D'une seule et même voix, parfois les larmes aux yeux et une gerbe de fleurs serrée contre la poitrine, la foule était venue en nombre samedi devant le palais Saint-James à Londres, espérant apercevoir Charles III lors de la cérémonie de proclamation du nouveau roi.
Charles III proclamé roi au Royal Exchange de Londres
Le roi d'armes de Clarenceux lit la proclamation publique du nouveau roi Charles III sur les marches du Royal Exchange, dans le centre de Londres. Précédée d'une fanfare de trompettes, cette déclaration fait suite à une première proclamation au palais Saint-James.
10.09.2022
«Nous avons l'occasion de voir le nouveau roi... J'espère qu'il viendra de ce côté-là. Je préfère encore le voir plutôt que d'entendre la proclamation!», explique Nicola Parmar, 49 ans.
Visiblement émue, elle raconte être venue initialement du Yorkshire, où elle vit, pour aller au théâtre avec sa mère, mais elle a dû revoir ses plans à l'annonce du décès d'Elizabeth II.
«Ce qui m'émeut, c'est leur dévouement, leur loyauté envers le pays», dit-elle à propos du nouveau monarque et de feu sa mère, tandis qu'elle tient un bouquet violet entre ses mains.
«On espère qu'il ne va pas tout gâcher»
Une voiture aux vitres teintées s'approche, elle s'interrompt pour essayer d'apercevoir ses occupants, comme les autres milliers de personnes aux alentours qui scrutent le cortège.
«On adorerait le voir»: la sortie surprise de Charles III à la rencontre du public devant le palais de Buckingham Palace vendredi a donné des idées à Sarah et Gerard Berdien, 53 et 54 ans.
De leur nouveau souverain, ils attendent plus que tout «de la stabilité»: «la reine a toujours été la reine. Pas de drame».
«On espère qu'il ne va pas tout gâcher. Elle n'a eu aucun scandale en 70 ans», surenchérit Gerard.
«Bonne chance» Charles III
Entre «le coût de la vie, la guerre en Ukraine, la nouvelle Première ministre», Charles III arrive dans «un moment très difficile», admet Malcom Tyndall, directeur d'une organisation caritative à Londres, 54 ans.
Il est venu lui «souhaiter bonne chance», convaincu qu'il sera forcément «d'un genre différent»: «Il ne peut pas être comme sa mère. Puisse-t-il changer de la manière la plus douce soit-elle».
Après la cérémonie, Malcom ira déposer des fleurs à Green Park pour Elizabeth II. Tout comme Dany Van Laanen, un autre Londonien de 36 ans qui admet être «étonnamment triste».
«Je suis venu pour l'encourager, lui, mais surtout pour lui rendre hommage à elle. Le défi est grand pour Charles. J'espère qu'il arrivera à moderniser la monarchie».
D'autres sont venus assister «par curiosité» à cet évènement, à l'instar de Leendert Van Denberg, un Néerlandais de 52 ans.
«C'est un moment historique ça fait quand même 70 ans que c'est la même reine!» explique-t-il.
Avant d'ajouter: «C'est un peu bizarre: il y a une semaine, Charles n'était pas pris au sérieux (...) Et là on est tous en train d'attendre son apparition».
Venu de La Haye avec un groupe d'amis pour un match de football – annulé en raison du deuil national – ils ont finalement décidé de suivre la cérémonie.
«On est venus pour le football. Et maintenant on va à des funérailles», rigole son ami Ronald Sarurdears, 57 ans.
Soudain, plusieurs centaines de portables s'élèvent dans les airs au bout de bras tendus. Quelques notes de cors et de trompette annoncent l'imminence de la lecture de la proclamation du roi. Le silence se fait instantanément et, grave, la foule écoute le texte lu pendant à peine 2 minutes.
God save the King
Puis un cri: «God save the King:» (Que dieu garde le roi) immédiatement repris à l'unisson par les milliers de curieux rassemblés depuis plus d'une heure. Au loin résonnent des coups de canon.
Et d'entonner, solennelle, et d'une seule voix l'hymne national avec pour la première fois «God save the King» et non plus la reine avant d'applaudir. Quelques «Hip Hip, Hooray!» fusent.