Grand Conseil fribourgeoisLa pisciculture d'Estavayer enflamme les députés
lp, ats
7.10.2021 - 12:16
Le Grand Conseil fribourgeois s'est penché sur le rapport de la Commission d'enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur la débâcle de la pisciculture d'Estavayer-le-Lac. Les conclusions, très sévères pour le Conseil d'Etat, ont été louées par les députés.
lp, ats
07.10.2021, 12:16
07.10.2021, 12:20
ATS
Le rapport souligne de nombreux manquements dès le début, il y a plus de dix ans, du projet de renouvellement de la pisciculture datant des années 1950. «Dès la visite du site, les défauts de conception nous ont sautés aux yeux», a dit jeudi d'emblée le député UDC Roland Mesot, président de la Commission d'enquête parlementaire (CEP).
L'ancien président du Grand Conseil a déploré le manque d'intérêt du gouvernement tout au long du chantier entre 2015 et 2016. «Les fautes graves ont eu des conséquences catastrophiques, notamment l'absence d'un spécialiste après le départ de l'ingénieur responsable», a décrit avec véhémence le député veveysan.
Au final, la CEP juge «inexcusable l'incurie témoignée tant par le Conseil d'Etat que par les directions et acteurs concernés». Selon elle, l'exécutif doit prendre les mesures qui s'imposent pour éviter la répétition d'une «telle déconvenue», avec une ardoise finale de près de 2,3 millions de francs pour le contribuable fribourgeois.
Procédure justifiée
Vice-président de la CEP, Eric Collomb a jugé «totalement justifiée» son instauration à une large majorité en février 2020, «malgré le montant assez modeste». «Personne n'aurait fait faux», a relevé le député centriste en réaction au rapport du Conseil d'Etat et eu égard à «une pisciculture qui n'a jamais produit de poissons».
D'autres membres de la commission se sont exprimés avec des mots tout aussi durs envers le gouvernement. La députée socialiste Rose-Marie Rodriguez a parlé de fiasco, son collègue PLR Sébastien Dorthe de naufrage. Ce dernier a insisté sur la nécessité de mettre en place pour l'avenir une structure dédiée aux projets de l'Etat.
Au-delà de la responsabilité collective, «il n'y a ni malhonnêteté ni malversation», a constaté Roland Mesot. «Les conclusions font mal», a noté Cédric Péclard (La Broye, c'est vous!), membre de la CEP, au nom du groupe Vert Centre Gauche. Le député a souhaité un redémarrage, malgré l'avis contraire de l'exécutif.
Motion populaire
La commission propose ainsi la (re)mise en service de l'installation, a rappelé pour l'UDC le député Michel Zadory, membre également. A fin 2019, le Conseil d'Etat avait évalué son coût à 1,5 million de francs, en privilégiant au final d'investir la somme pour travailler avec la pisciculture de Colombier (NE).
D'après la CEP, il faudrait un montant «net» d'un million (1,4 brut) pour une relance, surtout que le concordat intercantonal (avec NE et VD) demande la présence d'une pisciculture sur la rive sud du lac de Neuchâtel. Une réouverture qui est exigée en outre par une motion populaire déposée il y a 18 mois et munie de 2400 signatures.
Le texte ne devrait être traité qu'en novembre, au grand dam de certains députés qui ont regretté que l'exécutif «joue la montre». A l'instar de Jean-Daniel Chardonnens (UDC), d'autres élus ont déploré le fait que le «sommet» ne doive répondre de la déconfiture. «C'est du foutage de gueule», a lâché son collègue de parti Ruedi Schläfli.
L'exécutif prend acte
La CEP laisse toutefois au gouvernement la liberté d'entreprendre les démarches en matière de responsabilité civile, pénale ou administrative. Ciblé par une vingtaine d'interventions sévères de députés, le Conseil d'Etat s'est exprimé par la voix de son président Jean-François Steiert, en charge des constructions.
«Le Conseil d'Etat a pris acte du rapport «, a-t-il indiqué en notant que les conclusions confirment «pour l’essentiel l’analyse qu’il a lui-même menée dès la connaissance des dysfonctionnements de la pisciculture». «Les lacunes en matière d’organisation ont été et/ou sont en passe d’être résolues depuis.»
S’agissant d'une relance de la pisciculture, des analyses complémentaires seront nécessaires, estime l'exécutif, le mandat et les travaux de la CEP n’ayant porté que sur la question des coûts. Ces dernières années, le canton de Fribourg a été confronté à maints dépassements de crédit pour divers chantiers, routiers notamment.