Energodar L'Ukraine frappe une base russe près de la centrale de Zaporijjia

ATS

2.9.2022 - 22:38

L'Ukraine a indiqué vendredi avoir frappé une base russe à Energodar, non loin de la centrale nucléaire de Zaporijjia d'où elle accuse la Russie d'avoir retiré ses armements avant son inspection par une équipe de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

"Nous ne sommes jamais manipulés, nous ne perdons jamais le nord, nous savons ce que nous devons faire", a déclaré le directeur de l'AIEA Rafael Grossi vendredi à Vienne, après son déplacement à la centrale ukrainienne de Zaporijia.
"Nous ne sommes jamais manipulés, nous ne perdons jamais le nord, nous savons ce que nous devons faire", a déclaré le directeur de l'AIEA Rafael Grossi vendredi à Vienne, après son déplacement à la centrale ukrainienne de Zaporijia.
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Dans le même temps, alors que les pays du G7 visaient la manne énergétique de la Russie en convenant de plafonner le prix de son pétrole, Moscou a fait trembler les Européens en annonçant que le gazoduc Nord Stream serait totalement arrêté jusqu'à la réparation d'une turbine, un motif jugé fallacieux par l'Allemagne, hautement dépendante du gaz russe.

«Dans les localités de Kherson et d'Energodar, des frappes précises de nos troupes ont détruit trois systèmes d'artillerie de l'ennemi, ainsi qu'un dépôt de munitions» tuant nombre de militaires russes, a affirmé l'armée ukrainienne dans son point d'information quotidien.

L'armée ukrainienne a par ailleurs affirmé que les forces russes avaient évacué «tout leur équipement militaire depuis le site de la centrale» avant l'arrivée jeudi de la mission de l'AIEA, dont plusieurs membres sont restées à la centrale et s'y trouvent toujours.

La centrale de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, est tombée aux mains des troupes russes en mars, peu après le lancement par Moscou de son invasion de l'Ukraine, et son site a été visé par plusieurs bombardements faisant craindre une catastrophe nucléaire.

Kiev et Moscou se rejettent la responsabilité de ces frappes.

Jeudi matin, avant l'arrivée de la mission de l'AIEA, les autorités ukrainiennes avaient accusé les Russes d'avoir eux-mêmes bombardé Energodar, une ville qu'ils contrôlent, avec l'intention d'en rejeter la responsabilité sur Kiev.

Dans un message vidéo jeudi soir, après de premières déclarations du directeur général de l'AIEA, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait marqué son mécontentement, estimant que l'organisation aurait dû exiger le retrait des militaires russes de la centrale.

«Présence continue»

«La principale chose qui devrait se produire est la démilitarisation du territoire de la centrale (...). Et il est regrettable que nous n'ayons pas encore entendu les messages appropriés de l'AIEA», avait-il dit, affirmant que c'était «la clé» de ce qui avait été convenu avec le patron de l'agence Rafael Grossi.

«Il n'est pas possible de laisser les troupes d'un Etat terroriste à la centrale nucléaire», a-t-il insisté vendredi dans un nouveau message vidéo. Il a en outre accusé la partie russe d'avoir refoulé des journalistes qui accompagnaient la mission, comprenant «qu'il serait impossible de mentir à l'AEIA et au monde entier en présence de médias libres».

Le directeur de l'AIEA, de retour à Vienne vendredi soir, a écarté ces critiques.

«Nous ne sommes jamais manipulés, nous ne perdons jamais le nord, nous savons ce que nous devons faire», a-t-il déclaré devant la presse, interrogé sur les critiques du président ukrainien.

Après avoir été accusée par Kiev de tenter d'entraver la mission de l'AIEA, la Russie a de son côté jugé vendredi «très positif» que celle-ci ait pu se rendre à la centrale.

Jeudi, après son inspection de ces installations, Rafael Grossi avait constaté que «l'intégrité physique» de la centrale avait été «violée à plusieurs reprises», soulignant que c'était «quelque chose qui ne peut pas continuer à se produire». Il n'avait cependant pas nommé la partie responsable, alors que Russes et Ukrainiens s'accusent mutuellement depuis des semaines de bombardements sur le site.

