Israël La coalition anti-Netanyahou fixée sur son sort avant le 14 juin

ATS

7.6.2021 - 16:52

Keystone-SDA

Le Parlement israélien a ouvert la voie à de possibles rebondissements en se donnant lundi jusqu'à sept jours pour organiser un décisif vote de confiance au nouveau gouvernement. Cela pourrait évincer du pouvoir Benjamin Netanyahou après 12 ans à la tête du pays.

Le parlement israélien se donne sept jours pour organiser un vote de confiance pour formaliser le nouveau gouvernement anti-Netanyahou.
Le parlement israélien se donne sept jours pour organiser un vote de confiance pour formaliser le nouveau gouvernement anti-Netanyahou.
ATS

Ce vote est la dernière étape avant l'installation au pouvoir de la coalition hétéroclite formée in extremis le 2 juin par le chef de l'opposition Yaïr Lapid avec deux partis de gauche, deux du centre, trois de droite dont Yamina (radicale nationaliste) et la formation arabe israélienne Raam (islamiste).

Dans l'intervalle de sept jours, long en politique israélienne, tout est encore possible, M. Netanyahou, chef du parti de droite Likoud, étant déterminé à se battre jusqu'au bout.

D'ailleurs, les membres du nouveau gouvernement espéraient en finir avec ce vote dès ce mercredi. Mais le président de la Knesset, le Parlement israélien, Yariv Levin, un proche de M. Netanyahou, a annoncé sous les huées des parlementaires qu'il utiliserait les sept jours requis par la loi, soit «jusqu'au lundi 14 juin» pour organiser cette consultation formelle, sans donner de date précise.

Dimanche, le futur Premier ministre, le chef de Yamina Naftali Bennett, a appelé M. Levin à ne pas jouer la montre. «Nous savons que Netanyahou met la pression pour retarder ce vote afin de tenter de trouver des déserteurs mais vous devez agir pour le bien de l'Etat pas pour celui de M. Netanyahou», a plaidé M. Bennett dans une allocution solennelle, appelant le Premier ministre sortant, son ex-mentor, à cesser de pratiquer la politique de «la terre brûlée».

«Gouvernement de qualité»

La nouvelle coalition, censée mettre un terme à plus de deux ans de crise politique marquée par quatre élections législatives, a été formée pour évincer M. Netanyahou. Ce dernier est le Premier ministre le plus pérenne de l'histoire du pays avec 15 ans au total au pouvoir (1996-1999 et de 2009 jusqu'à présent).

«Il n'y a jamais de 100% en politique israélienne, mais ce gouvernement a les plus grandes chances de voir le jour», a déclaré le centriste Yaïr Lapid, juste avant l'annonce du chef du Parlement. «Ce gouvernement sera formé. Et ce sera un gouvernement de qualité et durable, parce qu'il se fonde sur des éléments positifs: la confiance, la décence et la bonne volonté», a-t-il ajouté.

En vertu d'un accord de rotation, M. Bennett dirigera en premier le gouvernement jusqu'en 2023 avant de céder la place à Yaïr Lapid jusqu'en 2025.

Plusieurs affaires de corruption

Inculpé pour corruption dans plusieurs affaires, Benjamin Netanyahou, 71 ans, de son côté, a multiplié les mises en garde et les formules de dénigrement contre la nouvelle équipe, jusqu'à en inquiéter les services de sécurité locaux. Lundi, il a de nouveau qualifié sur Twitter de «gouvernement de gauche dangereux» la nouvelle équipe.

Aux cris de «traîtres», ses partisans ont multiplié les menaces en ligne ou lors de rassemblements devant les domiciles des dirigeants de la nouvelle coalition. Un climat qui «rappelle les jours ayant précédé la mort de Yitzhak Rabin», relève le quotidien le plus lu du pays, Yediot Aharonot, en référence à l'assassinat du Premier ministre travailliste israélien en 1995 par un extrémiste juif à la suite des accords d'Oslo sur une autonomie palestinienne.

Marche annulée

Nadav Argaman, le patron du Shin Beth, le service de sécurité intérieure, a d'ailleurs mis en garde les responsables politiques contre «une augmentation des discours incitant à la violence, notamment sur les réseaux sociaux». Des discours, selon lui, qui peuvent être «compris par certaines personnes ou certains groupes comme un permis pour commettre des violences» pouvant aller jusqu'à entraîner des «blessures mortelles».

Un événement plus qu'un autre faisait redouter une flambée de violence et de possibles retournements politiques: la controversée «marche des drapeaux» initialement prévue jeudi à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël, à l'appel de figures de l'extrême droite.

Mais la manifestation a finalement été annulée après le refus de la police d'approuver son tracé. Néanmoins certains députés, dont May Golan (Likoud), ont annoncé qu'ils marcheraient quand même jeudi.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a lui menacé d'une nouvelle escalade si la marche était maintenue. «Nous espérons que la journée de jeudi ne devienne pas» un nouveau 10 mai, a lancé un ténor du Hamas, Khalil al-Hayya, en référence au début de l'escalade entre le Hamas et Israël qui a mené à une guerre de 11 jours.