Guerre - 117e jour L'Ukraine admet «des pertes importantes»

ATS

20.6.2022 - 21:57

L'Ukraine admet «des pertes importantes» et s'attend à des moments difficiles, avec une intensification des attaques des forces russes dans l'est du pays. Mais elle assure que son armée «tient le coup».

Des sauveteurs tentent d'éteindre un incendie après un bombardement dans une des zones industrielles de la région de Kharkiv, en Ukraine, le 20 juin 2022.
Des sauveteurs tentent d'éteindre un incendie après un bombardement dans une des zones industrielles de la région de Kharkiv, en Ukraine, le 20 juin 2022.
KEYSTONE

La région du Donbass est l'objet de combats d'une grande férocité, alors que Kiev joue d'ici quelques jours sa candidature officielle à l'Union européenne.

Voici un point de la situation lundi au 117e jour de la guerre, établi à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

L'Est

«Evidemment, nous nous attendons à ce que la Russie intensifie ses attaques cette semaine», a prévenu le président ukrainien Volodymyr Zelensky. «Nous sommes prêts (...) Notre armée tient le coup».

Kiev a fait état d'une augmentation des bombardements dans la région de Kharkiv (nord-est) et celle de Donetsk (est), «tout au long de la ligne de front», évoquant un mort et sept blessés dont un enfant.

Selon M. Zelensky, les Russes «regroupent leurs forces» en direction de Kharkiv et dans la région de Zaporijjia (sud).

La ville de Severodonetsk, agglomération clé pour la mainmise sur le Donbass, partiellement contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014, est au coeur de combats terribles depuis des semaines.

«Les Russes contrôlent la plupart des quartiers résidentiels», mais «plus du tiers de la ville» leur échappe, a déclaré le chef de l'administration locale, Olexander Striouk, déplorant «des combats de rue 24 heures sur 24».

Le village de Metolkine, au sud-est de la ville, est tombé aux mains des Russes. Les Russes «ont tenté une percée dans la zone de Toshkivka», au sud de Lyssytchansk, mais sans y parvenir, a affirmé Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la province de Lougansk.

A Lyssytchansk, séparée de Severodonetsk par la rivière Donets, on se prépare aux combats: des soldats creusent des trous et mettent des barbelés et la police place des véhicules calcinés en travers des rues.

L'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW) observe que les Russes se préparent «pour avancer sur Sloviansk depuis le sud-est d'Izioum et l'ouest de Lyman».

Le Sud

Moscou assure avoir frappé une usine de Mykolaïv et détruit «10 obusiers de 155 mm M777 et jusqu'à une vingtaine de véhicules blindés» fournis par l'Occident. Des affirmations invérifiables.

L'ISW estime que l'armée russe renforce ses points défensifs sur le front sud, après une série de contre-attaques ukrainiennes sur la frontière entre les régions de Kherson et de Mykolaïv.

Les progressions ukrainiennes autour de Zaporijjia forcent les Russes «à précipiter des renforts sur cette zone affaiblie du front», ajoute l'institut, qui juge que les forces de Kiev «pourraient être capables de menacer Kherson», ville occupée par les Russes, dans les semaines qui viennent.

Mer Noire

Les Russes ont accusé Kiev d'avoir tiré sur des plateformes de forage en mer au large de la Crimée. Le gouverneur local, installé par Moscou après l'annexion en 2014 de la péninsule, a fait état de trois blessés et sept portés disparus.

Selon Olga Koivitidi, une sénatrice de Crimée citée par l'agence de presse russe Ria Novosti, les frappes ont visé les plateformes gazières du champ d'Odesskoïe, à 71 km d'Odessa.

Gennadiï Troukhanov, maire d'Odessa, a fait état pour sa part lundi d'une violente explosion en ville. «Suite à l'interception d'un missile ennemi ce matin, environ 80 fenêtres ont été soufflées par l'onde de choc».

L'Europe

Après une recommandation positive de la Commission européenne, les 27 membres de l'UE se retrouvent jeudi et vendredi pour se prononcer sur l'octroi à Kiev du statut de candidat à l'adhésion. Un feu vert nécessite une unanimité.

«Depuis 1991, il y a eu peu de décisions aussi fatidiques pour l'Ukraine que celle que nous attendons aujourd'hui», a estimé le président Zelensky, en se disant «convaincu que seule une réponse positive est dans l'intérêt de toute l'Europe».

Céréales

Des «négociations difficiles» sont en cours pour débloquer les ports ukrainiens, où des millions de tonnes de céréales ne peuvent être exportées vers l'Afrique en raison du blocus de la flotte russe en mer Noire, a déclaré en visioconférence aux membres de l'Union africaine le président Zelensky.

Le chef de la diplomatie européenne, l'Espagnol Josep Borrell, a accusé Moscou de commettre un «véritable crime de guerre» en bloquant ces exportations. «On ne peut imaginer que des millions de tonnes de blé restent bloquées en Ukraine quand le reste de la population mondiale souffre de la faim».

Victimes civiles et militaires

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit, certainement très lourd.

Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales parlent de 15'000 à 20'000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kiev. Aucune statistique indépendante n'est disponible.

Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés

Plus de sept millions d'Ukrainiens sont déplacés dans le pays, selon l'ONU. S'y ajoutent 7,7 millions qui ont fui à l'étranger. Avant l'invasion russe, l'Ukraine comptait 37 millions d'habitants dans le territoire contrôlé par Kiev, amputé notamment de la Crimée annexée par Moscou en 2014.