Le point sur l'Ukraine L'étau se resserre sur Marioupol, le Donbass dans le viseur russe

ATS

12.4.2022 - 11:53

Les forces russes maintiennent mardi leur pression sur la ville portuaire stratégique de Marioupol, que les soldats ukrainiens tentent désespérément de défendre au milieu des destructions. Kiev s'attend à une offensive majeure dans l'est de l'Ukraine.

L'étau se resserre sur les dernières troupes ukrainiennes qui défendent Marioupol, assiégée depuis plus de 40 jours par l'armée russe.
L'étau se resserre sur les dernières troupes ukrainiennes qui défendent Marioupol, assiégée depuis plus de 40 jours par l'armée russe.
ATS

L'étau se resserre sur les dernières troupes ukrainiennes qui défendent Marioupol, assiégée depuis plus de 40 jours par l'armée russe, largement détruite et où la situation humanitaire est dramatique.

Selon le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak, sur Twitter, «les soldats ukrainiens sont encerclés et bloqués» dans la ville où «des dizaines de milliers» de personnes y ont péri et «90% des maisons» ont été détruites.

La conquête de Marioupol, dans le sud-est, permettrait aux Russes de consolider leurs gains territoriaux sur la bande côtière le long de la mer d'Azov en reliant les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Mais les forces ukrainiennes «continuent de défendre Marioupol», avait assuré lundi l'armée de terre ukrainienne sur Telegram, en assurant être toujours en contact avec les unités qui «tiennent héroïquement la ville».

«Les Russes ont temporairement occupé une partie de la ville. Les soldats ukrainiens continuent de défendre le centre et le sud de la ville, ainsi que les zones industrielles», a précisé le maire-adjoint de la ville Serguiï Orlov.

L'armée russe a, de son côté, affirmé avoir fait échouer lundi une tentative de percée d'une centaine de militaires ukrainiens avec des blindés qui se trouvent dans une usine du nord de la ville, et qui tentaient de la fuir selon elle. Leur sortie a été repoussée à coups «de frappes aériennes et de tirs d'artillerie», selon Moscou, qui dit avoir notamment détruit trois chars et tué une cinquantaine d'"ennemis», et que 42 se sont rendus.

Appel de Zelensky

Lundi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait de nouveau appelé ses alliés étrangers à lui envoyer davantage d'armes pour résister aux forces russes.

«Nous ne recevons pas autant que ce dont nous avons besoin pour mettre fin à cette guerre plus rapidement. Pour détruire complètement l'ennemi sur notre territoire... en particulier, pour débloquer» le siège de Marioupol, a-t-il déclaré.

M. Zelensky a par ailleurs indiqué prendre «très au sérieux» les menaces d'armes chimiques à Marioupol brandies par le camp russe.

Il faisait référence à une déclaration lundi d'Edouard Bassourine, porte-parole de la république autoproclamée prorusse de Donetsk (DNR) qui a évoqué la possible utilisation d'armes chimiques par les troupes russes pour chasser les combattants ukrainiens défendant l'usine Azovstal, le grand complexe industriel de la ville, sur la côte.

Le régiment ukrainien Azov a pour sa part affirmé qu'un drone russe y avait largué une «substance toxique» sur des soldats et civils. «Aucune arme chimique n'a été utilisée par les forces de DNR à Marioupol», a démenti M. Bassourine auprès de l'agence Interfax.

«Les informations sur l'attaque chimique ne sont pas actuellement confirmées», a tempéré Petro Andriouchtchenko, un conseiller du maire de Marioupol, sur Telegram. Lundi soir, Washington avait indiqué ne pas pouvoir non plus confirmer ces informations.

«Nous vérifions ces informations. Selon des informations préliminaires, il y a une suppositions que c'étaient probablement des munitions au phosphore. Mais des conclusions officielles viendront plus tard», a déclaré la vice-ministre ukrainienne de la Défense Ganna Maliar à la télévision.

Le Donbass dans le viseur

Dans l'est, frontalier de la Russie et où Moscou a fait de la conquête totale du Donbass son objectif prioritaire, Kiev a annoncé s'attendre, à brève échéance, à une importante offensive.

«Selon nos informations, l'ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l'est. L'attaque aura lieu très prochainement», a averti le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik.

À Washington, un haut responsable du Pentagone a confirmé que les forces russes se renforçaient autour du Donbass, et notamment près de la ville d'Izioum.

L'état-major de l'armée ukrainienne a indiqué sur Facebook s'attendre à ce que les Russes lancent prochainement des offensives sur des villes comme Popasna et Kourakhove pour «prendre le contrôle de l'ensemble de la région de Donetsk», l'une des deux provinces du Donbass, région que se disputent les Ukrainiens et séparatistes prorusses depuis 2014.

Des civils continuaient de fuir les régions de Lougansk et Donetsk, d'où six trains d'évacuation devaient partir mardi selon l'administration régionale de Lougansk.

En visite mardi à Vostochni, en Extrême-Orient russe, le président russe Vladimir Poutine a salué la lutte «courageuse, professionnelle, efficace» des officiers russes qui «participent à l'opération militaire spéciale au Donbass».

Viols et violences sexuelles

Des responsables de l'ONU ont réclamé lundi des enquêtes sur les violences faites aux femmes en Ukraine et de protéger des enfants déplacés par millions en raison du conflit, lors d'une réunion du Conseil de sécurité initiée par les Etats-Unis et l'Albanie.

«Nous entendons de plus en plus parler de viols et de violences sexuelles», a souligné Sima Bahous, directrice de l'agence onusienne ONU Femmes.

Plus de 4,5 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l'invasion ordonnée par Vladimir Poutine le 24 février, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

Sur le plan diplomatique, la première visite d'un responsable européen à Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine, celle du chancelier autrichien Karl Nehammer lundi, n'a guère fait bouger les lignes.

À Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont évoqué lundi un sixième paquet de sanctions contre Moscou, qui ne touchera toutefois pas les achats de pétrole et de gaz.

ATS