Droits humains L'ONU veut des responsables après l'assassinat d'un chef rohingya

sn, ats

1.10.2021 - 10:57

Le chef rohingya a été assassiné par plusieurs personnes dans le camp de Cox's Bazar au Bangladesh (archives).
Le chef rohingya a été assassiné par plusieurs personnes dans le camp de Cox's Bazar au Bangladesh (archives).
ATS

L'émissaire de l'ONU sur la Birmanie, la Zurichoise Christine Schraner Burgener, est «très attristée» après l'assassinat mercredi d'un chef rohingya, Mohib Ullah, au camp de Cox's Bazar, au Bangladesh. Elle a demandé vendredi que des responsabilités soient établies.

Keystone-SDA, sn, ats

Mme Schraner Burgener avait parlé à Mohib Ullah il y a deux semaines. Elle a déploré sur les réseaux sociaux qu'il ne puisse rentrer chez lui, dans l'Etat birman de Rakhine, d'où près d'un million de Rohingyas ont fui ces dernières années en raison des violences que certains acteurs onusiens considèrent comme un possible génocide.

Il faut donner à cette minorité musulmane «une plateforme» pour qu'elle soit entendue par la communauté internationale, affirme l'émissaire qui doit quitter son mandat dans les prochaines semaines. A Genève, également vendredi, la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet s'est dite «choquée» par cet assassinat.

Elle a appelé à une investigation rapide sur ce décès. Elle a rendu hommage à un «défenseur des droits humains exceptionnel» qui n'a jamais arrêté son activisme malgré les menaces dont il a fait l'objet. Mohib Ullah était devenu il y a deux ans à Genève pour relayer devant le Conseil des droits de l'homme à quel point les Rohingyas avaient été privés de leurs droits pendant des décennies.

Extrémistes visés

«Nous devons faire bien davantage pour aider ces Rohingyas persécutés, aussi bien au Bangladesh qu'en Birmanie», a insisté la Haute commissaire. Dans le camp de Cox's Bazar, l'insécurité augmente en raison des tensions entre groupes et de la répression lors d'opérations anti-drogue, selon le Haut-Commissariat. La haine des Rohingyas s'étend aussi auprès des populations locales.

Jeudi, le frère de Mohib Ullah avait affirmé que la victime avait reçu des menaces d'un groupe extrémiste rohingya en raison de son activisme pacifique. Selon lui, plusieurs membres de l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA) sont responsables de ce décès. La police a elle affirmé qu'au moins quatre assaillants non identifiés ont abattu de trois balles au moins le dirigeant rohingya alors qu'il discutait avec plusieurs chefs communautaires devant son bureau.

Dans l'Etat de Rakhine, environ 600'000 Rohingyas restent dans des conditions difficiles, dont de nombreux sont confiés dans des camps de déplacés. Mme Bachelet appelle à nouveau la communauté internationale à convaincre la Birmanie de reconnaître cette minorité comme des citoyens. Des violations comme des exécutions illégales ou des arrestations et détentions arbitraires ont été observées, selon l'ONU.