Pandémie La France confinée à son tour, l'Europe ferme ses frontières

ATS

17.3.2020

Le président français Emmanuel Macron.
Le président français Emmanuel Macron.
Ludovic Marin/AFP/dpa

La France, après l'Espagne et l'Italie, entre à son tour mardi en confinement général. L'Europe ferme ses frontières pour freiner la propagation du coronavirus, qualifiée par l'Organisation mondiale de la santé de «crise sanitaire mondiale majeure de notre époque».

La pandémie a fait plus de 7000 morts dans le monde, notamment en Europe où le nombre de malades a explosé ces derniers jours. L'Union européenne ferme à partir de mardi toutes ses frontières pour trente jours, a annoncé lundi soir le président français Emmanuel Macron.

«Nul ne peut combattre un incendie les yeux bandés», a affirmé le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en estimant indispensable que les pays «testent, testent, testent. Il faut tester chaque cas suspect».

«Nous sommes en guerre», a martelé Emmanuel Macron en annonçant lundi dans un discours à la nation une batterie de mesures de confinement draconiennes en France, comparables à celles adoptées récemment en Italie et en Espagne.

A partir de mardi midi, les Français ne peuvent plus sortir de chez eux ni se réunir sans raison valable et «toute infraction sera sanctionnée», a averti le président.

Irresponsabilité

Les contaminations en France progressent de manière inexorable, avec 148 décès et 6633 cas. Les autorités ont déploré l'irresponsabilité des Français qui se sont massés dimanche sur les marchés, dans les parcs et sur les bords de la Seine à Paris pour profiter du beau temps, ignorant les appels officiels à limiter au maximum les contacts humains.

Mais le gouvernement français est aussi vivement critiqué pour avoir maintenu le premier tour des élections municipales dimanche, alors même qu'il venait d'ordonner la fermeture de tous les bars et restaurants du pays et enjoint à la population de se claquemurer. M. Macron a annoncé le report du second tour du scrutin, prévu le 22 mars.

Partout dans le monde, gouvernements et banques centrales montent au créneau pour essayer d'atténuer les conséquences catastrophiques de la maladie pour l'économie.

Evoquant une «tragédie humaine», le G7 s'est dit déterminé à faire "tout ce qui est nécessaire" pour restaurer la croissance mondiale, que ce soit des mesures budgétaires et monétaires ou des actions ciblées. Pour la première fois, Donald Trump a jugé «possible» une récession aux Etats-Unis.

Au Venezuela, le président Nicolas Maduro a décrété une "quarantaine totale" de son pays. Le Canada, la Colombie, la Tunisie ont à leur tour bouclé leurs frontières. Les plus grandes métropoles mondiales ferment restaurants, bars, discothèques et cinémas. Les habitants de Rio de Janeiro sont pour leur part appelés à quitter les plages.

Rester à la maison

En Allemagne, les habitants sont appelés à "rester à la maison" et à renoncer aux vacances. Sans parler de quatre importants lieux saints en Iran, dont le sanctuaire de Machhad, du Taj Mahal en Inde, des mosquées au Maroc, de la suspension des prières collectives en Turquie.

Ecoles et universités s'arrêtent de fonctionner, de même que les musées, et les annulations d'événements culturels se multiplient.

En Asie, les Bourses se ressaisissent mardi matin après une débandade la veille. En Europe, les marchés ont terminé lundi en forte baisse (de 5,31% à Francfort, de 4,71% à Londres) et la Bourse de New York a poursuivi sa dégringolade après la reprise des échanges, interrompus peu après l'ouverture. Son indice vedette, le Dow Jones s'est effondré de 12,93%, sa plus lourde chute depuis le Lundi noir d'octobre 1987.

Plusieurs grandes compagnies aériennes ont fortement réduit la voilure. L'allemande Lufthansa va ainsi supprimer "jusqu'à 90%" de ses capacités de vols long courriers. Ses consoeurs américaines vont réclamer 50 milliards de dollars d'aide. L'australienne Qantas va réduire de 90% ses vols internationaux.

Plus de cas ailleurs qu'en Chine

Dans le monde entier, le nombre des cas de Covid-19 recensés officiellement s'établissait lundi à 18h00 à plus de 175'000 cas, selon un bilan établi par l'AFP. La maladie a fait périr plus de 7000 personnes.

Il y a désormais plus de décès recensés ailleurs dans le monde qu'en Chine continentale (3213), point de départ en décembre de la pandémie et pays le plus touché. La Chine a fait état mardi d'une seule nouvelle contamination locale et de 20 cas importés.

L'Italie, où l'on compte environ 28'000 cas, n'a pas «encore atteint le pic» de contagion, a averti son Premier ministre. Deuxième pays le plus touché d'Europe, l'Espagne (9191 cas dont 309 morts) a enregistré près de 1500 nouveaux cas en 24 heures et le gouvernement a prévenu que le confinement de la population risquait de durer.

Aux Etats-Unis, où le chef de la diplomatie Mike Pompeo a accusé lundi la Chine de «semer la désinformation et des rumeurs abracadabrantes» sur l'origine du coronavirus, de nouveau qualifié par Donald Trump de «virus chinois», un premier essai clinique est en cours pour un vaccin.

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