Second tour le 11 févrierLa Finlande élit son président, sur fond de tensions avec la Russie
bu
28.1.2024 - 20:41
Les Finlandais ont voté dimanche pour élire leur président, dont le rôle a gagné en importance en raison du net regain de tensions avec la Russie voisine depuis la guerre en Ukraine.
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28.01.2024, 20:41
ATS
Doté de pouvoirs plus limités que le Premier ministre, le chef de l'Etat dirige toutefois la politique étrangère en étroite coopération avec le gouvernement et il est le commandant suprême des forces armées.
Restée neutre pendant la Guerre froide, la Finlande est devenue l'an dernier le 31e membre de l'Otan, au grand dam de la Russie avec qui elle partage une frontière longue de 1340 kilomètres.
Les bureaux de vote ont fermé en soirée et 44,5% des électeurs avaient voté par anticipation avant dimanche, selon la chaine de télévision publique Yle, laissant augurer d'une forte participation.
Sur le décompte de ces seuls bulletins, l'ancien Premier ministre conservateur Alexander Stubb arrive en tête avec 28,3%, devant l'ancien ministre des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, issu du parti des Verts mais qui se présente en indépendant, avec 25,8%, selon Yle.
Le candidat d'extrême droite du Parti des Finlandais, Jussi Halla-aho, est lui crédité de 16,1%. Un second tour sera organisé dimanche 11 février, si aucun candidat n'obtient 50% des voix au premier.
Frontière russo-finlandaise fermée
Les relations entre la Finlande et la Russie se sont considérablement détériorées depuis février 2022 et l'offensive russe en Ukraine.
Après l'adhésion de son voisin à l'Otan en avril 2023, Moscou a promis des «contre-mesures». La Finlande a notamment fait face à un afflux de migrants à sa frontière orientale.
Helsinki a accusé Moscou d'orchestrer une crise migratoire à ses portes et a fermé sa frontière avec la Russie en novembre, une mesure soutenue par l'ensemble des candidats.
«La Russie, et en particulier Vladimir Poutine, utilise les êtres humains comme une arme», a dit Alexander Stubb jeudi soir lors du dernier débat télévisé. «Dans ce cas, nous devons faire passer la sécurité de la Finlande en premier», a-t-il ajouté.
Pour son concurrent principal, Pekka Haavisto, Helsinki devait «envoyer un message clair que cela ne pouvait continuer».
Défense indépendante
Membre de l'UE et de la zone euro, la Finlande avait privilégié après la Guerre froide le développement des relations économiques avec son grand voisin, dans l'espoir que cela se traduise par un essor démocratique.
Le président sortant Sauli Niinistö, qui se retire après avoir atteint la limite de deux mandats de six ans, s'était enorgueilli d'avoir entretenu des liens étroits avec Vladimir Poutine, avant de devenir l'un des opposants les plus virulents du président russe en Europe.
Dans ce contexte, les candidats à la présidence défendent tous l'indépendance de la Finlande et son nouveau rôle en tant que membre de l'Otan, souligne Hanna Wass, vice-doyenne de la faculté des sciences sociales de l'université d'Helsinki.
«Ils mettent tous l'accent sur l'autosuffisance de la Finlande, à savoir que le pays devrait assumer sa défense de manière indépendante et contribuer activement à la construction d'une défense européenne partagée et d'une coopération nordique», a déclaré Mme Wass à l'AFP.
Visions proches
L'élection se jouera plutôt sur la personnalité des candidats, abonde Tuomas Forsberg, professeur de politique étrangères à l'Université de Tampere. «Les différences relèvent de la nuance» en termes de politique étrangère, dit-il.
«Il s'agira davantage d'élire une personnalité, en tenant compte de sa crédibilité, de sa fiabilité et de ses qualités perçues en tant que dirigeant de la politique étrangère», déclare-t-il à l'AFP.
Le conservateur Alexander Stubb a été le Premier ministre de Finlande entre 2014 et 2015. Pekka Haavisto a occupé plusieurs postes ministériels.
«Ils ont tous deux une forte expérience en matière de politique intérieure et étrangère, ce que valorisent les électeurs», dit Mme Wass.
Leur vision de la fonction est proche mais leur personnalité diffère, souligne Forsberg. «Alex (Stubb) est davantage un représentant de la droite et Haavisto de la gauche, même si Haavisto a essayé de souligner qu'il n'avait rien de rouge, qu'il avait emprunté une voie médiane en tant que Vert», selon Forsberg.