Ukraine La situation sur le terrain au 139e jour

ATS

12.7.2022 - 19:49

L'Ukraine a annoncé avoir frappé dans la nuit un dépôt d'armes russe dans la région occupée de Kherson, dans le sud du pays. Les autorités d'occupation russes ont accusé Kiev d'avoir touché des maisons et fait de nombreuses victimes.

Soldats russes en faction près de Kherson.
Soldats russes en faction près de Kherson.
ATS

Keystone-SDA

Voici un point de la situation mardi, au 139e jour de la guerre, à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

Frappe ukrainienne contre un dépôt de munitions

Quelque 52 soldats russes ont péri et «un entrepôt avec des munitions» a été détruit à Nova Kakhovka, à environ 70 km de Kherson, une ville de 290'000 habitants, ont affirmé des responsables militaires ukrainiens chargés du sud du pays.

Des vidéos visibles sur les réseaux sociaux montrent un champignon de fumée de plusieurs dizaines de mètres de haut se former après la frappe, la région de Kherson étant largement occupée par les forces russes depuis leur invasion de l'Ukraine le 24 février, même si les Ukrainiens y mènent une contre-attaque.

«Il n'y a pas de cible militaire ici», a toutefois réagi le chef de l'administration militaro-civile installée dans cette ville par les forces russes, Vladimir Leontiev, pour qui «des dizaines de maisons ont été touchées». Il a dénoncé sur Telegram une attaque «cynique avec des missiles de haute précision».

Selon le professeur en études stratégiques de l'université écossaise de Saint Andrews, Phillips O'Brien, ce «dépôt de munitions russe détruit la nuit dernière» par Kiev en dit long sur «les véritables problèmes», notamment logistiques, «auxquels les Russes sont confrontés».

Alors que les Ukrainiens ont récemment multiplié ce genre de frappes, les Russes «ont laissé un dépôt de ravitaillement majeur, ridiculement facile à localiser, exactement là où on s'attend à le trouver», c'est-à-dire à l'intersection d'une voie ferrée et du fleuve Dniepr, estime-t-il.

Libérations

Donc «soit les Russes sont incapables de réagir à cause d'une défaillance du commandement, soit ils ne peuvent pas déplacer les dépôts parce qu'ils n'ont pas les moyens de le faire», juge-t-il.

Dans cette même région de Kherson, le renseignement militaire ukrainien a annoncé mardi avoir libéré cinq Ukrainiens, dont un soldat et un ancien policier, détenus par les Russes.

Les forces russes ont de leur côté bombardé Mykolaïv, autre grande ville du sud, 19 de leurs missiles ayant touché plusieurs bâtiments civils, faisant 12 blessés, selon le gouverneur de cette région, Vitaly Kim.

Sur le front est, des tirs d'artillerie se faisaient entendre mardi dans le centre de Bakhmout, une cible majeure de Moscou, dans la région de Donetsk.

Le bilan du bombardement russe dimanche d'un immeuble d'habitation à Tchassiv Iar, dans cette même région, a grimpé à 41 morts, selon la branche locale des services de secours ukrainiens.

L'avertissement de Loukachenko

Le dirigeant du Bélarus Alexandre Loukachenko a dit mardi avoir discuté la veille avec le président russe Vladimir Poutine de «plans» d'attaque contre la Russie que les Occidentaux ont selon lui préparés.

Ces «plans» prévoient des offensives «passant par l'Ukraine et par le Bélarus», a assuré M. Loukachenko. «L'histoire se répète», a-t-il conclu, en allusion aux invasions de la Russie par Napoléon 1er et par l'Allemagne nazie.

L'Institut américain pour l'étude de la guerre estime «faible» le risque d'un engagement direct du Bélarus aux côtés de la Russie, car il aurait un impact sur «la stabilité et même la survie du régime de Loukachenko».

2,7 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine

Les ministres des Finances de l'UE ont approuvé mardi une nouvelle aide financière d'un milliard d'euros pour aider l'Ukraine à affronter les conséquences de la guerre, première tranche d'un paquet de 9 milliards d'euros annoncé en mai par la Commission européenne.

Ce montant porte à 2,2 milliards d'euros le total de l'assistance macrofinancière des Vingt-Sept à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe du pays fin février. Kiev affirme avoir besoin de cinq milliards de dollars par mois pour continuer à faire fonctionner son économie.

Quelque 13,8 milliards d'euros d'avoirs d'oligarques et d'autres entités ont par ailleurs été gelés dans l'UE, pour l'essentiel dans cinq pays membres, du fait des sanctions contre la Russie, a annoncé mardi le commissaire européen à la Justice Didier Reynders.

Les Etats-Unis vont de leur côté verser une nouvelle tranche d'aide économique à l'Ukraine d'un montant de 1,7 milliard de dollars, a annoncé mardi la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen.

Ce versement porte à 4 milliards de dollars l'aide économique apportée par Washington à Kiev depuis le début du conflit.

Discussions sur les céréales en Turquie

Des délégations russe et ukrainienne ainsi que des représentants de l'ONU se rencontreront mercredi à Istanbul pour discuter de la reprise des livraisons par la mer Noire de céréales bloquées dans les ports ukrainiens, a annoncé mardi le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar.

Cette réunion quadripartite interviendra dans un contexte de hausse mondiale des prix des denrées alimentaires, l'Ukraine étant l'un des principaux exportateurs mondiaux de blé et d'autres céréales.

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. L'ONU a recensé près de 5000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais reconnaît que leur nombre véritable est sans doute largement supérieur.

Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20'000 morts, sans fournir de preuves.

Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15'000 à 20'000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kiev.