Constituante La langue des signes en mal de reconnaissance en Valais

vs, ats

23.9.2021 - 16:15

23.9.2021 - 16:15

La langue des signes ne figure pas dans la constitution valaisanne de 1907. Une anomalie selon la société des sourds du Valais qui veut inscrire la reconnaissance de l'idiome dans la nouvelle constitution en phase d'élaboration.

La Société des sourds du Valais rappelle que la langue des signes est une langue à part entière (archives).
La Société des sourds du Valais rappelle que la langue des signes est une langue à part entière (archives).
ATS

La Société des sourds du Valais a profité de la journée internationale des langues des signes, ce jeudi 23 septembre, pour transmettre leurs revendications aux journalistes réunis à Sion. Nous suivons très attentivement le travail des 130 membres de la constituante, et plus particulièrement celui des commissions thématiques 1 et 2 qui planchent notamment sur les langues et les droits fondamentaux et sociaux, a indiqué Stéphane Faustinelli, président de la Société des sourds du Valais, dont les propos étaient relayés par un interprète en langue des signes.

Dans son rapport, la commission 2 de la constituante mentionne les langues des signes dans l'article 206 sur les droits des personnes en situation de handicap. L'alinéa 4 précise que «dans leur rapport avec les autorités, les personnes en situation de handicap ont le droit d'obtenir des informations et de communiquer sous une forme adaptée à leurs besoins et leurs capacités, notamment en langues des signes et en braille, sans frais supplémentaires.»

Cela est bien, mais ce n'est pas suffisant, estime Stéphane Faustinelli. Pour la Société des sourds du Valais, il est important que la langue des signes «ne soit pas cantonnée à un rôle de moyen auxiliaire mais soit reconnue comme une langue à part entière, vectrice de culture, de pensée et d'identité».

Dans le camp de la constituante

Pour aboutir à cette reconnaissance, la Société des sourds du Valais a diffusé à tous les membres de la constituante une proposition d'amendement demandant l'ajout d'un 5e alinéa à l'article 206: «La langue des signes française et die Deutschschweizer Gebärdensprache sont reconnues».

La reconnaissance pourrait aussi se faire via l'article 110 sur les langues, porté par la commission 1. La balle est maintenant dans le camp de la constituante. Si l'un ou plusieurs de ses membres déposent l'amendement, il sera débattu lors de la session des 5 et 7 octobre, voire lors de la deuxième lecture qui n'est pas encore planifiée.

«S'exprimer et se construire»

«La langue des signes nous permet de nous exprimer et de nous construire», a relevé Rolande Praplan, enseignante de langue des signes auprès des enfants. Elle permet «d'abattre les barrières dans l'éducation, la culture, le travail, la santé ou encore la politique, elle permet l'autonomie».

Sa reconnaissance dans la constitution lui ouvrirait des portes jusqu'ici fermées ou seulement entrouvertes. Stéphane Faustinelli explique qu'au début de la pandémie de Covid-19, la Société des sourds du Valais a interpellé le canton pour que les conférences de presse soient traduites en langue des signes. Après avoir essuyé un refus, leur demande a finalement été satisfaite.

«Nous ne demandons pas que la langue des signes soit reconnue comme langue officielle mais comme une langue à part entière. Comme c'est déjà le cas ailleurs en Suisse».

A Genève et Zurich

A Genève, la reconnaissance de la langue des signes est inscrite dans la constitution. Les débats du Grand Conseil retransmis sur le site Internet du Parlement sont accessibles aux personnes sourdes et malentendantes depuis fin 2019.

A Zurich, bien que la terminologie soit un peu différente, la reconnaissance de la langue est aussi inscrite dans la constitution. l'objet est également en discussion à Berne, Vaud, dans le Tessin comme en Valais précise encore le président de la Société des sourds du Valais.

En Valais, on estime le nombre de personnes sourdes et mal entendantes à 350 personnes environ. La Société des sourds du Valais, fondée en 1939 sur l'impulsion d'Esther Giroud qui en sera la première présidente, réunit 110 membres et est également ouverte aux sympathisants entendants.

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