Droits humains La CEDH tape sur les doigts de la France

ATS

25.6.2020 - 12:17

La Cour a condamné la France a versé 24'000 francs au père des enfants pour dommage moral (archives).
La Cour a condamné la France a versé 24'000 francs au père des enfants pour dommage moral (archives).
Source: KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a condamné jeudi la France pour la rétention administrative puis le «renvoi expéditif» vers les Comores de deux enfants de 3 et 5 ans. Ces derniers étaient entrés illégalement à Mayotte.

Ces deux enfants ont été «placés en rétention administrative en compagnie d'adultes (qui n'étaient pas de leur famille, ndlr) et renvoyés expéditivement vers les Comores», ce qui «n'a pu qu'engendrer une situation de stress et d'angoisse et avoir des conséquences particulièrement traumatisantes pour leur psychisme», a estimé la cour qui siège à Strasbourg. Le bras judiciaire du Conseil de l'Europe a été saisi par le père des deux enfants qui réside à Mayotte depuis 1994 de manière régulière avec une carte de séjour temporaire renouvelée.

Nés en 2008 et 2010, les deux enfants, également requérants, ont vu le jour à Mayotte. Leur mère comorienne, en situation irrégulière, a été renvoyée aux Comores en 2011 avec eux, mais elle est ensuite revenue à Mayotte après avoir confié ses enfants à leur grand-mère.

En novembre 2013, les deux enfants ont refait le trajet vers Mayotte «à bord d'une embarcation de fortune», dont les 17 passagers ont été interpellés en mer par les autorités françaises, toujours selon la cour. Ils ont été rattachés administrativement à l'un de ces passagers et renvoyés le jour même aux Comores, sans que leur père n'ait pu prendre contact avec eux.

Dommage moral

«L'ensemble des circonstances particulières conduit la Cour à juger que l'éloignement des deux enfants, d'un très jeune âge, qu'aucun adulte ne connaissait ni n'assistait, a été décidé et mis en oeuvre sans leur accorder la garantie d'un examen raisonnable et objectif de leur situation», a résumé la CEDH. La France devra verser 22'500 euros (24'000 francs environ) au père et aux deux enfants pour dommage moral.

«La condamnation de la France est particulièrement sévère et illustre l'arbitraire des éloignements d'étrangers en outre-mer», a commenté sur Twitter le spécialiste du droit européen Nicolas Hervieu, soulignant toutefois qu'«il aura fallu sept ans et de multiples efforts» pour en arriver à ce constat de la CEDH.

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