Le candidat du parti d'opposition Madem, en Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a été élu président de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest. L'ancien Premier ministre s'est imposé face au candidat du parti majoritaire, Domingos Simoes Pereira.
M. Embalo, 47 ans, a comblé un retard de 12 points concédé à son adversaire lors du premier tour et remporté 53,55% des voix dimanche dernier, contre 46,45% pour M. Pereira, a annoncé mercredi la Commission électorale nationale (CNE). «Je déclare qu'Umaro Sissoco Embalo est le vainqueur de ce second tour», a dit le président de la CNE, José Pedro Sambu.
Des scènes de joie ont immédiatement éclaté à proximité de l'hôtel, placé sous très haute surveillance policière, où les résultats ont été proclamés. Une foule grossissante de supporters de M. Embalo a ensuite envahi le centre de la capitale Bissau, improvisant des concerts de casseroles, de klaxons et de bidons, chantant et dansant ou déployant des keffiehs rouge et blanc géants, signe distinctif de M. Embalo, ont constaté des journalistes de l'AFP.
La participation a été de 72,67%, pratiquement identique à celle du premier tour le 24 novembre, pour 761'676 électeurs inscrits, selon la CNE.
«L'élection s'est bien déroulée. Un candidat a gagné. Il aura beaucoup de responsabilités pendant ces moments difficiles que traverse la Guinée-Bissau», a déclaré à l'AFP une observatrice membre d'un réseau d'organisations de la société civile, Elisa Pinto.
«Faude électorale»
Domingos Simoes Pereira, a dénoncé une «fraude électorale». Candidat du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la formation qui a mené la lutte pour l'indépendance du Portugal en 1974 et dominé la vie politique depuis lors, il avait viré en tête lors du premier tour, avec 40,1% des voix, contre près de 28% pour M. Embalo. Mais ce dernier a pu compter sur le soutien des principaux candidats éliminés, dont le président sortant José Mario Vaz, arrivé seulement à la quatrième place au premier tour.
Sur ses affiches de campagne, lors de ses meetings et sur les bulletins de vote, le nouveau président portait un désormais célèbre keffieh rouge et blanc. Ses partisans continuent de le surnommer «le général», bien qu'il ait quitté l'armée de son propre chef dans les années 1990.
L'enjeu du scrutin était de mettre fin à un blocage politique persistant. La Guinée-Bissau est depuis son indépendance coutumière des coups d'Etat, le dernier en 2012, menés par une armée longtemps très impliquée dans la vie politique et mêlée au trafic de cocaïne venant d'Amérique latine.
Alors que le Madem siège dans l'opposition, M. Embalo va devoir en premier lieu composer avec une assemblée dominée par le PAIGC. Selon la Constitution, le Parlement a le droit de désigner le Premier ministre, que le président peut toutefois révoquer.
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