussées vers la pauvreté et plus de deux millions de maisons ont été détruites ou endommagées. Les opérations de secours se poursuivent, a aussi ajouté M. Sharif.

Déjà, la facture de ces intempéries est salée. Les pertes économiques et les dommages sont évalués à environ 30 milliards de de dollars. Dans son discours M. Guterres a répété que la catastrophe était liée au changement climatique.

«Injustice brutale»

Et de dénoncer «une injustice brutale», alors que le Pakistan n'est responsable que de moins d'1% des émissions de gaz à effet de serre. «Si vous avez un doute quelconque» sur les dommages et les pertes provoqués par le changement climatique dans les pays en développement, «allez au Pakistan», a insisté le secrétaire général qui appelle encore à réduire la détérioration climatique.

Quelques mois après les inondations au Pakistan, les Etats ont avalisé lors de la COP27 le principe d'un fonds d'indemnisation de ces Etats, après des décennies de discussion. Islamabad souhaite que ce dispositif puisse aider à atténuer de futures crises climatiques.

M. Guterres appelle à financer les routes, les maisons et les infrastructures. Mais il demande à nouveau également d'alléger la dette des pays en développement. «Le Pakistan est doublement victime», du climat comme d'un système financier mondial moralement en défaut, a ajouté le secrétaire général.

Dizaines de pays

Jusqu'à présent, seul un tiers des 816 millions de dollars qui avaient été demandés pour la réponse humanitaire ont été versés. «Seulement une goutte d'eau dans les inondations grandissantes des besoins», selon M. Guterres. Or, la population de la région est 15 fois plus menacée par les impacts climatiques que les autres territoires dans le monde. Parmi les premiers à s'exprimer, le président français Emmanuel Macron a lui annoncé une aide supplémentaire de 10 millions d'euros de son pays.

Avec l'aide de partenaires internationaux, le Pakistan a établi un plan de reconstruction. La moitié sera appliquée avec des ressources locales. Mais le pays «aura besoin d'un soutien considérable dans les prochaines années», a admis le ministre pakistanais des Affaires étrangères Bilawi Zardari-Bhutto. Outre l'aide aux infrastructures, un renforcement de la gouvernance et des questions sociales est prévu.

Des dizaines de pays participent à la conférence de Genève. Si elle n'est pas une réunion de donateurs en soi, elle devrait aboutir à plusieurs nouveaux engagements financiers. Cette rencontre constitue «une première étape» d'une longue route vers la reconstruction du Pakistan.