Brexit La campagne électorale lancée au Royaume-Uni

ATS

6.11.2019 - 14:49

La campagne pour les élections anticipées du 12 décembre, provoquées par le Brexit et censées mettre un point final à la saga, a officiellement démarré mercredi au Royaume-Uni avec la dissolution du Parlement. La plus grande incertitude règne sur son résultat.

Le Premier ministre Boris Johnson s'est rendu dans la matinée au palais de Buckingham pour rencontrer la reine et acter la dissolution du Parlement, dont les divisions ont jusqu'ici empêché la mise en oeuvre de la sortie de l'UE, votée par 52% des Britanniques il y a plus de trois ans mais déjà repoussée trois fois.

Les sondages placent régulièrement le parti conservateur en tête, avec une dizaine de points d'avance. Mais le politologue John Curtice, grand-prêtre des sondages au Royaume-Uni, ne cesse de conseiller la prudence dans les pronostics pour ce scrutin, le troisième en quatre ans.

Le poids des petits partis

Boris Johnson, qui a joué un rôle décisif pour faire voter le Brexit en 2016, compte mener campagne en se présentant comme le seul à même de le mettre en oeuvre à la date prévue du 31 janvier 2020.

Face à lui, le leader travailliste Jeremy Corbyn fait valoir qu'il est le seul à pouvoir obtenir de Bruxelles un accord respectant les droits des travailleurs, qu'il soumettrait ensuite à un référendum prévoyant aussi l'option de rester dans l'Union européenne. Une telle renégociation est toutefois jugée «pas réaliste» par le président sortant de la Commission Jean-Claude Juncker.

Sur leurs flancs, les petits partis peuvent faire dérailler leurs rêves de conquérir une majorité. Le parti du Brexit de Nigel Farage menace de prendre des voix à M. Johnson en prônant une coupure plus nette avec l'UE que celle prévue dans l'accord qu'il a négocié avec les Européens.

A l'autre bout du spectre, les Libéraux-démocrates, emmenés par Jo Swinson, veulent annuler le Brexit. Ils peuvent ravir les voix de conservateurs europhiles modérés et de travaillistes déçus des atermoiements de leur leader sur la question.

Questions sociales éclipsées

Boris Johnson devait lancer en fanfare mercredi soir sa campagne lors d'un meeting dans le coeur du pays, les West Midlands, et reprendre ses thèmes favoris: le Brexit, mais aussi l'éducation, le logement, la santé et la sécurité. Autant de questions sociales qui ont été négligées ces dernières années à cause de ce sujet qui a phagocyté toute la politique britannique.

Le Premier ministre a en fait déjà lancé sa campagne dès son arrivée au pouvoir en juillet, visitant écoles, hôpitaux, centre de formation de la police.

Mais rien n'est jamais complètement écrit dans une campagne électorale et le premier jour a déjà été assombri par quelques couacs: un proche allié de Boris Johnson, Jacob Rees-Mogg, a dû s'excuser pour avoir dit que «le bon sens» dictait de sortir d'un immeuble en feu, à propos de la mort de 72 habitants dans l'incendie de la tour de Grenfell à Londres en 2017, durant lequel les pompiers avaient donné pour consigne de ne pas bouger.

Lutte des classes

La remarque de Jacob Rees-Mogg est d'autant plus ravageuse qu'elle le fait apparaître comme coupé des dures réalités de la vie de la population, soit le contraire du message que tente de faire passer Boris Johnson, lui aussi issu d'une classe sociale ultra-privilégiée.

Et le Premier ministre lui-même a fait grincer des dents pour un éditorial dans son quotidien préféré, le Daily Telegraph, dans lequel il compare Jeremy Corbyn au dictateur soviétique Joseph Staline en raison de sa «haine» présumée des riches.

«Les absurdités que peuvent sortir les ultra-riches pour éviter de payer un peu plus d'impôts», a réagi Jeremy Corbyn sur Twitter, rangeant ainsi le Premier ministre de leur côté et engageant la campagne sur le terrain de la lutte des classes.

Dans un discours à Telford (centre), il a refusé «les attaques personnelles» et s'est posé en «champion» de «ceux qui n'ont pas beaucoup d'argent ni des amis haut placés».

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