«Déclaration fausse et prématurée» L'Ukraine dément avoir repris le village d'Andriïvka

ATS

14.9.2023 - 17:08

L'Ukraine a démenti jeudi avoir capturé aux forces russes le village d'Andriïvka, au sud de la ville dévastée de Bakhmout sur le front Est, après avoir pourtant assuré en avoir repris le contrôle. La Cour pénale internationale (CPI) a elle ouvert un bureau à Kiev.

L'armée ukrainienne mène depuis début juin une lente contre-offensive destinée à repousser les forces russes dans l'est et le sud mais elle fait face à de puissantes lignes défensives faites de tranchées, de champs de mines et de pièges antichars.
L'armée ukrainienne mène depuis début juin une lente contre-offensive destinée à repousser les forces russes dans l'est et le sud mais elle fait face à de puissantes lignes défensives faites de tranchées, de champs de mines et de pièges antichars.
ATS

Keystone-SDA

Le village d'Andriïvka se trouve sur l'un des axes de la difficile contre-offensive des troupes de Kiev.

«Andriïvka est à nous», a tout d'abord indiqué sur Telegram la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, avant d'être très rapidement contredite par une unité d'assaut ukrainienne sur le terrain et de modifier sa publication.

«La déclaration concernant la prise d'Andriïvka est fausse et prématurée. Des combats sérieux et intenses se déroulent actuellement dans les zones de Klichtchiïvka et d'Andriïvka», a affirmé sur Telegram la troisième brigade d'assaut, engagée sur le terrain.

«Déclarations préjudiciables»

«De telles déclarations sont préjudiciables, mettent en danger la vie du personnel et nuisent à l'exécution des missions de combat», s'est-elle emportée. Peu après, Ganna Maliar a modifié son premier communiqué, indiquant dorénavant qu'à Andriïvka, «la situation est complexe et changeante».

Dans un autre message publié dans la foulée sur Telegram, elle a assuré qu'"il y a une rupture de communication entre plusieurs sources d'informations qui rapportent directement» depuis Andriïvka. «Des succès ont été enregistrés à Andriïvka et de violents combats sont actuellement en cours», a-t-elle finalement indiqué.

Au sujet de Bakhmout, juste au nord d'Andriïvka, «sur le flanc nord, l'ennemi tente de reprendre le terrain perdu. Sur le flanc sud, nous progressons», avait-elle dit dans son message initial.

Puissantes lignes défensives

La bataille pour Bakhmout, la plus longue et la plus meurtrière de la guerre, a lieu depuis plus d'un an. Moscou avait revendiqué en mai la capture de la ville, détruite par les combats et les bombardements.

L'armée ukrainienne mène depuis début juin une lente contre-offensive destinée à repousser les forces russes dans l'est et le sud mais elle fait face à de puissantes lignes défensives faites de tranchées, de champs de mines et de pièges antichars.

Cette opération n'a jusqu'à présent permis que la prise d'une poignée de villages, mais la poussée ukrainienne s'est intensifiée ces dernières semaines, notamment sur le front sud avec la capture du village de Robotyné, en direction de la ville de Tokmak, important point logistique pour les forces russes. Lundi, l'Ukraine avait déjà revendiqué des «succès» sur les fronts sud et est.

Dans la partie nord de l'Est ukrainien, près de Koupiansk, où les Russes sont à l'offensive, les forces de Moscou ont repoussé «une attaque d'un groupe d'assaut» ukrainien, a de son côté affirmé jeudi l'armée russe dans un communiqué.

La CPI ouvre un bureau à Kiev

La Cour pénale internationale (CPI) a ouvert dans ce contexte un bureau à Kiev, «le plus grand» en dehors de La Haye, a annoncé le procureur général ukrainien Andriï Kostine.

«Le bureau extérieur de la Cour pénale internationale a ouvert ses portes en Ukraine», a-t-il déclaré sur X (ex-Twitter), assurant que cela représentait «une étape décisive dans notre parcours vers le rétablissement de la justice».

L'Ukraine cherche à établir un tribunal spécial pour mettre en accusation les dirigeants russes après l'invasion du pays, lancée le 24 février 2022.

Kiev avait annoncé en mars l'ouverture prochaine d'un bureau de la CPI pour «enquêter plus complètement sur les crimes internationaux commis en Ukraine».

«Rien à cacher»

«Contrairement au régime russe criminel, l'Ukraine n'a rien à cacher», a assuré Andriï Kostine, promettant que son pays serait «transparent» et permettrait aux experts de la CPI d'accéder aux «scènes de crimes, aux preuves et aux témoignages».

«Nous faisons tout notre possible pour nous assurer que les experts de la CPI puissent voir de leurs propres yeux les conséquences des crimes de l'agresseur et en tirer des conclusions indépendantes», a-t-il dit.

«Avec l'entièreté du monde civilisé, nous sommes unis par un objectif – s'assurer que l'agresseur soit tenu responsable des crimes perpétrés», a ajouté le procureur.

Bureau d'enquête à La Haye

Parallèlement, un bureau international chargé d'enquêter sur le crime d'"agression» contre l'Ukraine a ouvert à La Haye (Pays-Bas) début juillet, ce qui constitue selon Kiev un premier pas «historique» vers la création d'un tribunal spécial.

Ce Centre international pour la poursuite du crime d'agression contre l'Ukraine (ICPA) regroupe des procureurs de Kiev, de l'Union européenne, des Etats-Unis et de la Cour pénale internationale.

La CPI, qui siège à La Haye, a par ailleurs émis en mars un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine pour la déportation présumée d'enfants ukrainiens.