Contre-offensiveL'Ukraine frappe un pont entre la Crimée annexée et le sud du pays
ATS
22.6.2023 - 20:55
L'Ukraine a frappé jeudi un important pont reliant la Crimée annexée à une région du sud partiellement occupée par la Russie. Cela au moment où Moscou affirme que la contre-offensive menée par Kiev marque le pas.
22.06.2023, 20:55
ATS
La Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014, sert de base arrière aux forces russes, notamment pour l'envoi de renforts et la maintenance d'équipements. Les quelques ponts reliant la péninsule au sud occupé de l'Ukraine sont essentiels à la conduite de ces opérations.
Entre la Crimée et Melitopol
«Dans la nuit, une frappe a touché le pont de Tchongar», constitué de deux routes parallèles reliant la Crimée à la région de Kherson dans le sud de l'Ukraine, a annoncé le gouverneur russe de la péninsule annexée, Sergueï Aksionov.
Il a ajouté que la frappe n'avait pas fait de victimes. Ce pont se trouve sur la route la plus directe entre la Crimée et Melitopol, l'une des plus grandes villes prises par les Russes dans le sud de l'Ukraine dans le cadre de leur offensive.
Le responsable de l'administration pour la partie occupée de la région de Kherson, Vladimir Saldo, a déclaré que les forces ukrainiennes avaient vraisemblablement utilisé des missiles britanniques de longue portée Storm Shadow, une affirmation invérifiable de source indépendante.
M. Saldo a publié une vidéo montrant les deux tronçons du pont endommagés par la frappe, l'un d'eux visiblement plus gravement atteint avec un trou béant dans la chaussée s'ouvrant sur l'eau en contrebas. Les forces ukrainiennes «cherchent à intimider les habitants de Kherson, à semer la panique au sein de la population», a-t-il accusé.
«Impact psychologique»
La Crimée est régulièrement visée par des attaques ukrainiennes, notamment de drones. En octobre 2022, une puissante explosion avait gravement endommagé le seul pont reliant directement la Crimée annexée à la Russie.
Un membre de l'administration ukrainienne de Kherson, Iouriï Sobolevskiï, a estimé que les dégâts infligés au pont de Tchongar étaient d'une «grande importance», car «c'est un coup porté à la logistique militaire» russe qui aura aussi un «impact psychologique».
«Problèmes colossaux» selon Prigojine
Pour autant, la Russie ne cesse d'affirmer que la contre-offensive ukrainienne est un échec. Jeudi, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a affirmé que les forces ukrainiennes avaient «réduit leurs activités» pour se «regrouper» après avoir subi de «lourdes pertes».
Mais le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a accusé jeudi l'état-major russe de «mentir» à Vladimir Poutine sur l'état de la situation sur le front. «Il y a des problèmes colossaux», a-t-il affirmé.
Prudent, M. Poutine a lui estimé jeudi que «le potentiel offensif de l'adversaire n'est pas épuisé», évoquant des «réserves stratégiques» encore inutilisées par Kiev. Il a demandé à l'armée russe de «prendre cette réalité en compte».
Kiev testerait les défenses russes
L'Ukraine dit de son côté progresser lentement mais sûrement, affirmant avoir repris huit localités depuis début juin. Le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, a prévenu ainsi jeudi que la contre-offensive «prendra du temps», car Kiev cherche à mener des actions «intelligentes». Il s'est néanmoins dit «optimiste».
Les analystes estiment que Kiev est toujours en train de tester les défenses russes avant de lancer le gros de ses forces dans la bataille.
A Storojevé, un village récemment repris par les forces de Kiev dans l'est, les dégâts sont visibles partout: quasiment plus aucune trace de présence de civils, des maisons aux toits détruits, des murs criblés de balles.
Le corps d'un soldat russe gît sur le dos, tandis que des militaires ukrainiens exhibent fièrement leurs prises, comme des gilets pare-balles ou un casque, au son des échanges d'artillerie entre les deux camps.
«Nous sommes chez nous», lance Valentin, qui a pris part aux combats pour reprendre Storojevé. Il espère que la contre-offensive permettra de repousser les Russes et dit avec malice vouloir manger un jour «une glace sur la Place Rouge», à Moscou, qu'il aura achetée avec de la monnaie ukrainienne.
Renforcer l'aide à Kiev
En pleine contre-offensive, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé jeudi les dirigeants des pays de l'Otan, qui se réuniront mi-juillet en Lituanie, à se concentrer sur le renforcement de l'aide militaire à l'Ukraine, la «priorité absolue».
Par ailleurs, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé jeudi la Russie de préparer une attaque «terroriste» pour provoquer une fuite radioactive à la centrale nucléaire de Zaporijjia qu'elle occupe. Le Kremlin a dénoncé un «mensonge».
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi doit justement s'entretenir vendredi à Kaliningrad avec le chef de l'agence atomique russe, Alexeï Likhatchev, pour discuter de la sécurité de la centrale de Zaporijjia où il s'est rendu la semaine dernière.