«Cibles faciles» L'ONU dénonce la montée des discours anti-migrants

ATS

22.3.2024 - 07:24

La montée des discours anti-migrants en cette année électorale pour près de la moitié de la population mondiale fissure nos sociétés, alerte Amy Pope, qui dirige l'agence de l'ONU pour les migrations. Selon elle, les migrants sont des cibles «faciles», car ils «ne votent pas».

Amy Pope, devenue l'an dernier la première femme à diriger l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déploré la multiplication des propos anti-migrants qui animent «les campagnes électorales à travers le monde».
Amy Pope, devenue l'an dernier la première femme à diriger l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déploré la multiplication des propos anti-migrants qui animent «les campagnes électorales à travers le monde».
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L'Américaine, devenue l'an dernier la première femme à diriger l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déploré la multiplication des propos anti-migrants qui animent «les campagnes électorales à travers le monde», lors d'un entretien à l'AFP cette semaine.

Certains politiques les accusent de tous les maux, «qu'il s'agisse des taux de criminalité ou de l'inflation, du chômage ou de l'insécurité», a-t-elle dénoncé.

Aux Etats-Unis, où l'immigration est un sujet brûlant de la campagne électorale, l'ancien président américain Donald Trump a mis en garde contre une «invasion» à la frontière sud et a suggéré que certains migrants qui entrent dans le pays ne sont «pas des personnes». De tels commentaires peuvent avoir de graves conséquences, a prévenu Mme Pope.

Déshumanisé

«Lorsqu'une population est déshumanisée, il y a une augmentation des cas signalés de violence et de discrimination», a-t-elle déclaré, ajoutant qu'«en fin de compte, cela est mauvais pour la société». Elle souligne également que les propos alarmistes correspondent rarement à ce qui se passe sur le terrain: «Les discours et la réalité n'ont rien à voir».

Certains pays où les attaques verbales contre les migrants prospèrent ont pourtant besoin d'eux pour faire tourner l'économie, a-t-elle déclaré, citant à titre d'exemple les «pénuries de main-d'oeuvre en Europe».

Au moins 8565 personnes sont mortes sur les routes migratoires dans le monde en 2023, ce qui en fait l'année la plus meurtrière depuis le début des relevés il y a dix ans, selon l'OIM.

Il ne s'agit que des cas pour lesquels des données sont connues. Le nombre réel «est certainement beaucoup, beaucoup, beaucoup plus élevé», a indiqué Mme Pope, ajoutant que la tendance à la hausse allait probablement se poursuivre alors que la multiplication des conflits et les effets du changement climatique accentuent les migrations.