GazaLa trêve est prolongée et de nouvelles libérations sont attendues
ATS
28.11.2023 - 10:52
De nouveaux otages aux mains du Hamas doivent être libérés mardi en échange de prisonniers détenus par Israël, après la prolongation pour deux jours de la trêve dans la bande de Gaza. Cette mesure offre un répit supplémentaire aux habitants du territoire palestinien.
28.11.2023, 10:52
28.11.2023, 11:04
ATS
Peu avant la fin de cette trêve de quatre jours, les Etats-Unis et le Qatar ont annoncé sa prolongation jusqu'à jeudi 06h00 suisses, afin de permettre la libération d'environ 20 otages et 60 détenus supplémentaires, soit un ratio d'un otage pour trois prisonniers. Le gouvernement israélien a reçu la liste de dix otages devant être libérés dans la journée, selon des médias israéliens.
Cette pause des combats doit permettre en parallèle l'entrée de nouveaux camions d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée et bombardée pendant sept semaines par l'armée israélienne en représailles à l'attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a salué une «lueur d'espoir (...) au milieu des ténèbres de la guerre».
Malgré l'arrivée via l'Egypte, depuis le 24 novembre, de centaines de camions chargés d'aide d'urgence, les besoins restent immenses et la situation humanitaire «catastrophique», selon un émissaire de l'ONU, dans le petit territoire où 1,7 des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre.
L'accord de trêve négocié sous l'égide du Qatar, avec l'appui de l'Egypte et des Etats-Unis, a permis jusqu'à présent la libération de 50 otages détenus à Gaza depuis le 7 octobre, et de 150 Palestiniens écroués dans des prisons israéliennes. Dix-neuf autres otages, en grande partie des travailleurs étrangers en Israël, ont été libérés par le Hamas en dehors du cadre de cet accord.
Mais en Israël, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son gouvernement restent soumis à une très forte pression de l'opinion publique, traumatisée par l'attaque du Hamas, qui exige le retour des otages. L'armée israélienne a estimé qu'environ 240 personnes avaient été enlevées le 7 octobre et emmenées à Gaza.
Les alliés occidentaux d'Israël, à commencer par les Etats-Unis, ont eux aussi multiplié les appels à une extension de la trêve.
Une joie «incomplète»
Dans la nuit, onze otages israéliens avaient été libérés de la bande de Gaza, dont trois ayant la double nationalité française, Erez et Sahar Kalderon, 12 et 16 ans, et Eitan Yahalomi. Les avocats de la famille Kalderon ont exprimé leur «immense joie», mais une joie «incomplète» car le père d'Erez et de Sahar reste aux mains du Hamas.
Peu après, Israël a libéré 33 Palestiniens écroués dans ses prisons. «Je ne peux pas décrire ce que je ressens. C'est une joie indescriptible», a déclaré l'un d'eux, Mohamed Abou al-Humus, en rentrant chez lui à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, où il a étreint sa mère, selon une équipe de l'AFP sur place.
Mais à Beitunia, en Cisjordanie occupée, où des prisonniers libérés sont arrivés dans un autocar blanc, les célébrations ont été de courte durée: un jeune palestinien a été «tué par balle» lors de heurts avec les forces israéliennes, selon le ministère palestinien de la Santé.
Nouvelle prolongation?
Peu avant la reconduction de la trêve, le bureau du Premier ministre israélien avait accepté d'inclure «50 prisonnières» à la liste des Palestiniens susceptibles d'être libérés, dont Ahed Tamimi, jeune icône de la cause palestinienne arrêtée début novembre.
Pendant ce temps, les médiateurs s'activent en coulisses pour prolonger encore la trêve au-delà de jeudi, afin d'augmenter les libérations et permettre l'acheminement de l'aide humanitaire, dont l'entrée dans la bande de Gaza est soumise au feu vert d'Israël.
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, se rendra une nouvelle fois en Israël et en Cisjordanie occupée d'ici à la fin de semaine, pour rencontrer Benjamin Netanyahu et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
M. Blinken «insistera sur le besoin de continuer à fournir une aide humanitaire à Gaza, d'assurer la libération de tous les otages et d'améliorer la protection des civils à Gaza», a indiqué un responsable américain.
«Lever le siège» de Gaza
Le ministre iranien des affaires étrangères Hossein Amirabdollahian a de son côté affirmé que les priorités actuelles sont d'établir un cessez-le-feu durable, de lever le siège, d'envoyer de l'aide humanitaire et de mettre fin à la migration forcée des Palestiniens. Il l'a dit lors d'un échange téléphonique avec le conseiller fédéral Ignagzio Cassis, selon la télévision d'Etat iranienne.
De son côté, le chef de la diplomatie suisse s'est dit préoccupé par la situation dans les territoires palestiniens. Il a déclaré que la libération des otages par le Hamas était une question très importante pour la Suisse, tout comme le soutien à la population civile, l'envoi d'aide humanitaire à Gaza et la prévention de l'extension du conflit, ajoute la même source.
Côté israélien, l'armée et le gouvernement ont réitéré ces derniers jours leur intention de reprendre à terme les combats, afin de «détruire» le Hamas, «s'assurer que la bande de Gaza ne sera jamais une menace à la sécurité d'Israël et libérer tous les otages». Le gouvernement s'est d'ailleurs mis d'accord dans la nuit sur une rallonge «de guerre» de 30,3 milliards de shekels (7,15 milliards de francs).
Situation «catastrophique»
Déjà soumise à un blocus israélien depuis 2007, la bande de Gaza a été placée le 9 octobre en état de siège total par Israël. Elle subit depuis de graves pénuries d'eau, de nourriture, de carburant, de médicaments et d'électricité. Plus de la moitié des logements du territoire ont été endommagés ou détruits par la guerre, selon l'ONU.
«La situation humanitaire à Gaza reste catastrophique et nécessite l'entrée urgente d'une aide supplémentaire et ce de manière fluide, prévisible et continue pour soulager les souffrances insupportables des Palestiniens à Gaza», a déclaré dans la nuit l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland.
Les besoins sont «sans précédent» dans le territoire, où «200 camions par jour pendant au moins deux mois» seraient nécessaires, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).