Combats en Birmanie La Thaïlande met en garde contre une intrusion

ATS

12.4.2024 - 15:00

La Thaïlande a prévenu vendredi qu'elle n'accepterait aucune «violation» de son sol à la suite de combats près de sa frontière côté birman, où le pouvoir militaire a confirmé le retrait de ses troupes de la ville stratégique de Myawaddy.

La Birmanie est proie à une rébellion depuis que l'armée a renversé le gouvernement démocratiquement élu d'Aung San Suu Kyi (archives).
La Birmanie est proie à une rébellion depuis que l'armée a renversé le gouvernement démocratiquement élu d'Aung San Suu Kyi (archives).
ATS

Keystone-SDA

«Nos soldats montent la garde le long de la frontière, montrant ainsi que nous sommes prêts à protéger et à ne laisser personne violer notre souveraineté», a déclaré à des journalistes le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Parnpree Bahiddha-Nukara, venu vendredi à Mae Sot, cité sise à la frontière avec la Birmanie.

«La Thaïlande a clairement indiqué qu'elle ne permettrait à personne de violer son territoire, qu'elle ne l'accepterait pas», a-t-il ajouté, alors que des Birmans se sont pressés par centaines ces derniers jours à la frontière pour fuir les combats.

Les forces de l'Union nationale Karen (KNU) combattant les militaires au pouvoir ont annoncé jeudi que les troupes gouvernementales avaient quitté Myawaddy, une localité stratégique pour le commerce avec la Thaïlande.

Quelque 200 soldats birmans sont partis de cette ville pour se réfugier sur un pont la reliant à Mae Sot, avait déclaré à l'AFP Padoh Saw Taw Nee, le porte-parole de la KNU.

Zaw Min Tun, le porte-parole de la junte, a confirmé jeudi soir aux médias nationaux que ces militaires «avaient dû se retirer» de leur base, invoquant la sécurité de leurs familles.

Pourparlers

Il a souligné, auprès de la BBC en langue birmane, que les autorités birmanes et thaïlandaises étaient en pourparlers «à leur sujet» mais n'a pas fourni leur nombre. Certains combattants de la KNU sont entrés à Myawaddy, a-t-il par ailleurs reconnu, sans donner plus de détails.

La Thaïlande a une frontière de 2400 kilomètres de long avec la Birmanie, où le coup d'Etat militaire de 2021 a rallumé le conflit avec les minorités ethniques.

Vendredi matin, le calme régnait de nouveau autour de la Moei, la rivière qui sépare les deux pays, ont constaté sur place des journalistes de l'AFP.

Un soldat thaïlandais a raconté qu'il avait entendu des coups de feu et des explosions en Birmanie pendant sa garde de nuit à la frontière.

Vendredi, côté birman, un haut-parleur diffusait des prières bouddhistes.

Défaite humiliante

Sept blindés thaïlandais transportant des troupes sont arrivés vendredi matin pour assurer la relève, soulevant des nuages de poussière sur la route.

Une poignée de camions sont parvenus à entrer en Thaïlande en provenance de Birmanie par le «2e pont de l'amitié», selon des journalistes de l'AFP. Aucun n'a été vu circulant dans l'autre sens.

Une source au sein de la KNU a affirmé que ses combattants et les «Forces de défense du peuple» alliées avaient affronté l'armée vendredi à Kawkareik, à environ 40 kilomètres de Myawaddy par la route, sans autres précisions.

Un habitant de la ville voisine de Kyonedoe a assuré que deux civils avaient été blessés par des tirs d'artillerie dans la nuit de jeudi à vendredi.

La junte birmane envoyait pour sa part des renforts vers Myawaddy, ont déclaré des sources militaires à l'AFP jeudi.

La prise complète de cette localité constituerait une défaite humiliante pour les généraux birmans au pouvoir, après une série de revers sur le champ de bataille ces derniers mois, notamment dans le nord et l'ouest de la Birmanie.

Il y a deux jours, un groupe ethnique armé de l'Etat de Rakhine (ouest) a appelé la population de la capitale régionale Sittwe à en partir, prévenant qu'une «bataille décisive» se préparait.

Des affrontements secouent cet Etat depuis que l'armée d'Arakan (AA) a attaqué les forces de sécurité en novembre, mettant fin à un cessez-le-feu largement respecté depuis le coup d'État militaire de 2021.

La junte tient Sittwe mais, ces dernières semaines, les combattants de l'AA ont progressé dans les districts environnants, l'encerclant pratiquement.

«Bataille décisive»

«Je voudrais conseiller aux personnes qui sont bloquées dans les zones ennemies comme Sittwe et Kyaukpyu de venir et de rester dans nos zones libérées dès que possible», a lancé le chef de l'AA, Twan Mrat Naing, dans un discours mercredi.

«Nous devons nous préparer à une bataille décisive», a-t-il ajouté.

La Thaïlande a quant à elle fait savoir qu'elle se préparait à accueillir jusqu'à 100'000 Birmans.

La Birmanie est proie à une rébellion depuis que l'armée a renversé le gouvernement démocratiquement élu d'Aung San Suu Kyi. Mais la junte fait actuellement face à la menace la plus grande qu'elle ait jamais connue.