Washington
Plus de 1100 personnes ont été tuées par la police en 2015 aux Etats-Unis. Toutefois plus de la moitié de ces morts n'ont pas été recensées convenablement par les autorités, affirme mardi une étude du journal PLOS Medicine.
"Pour bien s'attaquer au problème des décès causés par les forces de l'ordre, le public a besoin de meilleures statistiques sur qui est tué, où, et dans quelles circonstances", souligne Justin Feldman, l'un des auteurs de la publication.
"Mais nous avons découvert qu'une autre méthode, consistant à compiler des données de presse, pouvait servir à résoudre ce problème", a-t-il ajouté.
Les chercheurs ont confirmé qu'il n'existait pas de remontée fiable des données sur les homicides causés par la police. Le sujet est sensible en Amérique car les Noirs représentent proportionnellement une part écrasante du nombre de ces civils tués.
Plusieurs bases de données
Leur propre étude a conclu à un nombre total de 1166 homicides policiers en 2015 sur le territoire américain.
La seule base de données fiable, gérée par les US Centers for Disease Control's National Vital Statistics System (NVSS), se fonde sur les certificats de décès: elle n'a comptabilisé que 44,9% des homicides policiers qui se sont effectivement passés.
Pour combler cette carence, deux journaux, l'édition américaine du Guardian et le Washington Post, ont tenu leur propre recensement en 2015, année-charnière en raison de la multiplication de vidéos - amateur ou embarquées par les policiers - à la source de scandales fracassants.
The Counted, le site du Guardian, est parvenu à recenser 93,1% des personnes tuées par la police, que ce soit par balle, par Taser, renversées par un fourgon ou en garde à vue. Le Washington Post, lui, n'a compté que les personnes tuées par balle. L'étude du journal PLOS Medicine a elle identifié 44 morts qui semblent avoir été ratées par les organes de presse.
"Homicides justifiés"
Ces oublis se notent particulièrement dans les quartiers noirs paupérisés, chez les mineurs et les victimes d'une décharge fatale de Taser. Les écarts sont également importants selon les Etats. "Par exemple, pratiquement tous les 17 homicides policiers dans l'Oregon ont été comptabilisés, mais aucun des 36 décès similaires dans l'Oklahoma", relève l'étude.
En 2015 la police fédérale américaine n'avait rendu public que son recensement des "homicides justifiés", soit les criminels tués dans le cadre de la loi par les forces de l'ordre.
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