Politique zéro Covid La Chine censure les critiques de l'OMS

ATS

11.5.2022 - 13:44

La Chine a censuré mercredi les propos du patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les a qualifiés d'irresponsables, après qu'il a publiquement critiqué la politique zéro Covid prônée par les dirigeants communistes.

Le zéro Covid étant fermement défendu par les plus hauts dirigeants communistes, notamment le président Xi Jinping, les censeurs sont vite intervenus pour contrer la diffusion de ces propos.
Le zéro Covid étant fermement défendu par les plus hauts dirigeants communistes, notamment le président Xi Jinping, les censeurs sont vite intervenus pour contrer la diffusion de ces propos.
GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives

Si les restrictions liées au Covid-19 sont levées un peu partout dans le monde, le pays asiatique, aux prises avec une flambée épidémique, continue d'imposer confinements et quarantaines dès l'apparition de quelques cas.

Couplée à la quasi-fermeture des frontières et à une connectivité aérienne internationale réduite, cette politique suscite une exaspération croissante en Chine.

Notamment à Shanghai (Est), dont les 25 millions d'habitants, confinés depuis début avril, se plaignent de problèmes d'approvisionnement et craignent d'être envoyés dans des centres de quarantaine au confort aléatoire.

Dans ce contexte, le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a estimé mardi, dans des propos inhabituellement critiques envers la Chine, que la politique zéro Covid n'était «pas soutenable». «Passer à une stratégie différente est très important», a-t-il souligné.

Le mot-dièse #OMS censuré

Le zéro Covid étant fermement défendu par les plus hauts dirigeants communistes, notamment le président Xi Jinping, les censeurs sont vite intervenus pour contrer la diffusion de ces propos.

Sur le site de microblog Weibo, les mots-dièse #Tedros et #OMS ne donnent mercredi plus aucun résultat. Quant aux utilisateurs de l'ultrapopulaire réseau social WeChat, ils ne peuvent pas republier ou transférer un article du compte officiel de l'ONU, publié sur la plateforme et qui mentionne les critiques du patron de l'OMS.

Discuter en ligne du sujet avec un de ses contacts ou envoyer sur son mur WeChat des captures d'écran d'articles ou de tweets mentionnant ces propos reste toutefois possible. «Je demande humblement: notre gouvernement va-t-il écouter les recommandations du directeur général de l'OMS?», écrit un utilisateur de Weibo.

Presse muette

De son côté, la presse reste muette. Les autorités chinoises affirment que leur stratégie place la vie humaine avant les considérations matérielles et a permis d'éviter les crises sanitaires ayant frappé les autres pays.

Interrogé sur les propos du patron de l'OMS, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a estimé mercredi devant la presse que les mesures de la Chine étaient «scientifiques et efficaces».

«Nous espérons que la personnalité en question ait un regard objectif et rationnel sur la politique chinoise de prévention et de contrôle de l'épidémie, ait une meilleure connaissance de la réalité et s'abstienne de tenir des propos irresponsables.»

L'ex-rédacteur en chef du tabloïd nationaliste Global Times, Hu Xijin, très influent sur internet, a jugé les critiques de l'OMS inopportunes. «S'ils disent que la méthode chinoise n'est pas soutenable, ils devraient en avancer une qui soit plus efficace et soutenable. Mais ils n'en donnent aucune!», écrit-il à ses 24 millions d'abonnés sur Weibo. «L'OMS n'assumera aucune responsabilité si la Chine assouplit (sa politique sanitaire) et si beaucoup de gens meurent.»

L'abandon du zéro Covid pourrait entraîner 1,6 million de morts dans le pays, selon une étude de chercheurs de l'université Fudan à Shanghai, publiée mardi dans la revue Nature.

ATS