Burkina FasoLa France appelle ses citoyens à «éviter tout déplacement»
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24.1.2022 - 15:30
La France a appelé lundi ses ressortissants à éviter tout déplacement au Burkina Faso où le président a été arrêté au lendemain de mutineries. Elle se dit particulièrement attentive à la protection de la communauté française.
24.1.2022 - 15:30
ATS
Le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré a été arrêté lundi. Il était détenu dans une caserne de Ouagadougou, au lendemain de mutineries dans des camps militaires de ce pays en proie à la violence djihadiste,
«La France suit avec la plus grande attention les événements en cours au Burkina Faso. Nous sommes particulièrement attentifs à la protection de la communauté française. Nous avons appelé nos ressortissants à la prudence et à éviter tout déplacement», a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
«Le président Kaboré, le chef du Parlement et des ministres sont effectivement aux mains des soldats» à la caserne Sangoulé Lamizana de Ouagadougou, a indiqué une de ces sources, information confirmée par une autre source des services de sécurité.
Le président Kaboré, au pouvoir depuis 2015 et réélu cinq ans plus tard sur la promesse de faire de la lutte anti-djihadiste sa priorité, était devenu de plus en plus contesté par une population excédée par les violences djihadistes et son impuissance à y faire face.
Soldats encagoulés
Un journaliste de l'AFP a constaté qu'une dizaine de soldats encagoulés et armés s'étaient postés lundi matin devant le siège de la Radio télévision du Burkina (RTB) qui diffusait des programmes de divertissement, a constaté l'AFP.
Des soldats se sont mutinés dimanche dans plusieurs casernes du Burkina Faso pour réclamer le départ des chefs de l'armée et des «moyens adaptés» à la lutte contre les djihadistes qui frappent ce pays depuis 2015.
Région déstabilisée
Ces mutineries sont survenues dans une Afrique de l'Ouest de plus en plus déstabilisée par les djihadistes qui frappent aussi le Mali et le Niger voisins et où des coups d'Etat se sont récemment produits, au Mali et en Guinée.
Plusieurs manifestations de colère ont eu lieu depuis plusieurs mois dans plusieurs villes du Burkina Faso pour dénoncer l'incapacité du pouvoir a contrer les attaques djihadistes qie se multiplient, souvent interdites et dispersées par les policiers anti-émeutes.
Soutien aux mutins
Tout au long de la journée de dimanche, des manifestants ont apporté leur soutien aux mutins et ont dressé des barrages de fortune dans plusieurs avenues de la capitale, avant d'être dispersés par la police, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Des tirs ont été entendus pendant plusieurs heures dimanche dans plusieurs casernes du Burkina Faso, dont celles de Sangoulé Lamizana, Baba Sy et la base aérienne à Ouagadougou.
Des mutineries ont également eu lieu à Kaya et Ouahigouya, dans le nord du Burkina où sont en majorité concentrées les attaques djihadistes, selon des habitants et des sources militaires.
Moyens réclamés
Le gouvernement avait reconnu des tirs dans plusieurs casernes, démentant cependant «une prise de pouvoir par l'armée». Dimanche soir, le président Kaboré, avait décrété «jusqu'à nouvel ordre» un couvre-feu de 20h00 à 05h30 et le gouvernement annoncé la fermeture des écoles lundi et mardi.
«Nous voulons des moyens adaptés à la lutte» anti-djihadiste «et des effectifs conséquents», ainsi que le «remplacement» des plus hauts gradés de l'armée nationale, a affirmé dans un enregistrement sonore parvenu à l'AFP un militaire de la caserne Sangoulé Lamizana, sous couvert de l'anonymat.
Il a en outre souhaité «une meilleure prise en charge des blessés» lors des attaques et des combats avec les jihadistes, ainsi que «des familles des défunts».
Discussions infructueuses
Les revendications des mutins ont été confirmées par d'autres sources militaires et des discussions infructueuses ont eu lieu entre leurs représentants et le ministre de la Défense, le général Barthélémy Simporé, selon une source gouvernementale.
Le camp Sangoulé Lamizana de Ouagadougou où est détenu le président Kaboré abrite la Maison d'arrêt et de correction des armées (Maca) où est également incarcéré le général Gilbert Diendéré, proche de l'ancien président Blaise Compaoré renversé en 2014 qui vit depuis en Côte d'Ivoire.
Le général Diendéré a été condamné à 20 ans de prison pour une tentative de putsch en 2015 contre le président Kaboré, et est actuellement jugé pour son rôle présumé dans l'assassinat de l'ancien président Thomas Sankara, icône panafricaine, en 1987.
Le procès des assassins présumés de Sankara, qui devait entrer lundi dans la phase des réquisitoires et plaidoiries devant le tribunal militaire de Ouagadougou, a été reporté à une date indéterminée, selon une source judiciaire.
Comme le Mali et le Niger, le Burkina Faso est pris dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jdihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique. Les attaques, qui visent civils et militaires, sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l'est du pays.