Un groupe soutenant la contestation en Iran, déclenchée par la mort de Mahsa Amini, a réussi à pirater une chaîne de la télévision d'Etat en diffusant en plein journal une image du guide suprême Ali Khamenei entouré de flammes.
«Le sang de nos jeunes dégouline de tes doigts», indique un message apparu à l'écran lors de la diffusion samedi soir du journal de la télévision d'Etat. Il accompagne une photo manipulée d'Ali Khamenei, le corps entouré de flammes et la tête dans un viseur.
«Il est temps de ranger tes meubles (...) et de te trouver un autre endroit pour y installer ta famille à l'extérieur de l'Iran», peut-on lire sur un autre message accompagnant la photo.
Quelques secondes
La cyberattaque, qui a duré quelques secondes, a été revendiquée par un groupe se faisant appeler Edalat-e Ali (La justice d'Ali) qui appuie le mouvement de contestation, le plus important en Iran depuis les manifestations contre la hausse des prix de l'essence en 2019.
Plusieurs médias en persan basés à l'étranger ont partagé une vidéo montrant la cyberattaque. A la fin de la vidéo, on peut voir le présentateur du journal télévisé l'air crispé, ses yeux fixant la caméra.
En Iran, l'agence de presse Tasnim a confirmé que la télévision d'Etat avait «été piratée pendant quelques instants par des agents anti-révolutionnaires».
«Nous nous battrons»
Dimanche, apparaissant pour la première fois en vidéo depuis sa libération sous caution mardi, l'artiste Shervin Hajipour, connu pour sa chanson «Baraye» soutenant le mouvement et ayant fait près de 40 millions de vues sur Instagram, a affirmé qu'il voulait seulement «exprimer sa sympathie» envers les manifestants.
La veille, alors que le mouvement entrait dans sa quatrième semaine, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes et les rassemblements de solidarité se sont poursuivis à l'étranger.
Selon l'analyste iranien Omid Memarian, une vidéo a montré des protestataires à Téhéran criant «Mort au dictateur».
Ailleurs, des écolières ont scandé «Femme, vie, liberté», le cri de ralliement des manifestants, à Saqez, la ville natale de Mahsa Amini dans la province du Kurdistan (nord-ouest), et marché en agitant leur foulard au-dessus de leur tête, a indiqué l'ONG de défense des droits humains Hengaw, basée en Norvège.