L'Union européenne a appelé à éviter les voyages non essentiels entre les pays du bloc pour faire face à la menace des nouveaux variants du coronavirus, à l'issue d'un sommet des Vingt-Sept par vidéoconférence jeudi. Elle juge la situation sanitaire «très grave».
La France a annoncé dans la foulée qu'elle imposerait à partir de dimanche aux voyageurs en provenance d'autres pays européens la présentation d'un test PCR réalisé 72h avant le départ. Une obligation qui ne concerne toutefois pas les voyages essentiels et les travailleurs frontaliers.
Faisant écho à l'agence européenne chargée des épidémies (ECDC), la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a estimé jeudi soir que «tous les voyages non essentiels» devaient «être fortement déconseillés». «Nous sommes de plus en plus inquiets au sujet des différents variants» du coronavirus, a reconnu Mme von der Leyen.
Nouvelle catégorie «rouge sombre»
Elle a proposé une nouvelle définition plus précise des zones à risques du point de vue sanitaire, avec une nouvelle catégorie «rouge sombre». Au sein de l'UE, les voyageurs en provenance de ces régions pourraient être soumis à l'obligation de subir un test avant leur départ et de se mettre en quarantaine à leur arrivée.
Concernant les pays hors UE, «nous proposerons des mesures de sécurité supplémentaires pour les voyages essentiels vers l'Europe, par exemple en exigeant un test avant le départ», a-t-elle ajouté.
Le contrôle des frontières est une prérogative nationale, mais les Européens tentent de se coordonner pour préserver le fonctionnement du marché intérieur, le transport de marchandises et le quotidien des travailleurs transfrontaliers. Ils veulent éviter le chaos qui avait suivi les fermetures de frontières en ordre dispersé lors de l'arrivée de l'épidémie au printemps dernier.
Face aux variants du coronavirus (britannique, sud-africain), plus contagieux, plusieurs pays ont déjà durci les restrictions ces derniers jours, comme l'Allemagne mardi. Les Pays-Bas ont annoncé jeudi soir un couvre-feu à partir de 21h00, le Portugal une fermeture de ses écoles.
«Effort énorme»
A la veille du sommet, les Européens étaient finalement parvenus à s'entendre sur une reconnaissance mutuelle des résultats des tests, à la fois PCR et antigéniques rapides, une avancée validée jeudi soir.
Pour détecter les mutations du coronavirus, la Commission européenne a exhorté les Etats de l'UE à accroître le séquençage, jugeant le niveau actuel insuffisant. Elle les a aussi appelés à accélérer la vaccination, en protégeant 70% de la population adulte avant la fin de l'été et 80% des membres du personnel de santé et des plus de 80 ans d'ici à mars.
Des objectifs soutenus par les 27, selon Ursula von der Leyen. «C'est un effort énorme mais c'est faisable», a-t-elle martelé.
Le président du Conseil européen Charles Michel a assuré que «tous les moyens possibles» seraient «examinés pour assurer un approvisionnement rapide» en vaccins, alors que les retards de livraisons de Pfizer-BioNTech -l'un des deux autorisés dans l'UE- ont contraint plusieurs pays à ralentir leur calendrier initial.
Outre Pfizer-BioNTech, le vaccin Moderna est également autorisé dans l'UE et l'avis de l'Agence européenne des médicaments (EMA) sur celui d'AstraZeneca, déjà utilisé au Royaume-Uni, doit intervenir avant la fin du mois.
Impatience
L'UE a au total signé six contrats pour des vaccins avec des laboratoires pharmaceutiques et est en discussion avec deux autres (Novavax et Valneva), pour plus de 2,5 milliards de doses potentielles.
Signe d'une impatience croissante, quatre pays -Autriche, Grèce, République tchèque et Danemark- avaient écrit une lettre à Charles Michel pour réclamer que le processus d'approbation des vaccins par l'EMA soit plus rapide.
Athènes a aussi plaidé pour la mise en place d'un certificat «standardisé» de vaccination au sein de l'UE, une proposition discutée au sommet.
La Grèce souhaite sauver son industrie touristique, mais l'idée de se servir de ce certificat pour permettre aux personnes vaccinées de voyager est jugée prématurée par plusieurs Etats membres, en raison de la faible proportion de la population vaccinée et des incertitudes concernant l'effet du vaccin sur la transmission du virus.
«Nous devrions être en mesure de nous mettre d'accord» sur des normes communes pour ces certificats, a déclaré Charles Michel. «Dans un second temps nous pourrons voir si et dans quelles circonstances ce certificat peut être utilisé».