«Hémorragie orchestrée»L'exil des Russes, un atout pour l'Europe et un coup dur pour Poutine?
AFP
11.6.2024 - 18:44
Un groupe de détracteurs du Kremlin en exil a exhorté mardi les pays de l'Union européenne (UE) à faire davantage pour accueillir les Russes fuyant le régime du président Vladimir Poutine, arguant qu'une pénurie de travailleurs qualifiés porterait un coup à l'économie du pays en temps de guerre.
AFP
11.06.2024, 18:44
11.06.2024, 18:48
ATS
Selon certaines estimations, jusqu'à un million de Russes ont fui leur pays depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022, mais certains sont rentrés, découragés par la rareté des emplois disponibles et les difficultés à obtenir des visas et des permis de séjour de longue durée, en Turquie, mais aussi dans l'UE.
«Un ingénieur de moins, c'est un missile de moins en direction de l'Ukraine», a estimé à Paris Dmitry Goudkov, ex-député d'opposition russe aujourd'hui en exil, et co-fondateur avec l'économiste Vladislav Inozemtsev, du cercle de réflexion à l'origine de l'étude, basée sur un sondage auprès de quelque 3200 Russes vivant en exil en France, en Allemagne, en Pologne et à Chypre.
«La stratégie visant à saper le régime de Poutine devrait inclure une 'hémorragie' orchestrée: stimuler l'exode de spécialistes qualifiés et d'argent de Russie sans rapport avec la guerre», affirme ce document présenté à la presse à l'Institut français des relations internationales (IFRI).
Près de 80% des personnes interrogées ont quitté la Russie après 2014, année de l'annexion de la Crimée par la Russie. Parmi elles, 44% ont fui après l'invasion de l'Ukraine.
Plus efficace que les sanctions
D'après l'étude, un programme de «migration économique» devrait leur être proposé, car la majorité des Russes ayant fui leur pays depuis le début de l'invasion de l'Ukraine ont un bon niveau d'études et soutiennent les valeurs occidentales.
«Nous avons même été surpris par le niveau de qualification de ceux qui sont partis», a commenté M. Inozemtsev.
Alors que Moscou a admis être confrontée à des pénuries de main-d'oeuvre qui menacent la croissance économique, l'accueil de ces Russes qualifiés et de leur patrimoine financier pourrait davantage fragiliser le régime du Kremlin que les multiples sanctions occidentales qui, jusqu'à présent, n'ont pas réussi à enrayer l'effort de guerre du Kremlin, a-t-il estimé.
Intégrer plusieurs centaines de milliers de Russes pourrait donner un «coup de pouce supplémentaire» aux économies européennes en panne de croissance, selon l'étude, estimant qu'à l'avenir, les exilés pourraient contribuer à promouvoir la «réconciliation entre l'Europe et la Russie».
Dans un contexte de droitisation de l'Europe et d'une acceptation moindre des émigrés, les exilés russes pourraient s'intégrer assez facilement dans leurs nouveaux pays, avance cette étude.