Des milliers d'écoles ont rouvert leurs portes mardi en France, en se pliant à un protocole sanitaire inédit. Ce redémarrage, salué comme une «amorce» par l'exécutif, suscite de nombreuses craintes face à une épidémie «toujours active».
Avec cette décision contestée par des scientifiques et certains élus, le gouvernement poursuit la levée du confinement, qui a débuté lundi.
Port du masque recommandé pour les enseignants, respect des gestes barrières... : face aux inquiétudes des enseignants et des familles, les écoles maternelles et primaires ont totalement chamboulé leurs règles pour accueillir mardi leurs premiers élèves en près de deux mois.
Adultes masqués
«Il y avait un marquage au sol. Les enfants étaient accueillis à l'entrée de l'école par la directrice, et à l'intérieur, tous les adultes étaient masqués», raconte David Lewkowicz, 38 ans, qui a accompagné sa fille de six ans dans son école à Marseille.
A Saint-Georges-de-Mons, commune rurale de 2000 habitants dans le Puy-de-Dôme (centre), une enseignante masquée tentait de rassurer des enfants un peu impressionnés, tout en rappelant les consignes aux parents. «Non, vous ne pouvez pas entrer», expliquait-elle à une mère de famille.
Défenseur de cette réouverture limitée et encadrée, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a salué une «amorce» qui doit permettre de relancer la machine avant la réouverture de certains collèges la semaine prochaine. Il est «très important de nous remettre en route, à commencer par nos enfants qui ont besoin de ça», a-t-il souligné.
Syndicats inquiets
Pour tenter d'apaiser les esprits, l'exécutif a laissé aux parents le choix de ramener ou non leurs enfants à l'école lors de cette rentrée très particulière, qui s'échelonnera tout au long de la semaine et concernera potentiellement 1,5 million d'élèves.
Pas de quoi rassurer les syndicats qui dénoncent une décision «prématurée» et rappellent que le conseil scientifique chargé d'éclairer le gouvernement s'était lui-même prononcé pour la fermeture des établissements jusqu'en septembre.
Certains parents exprimaient eux aussi leur inquiétude alors que l'épidémie, qui a fait plus de 26'000 morts en France, continue de circuler. «Je suis un peu sceptique, je pense que c'est trop rapide, qu'il aurait fallu un laps de temps pour faire rentrer les enfants», témoignait ainsi une mère de famille.
Les inquiétudes sont d'autant plus vives que l'épidémie reste «active et évolutive» en France malgré le reflux des admissions en réanimation, a insisté la Direction générale de la Santé lundi soir.
Un oeil sur l'Allemagne
Les autorités redoutent une deuxième vague épidémique et gardent un oeil sur l'Allemagne ou la Corée du Sud qui ont dû rétablir des restrictions après de nouveaux cas de contamination. Le «Monsieur déconfinement» du gouvernement, Jean Castex, a d'ailleurs prévenu qu'il faudrait «anticiper» un «reconfinement en urgence».
Malgré ces craintes, les conseils municipaux élus au premier tour des élections du 15 mars pourront commencer à siéger, a décidé le gouvernement. L'exécutif considère que l'état d'urgence sanitaire, récemment prolongé, permet de conjuguer le respect «des préconisations» des scientifiques et l'installation des nouveaux conseils municipaux dans plus de 30'000 communes.
Si la stratégie de déconfinement reste critiquée, notamment au RN qui dénonce «une opacité organisée», le gouvernement a lui assuré que la levée de certaines restrictions de déplacement lundi se déroulait sans accrocs majeurs, notamment en Ile-de-France.
«Il y a eu quelques difficultés ponctuelles mais il n'y a pas du tout eu d'incident majeur», a affirmé mardi la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne.
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