Brexit La première ministre britannique Theresa May «humiliée»

ATS

26.3.2019 - 05:44

Le gouvernement britannique encaisse un nouveau revers des parlementaires.
Le gouvernement britannique encaisse un nouveau revers des parlementaires.
Source: KEYSTONE/EPA UK PARLIAMENT/JESSICA TAYLOR / UK PARLIAMENT / HAND

Theresa May humiliée: la presse britannique était sévère après le vote des députés d'un amendement leur permettant d'influer sur le processus du Brexit. De quoi compliquer encore une affaire mal engagée.

«La Première ministre humiliée par une rébellion chez les Tories, tandis que le gouvernement se prépare à des élections anticipées», écrivait le Times (conservateur). «Humiliation pour Theresa May qui perd le contrôle du Brexit au profit de députés Remainers» (qui veulent rester dans l'UE), estimait The Sun, quotidien populaire pro-Brexit.

Cet amendement, adopté lundi soir par 329 voix contre 302, permet aux parlementaires d'organiser mercredi une série de votes indicatifs sur la forme que doit prendre le Brexit. Le maintien dans le marché unique, un nouveau référendum, voire l'annulation de la sortie de l'UE sont parmi les scénarios sur lesquels les élus pourraient donner leur avis.

Rajoutant à la confusion, trois secrétaires d'Etat ont annoncé leur démission dans la soirée. Richard Harrington (Industrie) l'a annoncé sur Twitter; Alistair Burt (Affaires étrangères) et Steve Brine (Santé) ont aussi jeté l'éponge, a complété une source gouvernementale.

«Dangereux précédent»

Dans sa lettre de démission, M. Harrington a reproché au gouvernement de jouer «à la roulette» avec «les vies et les moyens de subsistance de la grande majorité de notre peuple» du fait de son «échec à garantir un accord» de sortie.

«Cet amendement renverse l'équilibre entre nos institutions démocratiques et crée un dangereux et imprévisible précédent pour le futur», a réagi un porte-parole du ministère chargé du Brexit. Avant d'appeler le Parlement à «définir les prochaines étapes» avec «réalisme: toute option envisagée doit être réalisable dans le cadre de négociations avec l'UE», a-t-il souligné.

Ce vote et ces démissions accentuent la crise politique que traverse le pays, avec une Première ministre qui a perdu toute autorité et le contrôle du Brexit, et semble proche de la sortie. Theresa May cherche en effet toujours des soutiens pour passer son accord de divorce négocié avec Bruxelles, déjà massivement rejeté par deux fois par les députés mais dont dépend une sortie ordonnée de l'Union européenne le 22 mai.

«Mauvaise gestion»

Le Royaume-Uni aurait théoriquement dû quitter l'UE vendredi 29 mars à minuit, un peu moins de trois ans après le référendum de juin 2016. Mais faute d'avoir pu rallier les députés derrière son accord de divorce péniblement négocié avec Bruxelles, Theresa May a été contrainte de demander aux dirigeants de l'UE un report de cette échéance historique, fixée désormais au 12 avril au plus tôt.

Lundi avant le vote de la soirée, elle a dû reconnaître que l'accord de Brexit n'avait toujours «pas le soutien suffisant» au Parlement pour être soumis une troisième fois au vote des députés comme elle compte encore le faire. «Je continue à discuter avec des collègues de la Chambre pour trouver des soutiens de façon à ce que nous puissions organiser un vote cette semaine».

Les Britanniques ne savent donc toujours pas quand et sous quelles conditions ils quitteront l'UE. Et ils en sont mécontents. D'après un sondage de NatCen Social Research publié lundi soir, 81% d'entre eux pensent que leur gouvernement gère «mal» le Brexit, contre 11% qui estiment qu'il ne le fait «ni bien ni mal», et 7% «bien».

Sans accord et sans transition

La Commission européenne a jugé lundi qu'un divorce sans accord le 12 avril et sans période de transition était «de plus en plus vraisemblable». «Cela créera évidemment des perturbations significatives pour les citoyens et les milieux d'affaires», a-t-elle mis en garde dans un communiqué, tout en annonçant qu'elle avait terminé ses préparatifs pour un tel scénario.

«Il faut se préparer au pire», a renchéri la secrétaire d'Etat française à l'Economie Agnès Pannier-Runacher. Or, «on n'a plus que quinze jours pour le faire».

Anticipant un possible rejet du traité de retrait, les dirigeants de l'UE ont donné à Mme May le choix. Soit l'accord est voté et le Royaume-uni effectue une sortie ordonnée de l'UE, avec un court report fixé au 22 mai. Soit l'accord est rejeté, et Londres aura jusqu'au 12 avril pour présenter une alternative et demander un nouveau report, qui impliquerait la tenue d'élections européennes fin mai dans le pays.

Sinon, ce serait une sortie sans accord.

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