Etats-Unis – Chine La Chine investit le consulat des Etats-Unis

ATS

27.7.2020 - 06:05

Dimanche, le drapeau américain flottait encore sur le consulat de Chengdu. Selon des images de la télévision chinoise, il a été abaissé lundi matin (archives).
Dimanche, le drapeau américain flottait encore sur le consulat de Chengdu. Selon des images de la télévision chinoise, il a été abaissé lundi matin (archives).
Source: KEYSTONE/AP/Ng Han Guan

Des fonctionnaires chinois ont pénétré lundi dans l'enceinte du consulat des Etats-Unis à Chengdu peu après le départ des derniers employés de Washington. Cela met fin à un épisode de sanctions mutuelles digne de la Guerre froide.

Très symboliquement, la bannière étoilée des Etats-Unis avait été descendue peu auparavant à l'intérieur du complexe diplomatique, selon des images de la télévision chinoise.

Contrairement aux jours précédents, les journalistes étrangers n'ont pas été autorisés par les forces de l'ordre à approcher de la représentation diplomatique.

Dans un bref communiqué, le ministère chinois des Affaires étrangères a confirmé la fermeture du consulat et indiqué que la Chine avait «pris possession» du bâtiment à 10h00 locales (04h00 en Suisse).

Un peu plus tôt, des employés ont quitté à pied l'enceinte diplomatique. Certains portaient un sac sur le dos tandis que d'autres poussaient leur vélo à la main. La veille déjà, un autocar aux vitres teintées avait quitté l'enceinte diplomatique, sous les huées d'une partie du public.

Accusations d'espionnage

Inauguré en 1985, le consulat américain de Chengdu est devenu vendredi le dernier sujet d'une longue liste de contentieux entre Pékin et Washington, lorsque la Chine a ordonné la fermeture de la mission.

Cette décision a été la réponse du régime communiste à la fermeture forcée de son consulat de Houston aux Etats-Unis par l'administration Trump, sur fond d'accusations d'espionnage dignes de la Guerre froide.

Pékin avait protesté après l'entrée par la force vendredi d'agents américains après le départ des fonctionnaires chinois. Ce bâtiment est «une propriété nationale de la Chine», avait souligné le ministère chinois des Affaires étrangères, se référant au droit international.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a assuré jeudi que le consulat de Chine à Houston, quatrième ville des Etats-Unis, était une «plaque tournante de l'espionnage et du vol de propriété intellectuelle».

«Certains employés du consulat des Etats-Unis à Chengdu se sont livrés à des activités sortant de leurs attributions, ils se sont ingérés dans les affaires intérieures de la Chine et ont mis en danger la sécurité et les intérêts chinois», a accusé de son côté la diplomatie chinoise.

Photos, drapeaux et noms d'oiseaux

Ces représailles mutuelles interviennent dans un contexte de dégradation des relations sino-américaines, les pommes de discorde s'étant multipliées ces derniers mois: répression à Hong Kong avec l'entrée en vigueur d'une loi controversée sur la sécurité, pandémie de Covid-19 et tensions en mer de Chine méridionale notamment.

A la veille de sa fermeture, le consulat de Chengdu était dimanche une attraction pour les habitants de la métropole du sud-ouest de la Chine. Sous un ciel bleu et une chaleur étouffante, un flot ininterrompu de curieux est venu se faire photographier devant le bâtiment. Certains agitaient un drapeau chinois, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Une certaine tension était palpable au sein des forces de sécurité, qui ne toléraient aucun geste provocateur ou signe de joie trop manifeste face au départ des Américains. Un jeune homme qui hurlait «Je suis Chinois! Allez la Chine!» a ainsi été évacué des lieux par deux policiers.

Des journalistes de l'AFP ont par ailleurs vu une banderole confisquée par la sécurité. Mais un riverain a toutefois pu déployer sur son balcon un imposant drapeau chinois et crier le nom de son pays. Certains reporters étrangers ont de leur côté essuyé des noms d'oiseaux.

Outre leur ambassade à Pékin, les Etats-Unis comptent désormais quatre consulats en Chine continentale (Canton, Shanghai, Shenyang, Wuhan) ainsi qu'un à Hong Kong, territoire autonome secoué l'an dernier par des manifestations monstres contre le pouvoir central. Pékin avait alors vu la main de Washington derrière ces troubles.

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