ONULa Russie suspendue du Conseil des droits de l'Homme
ATS
7.4.2022 - 17:53
L'Assemblée générale de l'ONU a suspendu jeudi la Russie de son siège au Conseil des droits de l'Homme des Nations unies à Genève, en raison de l'invasion de l'Ukraine. Nonante-trois pays, dont la Suisse, ont soutenu cette proposition, initiée par les Etats-Unis.
Keystone-SDA
07.04.2022, 17:53
07.04.2022, 20:50
ATS
Vingt-quatre des 193 pays membres des Nations unies ont voté contre cette suspension, la deuxième de l'histoire de l'ONU après celle de la Libye en 2011. Et 58 pays se sont abstenus, mais les abstentions, un choix dénoncé par Kiev, n'étaient pas prises en compte dans la majorité des deux tiers requise parmi les seuls votes pour et contre.
Parmi les pays ayant voté contre figure la Chine qui a dénoncé une «démarche hâtive», la mise «de l'huile sur le feu» ainsi qu'un «précédent dangereux». L'Iran, le Kazakhstan et Cuba ont aussi voté contre. Sans surprise, la Russie, le Bélarus et la Syrie se sont opposés à la résolution proposée au scrutin.
Malgré des pressions ces derniers jours de Moscou pour que les pays votent contre, plusieurs Etats africains, dont l'Afrique du Sud et le Sénégal, ont choisi l'abstention. Ils ont estimé que la résolution suspendant Moscou «préjuge les résultats de la commission d'enquête» créée début mars par le Conseil des droits de l'Homme.
Le Brésil, comme le Mexique et l'Inde, tous trois membres non permanents actuellement du Conseil de sécurité de l'ONU, a adopté la même position abstentionniste. Le Chili a en revanche voté pour.
Plus qu'un symbole
Selon Washington, la suspension de la Russie du Conseil des droits de l'Homme est bien davantage que symbolique. Elle accroît «l'isolement» de Moscou sur la scène internationale depuis l'invasion de l'Ukraine le 24 février.
La Russie est accusée de crimes de guerre et d'exactions contre les civils dans les zones ukrainiennes qu'elle a occupées, comme à Boutcha, ce qui a précipité la démarche de Washington de la faire suspendre du Conseil des droits de l'Homme.
Moscou est membre par intermittence depuis 2006 du Conseil car seuls deux mandats d'affilée sont autorisés pour ses membres. Son mandat actuel expirait en 2023. L'Ukraine fait partie des membres actuels du Conseil.
Protection des civils
La résolution adoptée jeudi rappelle que l'Assemblée générale «peut suspendre les droits de membre du Conseil des droits de l'Homme d'un membre du Conseil qui commet des violations flagrantes et systématiques des droits de l'Homme».
Elle exprime la «profonde préoccupation» de l'Assemblée générale «face à la crise humanitaire et des droits de l'Homme en cours en Ukraine, en particulier face aux informations faisant état de violations et d'atteintes aux droits de l'Homme», parfois «systématiques», et «de violations du droit international humanitaire» par la Russie.
Le Conseil des droits de l'Homme est le principal forum des Nations unies chargé de promouvoir ce domaine. Né en 2006, il est composé de 47 états membres, élus par l'Assemblée générale des Nations unies. Outre la promotion des droits humains, il a pour mission l'examen régulier de leur situation dans les pays membres de l'ONU.
Le Conseil peut aussi se saisir de toute question ou situation en lien avec les droits humains qui l'exige, y compris au cours de séances exceptionnelles, qui peuvent être convoquées en urgence. Ce fut notamment le cas récemment pour la situation en Ukraine, malgré l'opposition de Moscou, ou en Ethiopie.
Effritement
Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, l'Assemblée générale de l'ONU s'est exprimée à trois reprises sur cette guerre, incluant le vote de ce jeudi qui traduit un effritement de l'unité internationale face à Moscou.
Le 2 mars, lors d'un premier vote historique, 141 pays avaient condamné l'invasion déclenchée par la Russie, cinq pays avaient voté contre (outre la Russie, le Bélarus, la Syrie, la Corée du Nord et l'Erythrée) et 35 s'étaient abstenus.
Le 24 mars, l'Assemblée générale avait réclamé un accès humanitaire sans entrave et la protection des civils en Ukraine. Lors du scrutin, 140 pays avaient voté pour, cinq contre (les cinq mêmes que le 2 mars) et 38 pays s'étaient abstenus.