Venezuela Le bras droit de Guaido arrêté

ATS

9.5.2019 - 11:07

Des agents du service de renseignement vénézuélien ont arrêté le député Edgar Zambrano, bras droit de Juan Guaido.
Des agents du service de renseignement vénézuélien ont arrêté le député Edgar Zambrano, bras droit de Juan Guaido.
Source: KEYSTONE/EPA EFE/MIGUEL GUTIERREZ

Le régime du président vénézuélien Nicolas Maduro a accéléré mercredi la répression contre les auteurs de la tentative de soulèvement du 30 avril. Il a arrêté le bras droit de l'opposant Juan Guaido et inculpé de nouveaux députés.

La Cour suprême a inculpé mercredi de haute trahison, conspiration et rébellion civile trois nouveaux députés d'opposition, portant à dix le nombre d'élus poursuivis pour leur soutien à la tentative d'insurrection menée par M. Guaido. L'un d'entre eux, Edgar Zambrano, bras droit de M. Guaido et vice-président de l'Assemblée nationale, a été arrêté par le service de renseignement du régime.

«Nous alertons le peuple du Venezuela et la communauté internationale: le régime a enlevé le premier vice-président» de l'Assemblée nationale, a tweeté M. Guaido. «Ils tentent de mettre en pièces le pouvoir qui représente tous les Vénézuéliens, mais ils ne vont pas y arriver».

Condamnations internationales

Peu avant son arrestation, M. Zambrano a lui-même raconté sur Twitter que des agents du service de renseignement venaient de cerner son véhicule devant le siège de son parti, Action démocratique. «Comme nous avons refusé de sortir de notre véhicule, ils ont utilisé une grue pour nous emmener de force directement à l'Helicoïde», le siège des services secrets, a-t-il tweeté.

Les Etats-Unis ont condamné «l'arrestation arbitraire» de M. Zambrano. «S'il n'est pas libéré immédiatement, il y aura des conséquences», a menacé le compte Twitter de l'ambassade américaine à Caracas, actuellement fermée.

L'UE a appelé jeudi à la «libération immédiate» du bras droit de M. Guaido. Sa détention «constitue une autre violation flagrante de la Constitution du pays», a dénoncé la porte-parole pour les affaires étrangères de l'UE, Maja Kocijancic, dans un communiqué.

Elle a dénoncé «une action à motivation politique visant à réduire au silence l'Assemblée nationale». L'Argentine, la Colombie, le Chili et le Pérou ont également exigé la libération de l'opposant.

«Faire régner la peur»

«La peur ne nous arrêtera pas», a déclaré à l'AFPTV Juan Guaido au cours d'un déplacement dans la localité de La Guaira, à 30 km au nord de Caracas. «C'est la seule stratégie qu'il reste au régime (...), faire régner la peur».

Une députée inculpée, Mariela Magallanes, s'est réfugiée dans la résidence de l'ambassadeur d'Italie à Caracas, tandis que les autres élus poursuivis évitaient de se montrer en public. Une autre figure de l'opposition, Leopoldo Lopez, s'est réfugié dans l'ambassade d'Espagne le 30 avril, après l'échec de la tentative de soulèvement.

Les troubles qui avaient suivi cet appel à l'insurrection avaient fait six morts, des centaines de blessés et entraîné quelque 200 arrestations, selon le procureur général du Venezuela Tarek William Saab. La tentative avait échoué, la majorité des militaires étant restés fidèles à M. Maduro.

Pouvoirs contestés

«Ils devront payer devant la justice pour le coup d'Etat», a affirmé le numéro deux du régime et président de l'Assemblée constituante, Diosdado Cabello, pour célébrer l'arrestation de M. Zambrano.

La Constituante est l'une des deux assemblées au Venezuela. Créée en 2017, elle remplace dans les faits l'Assemblée nationale, dominée par l'opposition mais dont les décisions ne sont plus prises en compte par l'exécutif. La Constituante dispose de pouvoirs étendus, dont celui de lever l'immunité parlementaire des députés, ce qu'elle a fait pour les élus poursuivis par la Cour suprême.

A Genève, le secrétaire général de l'Union interparlementaire (UIP) Martin Chungong s'est dit «opposé» à la levée de l'immunité parlementaire des membres de l'Assemblée nationale par «un autre organe». Devant les correspondants accrédités à l'ONU, il a rappelé que le parlement des Parlements ne reconnaissait pas l'Assemblée constituante ni aucune de ses décisions.

Retour à la page d'accueil