Le point sur l'Ukraine La situation sur le terrain au 76e jour de conflit

ATS

10.5.2022 - 08:07

Deux mois et demi après le début de la guerre en Ukraine, les forces russes poursuivent une offensive meurtrière dans l'est et le sud du pays. Le président russe Vladimir Poutine, célébrant la victoire de 1945 sur le nazisme, a affirmé lundi que son pays ne faisait que se «défendre» contre une «menace inacceptable» à ses frontières.

Un char russe détruit est vu au coucher du soleil dans le village de Vilkhivka, récemment repris par les forces ukrainiennes près de Kharkiv, en Ukraine, le lundi 9 mai 2022.
Un char russe détruit est vu au coucher du soleil dans le village de Vilkhivka, récemment repris par les forces ukrainiennes près de Kharkiv, en Ukraine, le lundi 9 mai 2022.
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Keystone-SDA

Le président russe s'efforce de placer le conflit en Ukraine dans la ligne de 1945, qualifiant sans cesse l'adversaire de néonazi, pour justifier l'invasion et alimenter le soutien des Russes à ce conflit.

Voici un point de la situation à partir d'informations des journalistes de l'AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d'analystes et d'organisations internationales.

La Russie «se défend» en Ukraine, dit Poutine

Le président russe a proclamé lundi que son armée combattait en Ukraine pour défendre «la patrie» contre une «menace inacceptable», dans une allocution sur la place Rouge suivie de la traditionnelle parade militaire du 9 mai qui marque la victoire sur les nazis en 1945 et le sacrifice de millions de Soviétiques.

«Une menace absolument inacceptable se constituait, directement à nos frontières», a-t-il affirmé, accusant de nouveau l'Ukraine de néonazisme et qualifiant son offensive de «riposte préventive» et de «seule bonne décision».

«Parler d'une action défensive est une absurdité flagrante, parler d'autre chose que d'une guerre préméditée» est «un affront à la vérité historique», a réagi lundi porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.

Une loi d'assistance réactivée

Le président des Etats-Unis Joe Biden a réactivé lundi une loi permettant d'accélérer l'envoi à l'Ukraine d'équipement militaire, le «Ukraine Democracy Defense Lend-Lease Act of 2022», «basé sur un programme de la Seconde guerre mondiale destiné à aider l'Europe à résister à Hitler», selon la Maison Blanche.

Ce dispositif a «été soutenu par presque tous les membres du Congrès» américain, selon la même source.

Réunion spéciale du Conseil des droits de l'homme

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU va organiser jeudi à la demande de Kiev, soutenue par des dizaines de pays, une session extraordinaire sur «la détérioration de la situation des droits humains en Ukraine» envahie par la Russie.

Il s'agit de la première réunion consacrée à ce sujet depuis que l'Assemblée générale de l'ONU a suspendu la Russie début avril, de la plus haute instance de l'organisation internationale en matière des droits de l'homme.

Ukrainiens envoyés en Russie contre leur gré

Des Ukrainiens ont été «envoyés contre leur gré en Russie», a déclaré lundi le porte-parole du Pentagone, John Kirby, confirmant des informations des autorités ukrainiennes.

Selon une responsable du gouvernement ukrainien, Lioudmila Denissova, «plus de 1,19 million de nos citoyens, y compris plus de 200'000 enfants, ont été déportés vers la Fédération de Russie».

Combats dans l'Est, frappes à Odessa

Sur le terrain lundi, «des batailles très intenses se déroulaient autour de Roubijné et de Bilogorivka» dans la région de Lougansk (est), a indiqué le gouverneur Serguiï Gaïdaï.

Et dans le port d'Odessa, le président du Conseil européen Charles Michel a été contraint de se mettre à l'abri pendant une frappe alors qu'il effectuait une visite surprise de soutien, a rapporté lundi un responsable de l'UE.

La ville a été frappée lundi soir par une série de missiles, détruisant des bâtiments, mettant le feu à un centre commercial et tuant une personne, a indiqué son conseil municipal.

Milliers de morts

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes ont parlé il y a plusieurs semaines de 20'000 morts. Et les enquêteurs ukrainiens affirment avoir identifié «plus de 8000 cas» présumés de crimes de guerre.

Sur le plan militaire, le ministère ukrainien de la Défense évalue les pertes russes à plus de 25'000 hommes, 199 avions et 1130 chars depuis le début de l'invasion le 24 février.

Le Kremlin a récemment admis des «pertes importantes». Certaines sources occidentales évoquent jusqu'à 12'000 soldats russes tués.

Le président Zelensky a déclaré qu'environ 2500 à 3000 soldats ukrainiens avaient été tués et quelque 10'000 blessés.

Aucune statistique indépendante n'est disponible.

Millions de déplacés et réfugiés

Selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), plus de 5,4 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays. Parmi eux, 90% de femmes et d'enfants, les hommes de 18 à 60 ans, susceptibles d'être mobilisés, n'ayant pas le droit de partir.

Plus de 7,7 millions d'Ukrainiens ont été déplacés à l'intérieur du pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).