L'Agence internationale de l'énergie atomique compte désormais «établir une présence continue» dans la centrale, avait répété M. Grossi. Il a précisé vendredi soir que celle-ci serait constituée de deux experts.

Il a relevé que compte tenu de la «cohabitation» d'employés ukrainiens, de représentants du secteur nucléaire russe et de «forces militaires», la centrale continuait de fonctionner grâce à un «modus vivendi professionnel».

Sur un autre dossier, celui du gaz, le géant russe Gazprom a annoncé vendredi que le gazoduc Nord Stream, vital pour les livraisons en Europe, serait «complètement» à l'arrêt jusqu'à la réparation d'une turbine, alors qu'il devait initialement reprendre du service samedi après une opération de maintenance.

Peur sur le gaz

Dans un communiqué, Gazprom a indiqué avoir découvert des «fuites d'huile» dans la turbine lors de cette opération de maintenance. «Jusqu'à la réparation (...) le transport du gaz via Nord Stream est complètement suspendu», a indiqué le groupe.

La Russie devait reprendre samedi ses livraisons de gaz via le pipeline Nord Stream, après une nouvelle interruption de trois jours qui a mis à rude épreuve les nerfs des Européens, engagés dans une course contre la montre pour éviter une crise énergétique cet hiver.

Vendredi, Gazprom a assuré avoir découvert ces problèmes techniques lors d'un contrôle technique effectué avec des représentants du groupe allemand Siemens, qui a fabriqué la turbine. Des fuites d'huiles ne justifient pas un arrêt du gazoduc par Gazprom, a aussitôt répliqué Siemens

Plus tôt dans la journée, le Kremlin avait déclaré que le fonctionnement du gazoduc Nord Stream était «menacé» par une pénurie de pièces de rechange en raison des sanctions visant Moscou pour son offensive en Ukraine.

Depuis le début de l'intervention militaire du Kremlin en Ukraine, fin février, Moscou a fortement réduit ses livraisons de gaz aux Européens, en réaction à des sanctions occidentales massives.

Les Européens, très dépendants du gaz russe, accusent le Kremlin de s'en servir comme d'un moyen de pression. Moscou s'en défend, évoquant des problèmes techniques suscités par les sanctions ou des retards de paiement.

La Russie affirme notamment que les sanctions empêchent la restitution d'une turbine Siemens qui avait été envoyée au Canada pour être réparée. L'Allemagne, où se trouve la turbine, assure au contraire que c'est Moscou qui bloque le retour de cet élément-clé.

Bras de fer sur le brut

Le G7, qui regroupe certains des pays les plus industrialisés de la planète, a enfin annoncé vendredi qu'il allait «urgemment» plafonner le prix du pétrole russe importé pour compliquer le financement par Moscou de son intervention militaire en Ukraine.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait peu auparavant mis en garde contre la «déstabilisation significative des marchés» du brut qu'une telle décision provoquera «avec certitude».

Le gouvernement russe avait en outre prévenu la veille que plus aucun pétrole ne serait vendu aux pays qui appliqueraient cette mesure.

«Le plafond des prix sera fixé à un niveau basé sur une série de données techniques», ont expliqué vendredi les Etats membres du G7, encourageant une «large coalition» de nations à participer à cette initiative.

Concrètement, la Russie leur exporterait son pétrole à un prix inférieur à celui auquel elle le cède aujourd'hui, mais qui resterait supérieur à son coût de production afin qu'elle ait un intérêt économique à continuer à leur en fournir et qu'ainsi qu'elle ne coupe pas ses livraisons.

Depuis le début de l'offensive contre l'Ukraine, le 24 février, les Occidentaux ont imposé plusieurs séries d'importantes sanctions aux Russes.

L'Union européenne a même opté en juin pour un embargo progressif sur les achats de pétrole russe, prévoyant en particulier l'arrêt des importations de brut par bateau dans les six mois.

ATS