BrésilL'étau se resserre sur les émeutiers, identifiés grâce aux images
ATS
12.1.2023 - 20:57
Le gouvernement brésilien resserrait son étau jeudi autour des participants, organisateurs et financeurs des émeutes de dimanche à Brasilia, qui ont poussé Lula a «profondément réorganiser» sa sécurité au palais présidentiel.
Keystone-SDA
12.01.2023, 20:57
ATS
«Je suis convaincu que la porte du palais de Planalto a été ouverte pour que les gens puissent entrer, car aucune porte n'a été cassée», a déclaré le dirigeant de gauche lors de son premier petit-déjeuner avec des journalistes depuis son investiture le 1er janvier.
«Cela signifie que quelqu'un a facilité leur entrée ici», a insisté Luiz Inacio Lula da Silva. «Comment pourrais-je avoir quelqu'un à la porte de mon bureau qui pourrait me tirer dessus?» a-t-il demandé.
1100 incarcérations
Plus de 4000 partisans de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui refusent sa défaite électorale face à Lula fin octobre, ont semé le chaos dimanche dans la capitale, envahissant et saccageant le Palais présidentiel, la Cour suprême et le Congrès.
Quelque 2000 personnes ont été interpellées et plus de 1100 ont été incarcérées après avoir été interrogées, selon le dernier bilan des autorités.
Et l'étau continue de se resserrer, de nombreux émeutiers étant identifiés grâce aux caméras de surveillance, aux images de la presse ou aux selfies qu'ils ont publiés sur les réseaux sociaux.
Mais la priorité des autorités est désormais de sanctionner les réseaux qui ont oeuvré en coulisse pour financer et organiser l'insurrection.
Jeudi, le bureau de l'Avocat-général de l'Union (AGU), qui défend les intérêts de l'Etat fédéral, a demandé à la justice de Brasilia le gel de 6,5 millions de réais (environ 1,2 million de francs) de 52 personnes et sept entreprises accusées d'avoir financé le transport d'émeutiers dans une centaine d'autocars arrivés de tout le pays samedi soir.
Selon plusieurs médias brésiliens, un grand nombre de financeurs présumés seraient liés au secteur de l'agronégoce, soutien fidèle de Jair Bolsonaro.
Evaluation des dégâts en cours
L'évaluation des dégâts considérables subis par le patrimoine national, dont des oeuvres d'art, était toujours en cours. Rien que pour les deux chambres du Congrès, ils s'élèvent à plus d'un million d'euros, selon les premières estimations rendues publiques par le gouvernement.
Jeudi, Lula a multiplié les réunions avec ses ministres, dans un souci apparent de revenir à la normalité après le choc de cet attentat sans précédent contre la démocratie brésilienne depuis l'instauration de la dictature militaire (1964-1985).
Mercredi soir, il a participé à l'intronisation d'Anielle Franco, ministre de l'égalité raciale, et de Sonia Guajajara, nommée à la tête du ministère fraîchement créé des Peuples Indigènes. Une cérémonie hautement symbolique, dans un des grands salons du palais présidentiel de Planalto, qui avait été envahi par des hordes de bolsonaristes trois jours plus tôt.
Au même moment, les forces de sécurité dans la capitale avaient été mises en état d'alerte après des appels dans toutes les grandes villes du Brésil à des «méga-manifestations» pour «reprendre le pouvoir».
Mais les appels lancés sur les réseaux sociaux à la mobilisation «géante» on fait pschitt.
Dans la capitale meurtrie, où des dizaines de policiers, des camions antiémeutes et un hélicoptère avaient été déployés, aucun manifestant n'a répondu à l'appel. Le même constat a été fait à Rio de Janeiro ou à Sao Paulo par les journalistes de l'AFP.
«Le gouvernement Lula a agi rapidement pour contenir les groupes qui s'organisaient dimanche et beaucoup (de bolsonaristes) se sont démobilisés, de peur de se faire arrêter», a expliqué à l'AFP Guilherme Casaroes, professeur de Sciences Politiques à la Fondation Getulio Vargas (FGV).
Le mouvement insurrectionnel a trouvé peu d'écho auprès de la population: un sondage publié mardi soir par l'institut de référence Datafolha a montré que 93% des Brésiliens condamnaient l'assaut contre les lieux de pouvoir à Brasilia, même s'il a été approuvé par une personne sur cinq selon une autre enquête d'opinion (Atlas Intelligence).