Syrie Le «califat» de l'Etat islamique éliminé

ATS

23.3.2019 - 11:01

Le «califat» autoproclamé de l'organisation Etat islamique (EI) a été totalement éliminé, ont annoncé les Forces démocratiques syriennes (FDS). L'alliance arabo-kurde dit avoir conquis le dernier territoire tenu par les djihadistes en Syrie

«Les Forces démocratiques syriennes déclarent la totale élimination du soi-disant califat et une défaite territoriale à 100% de l'EI», a déclaré samedi un porte-parole des FDS, Mustefa Bali, dans un communiqué.

A l'issue de mois de combats, les FDS ont réussi à s'emparer des dernières positions djihadistes à Baghouz, un village de l'est de la Syrie, proche de la frontière irakienne. Les combats ont été très violents face aux derniers irréductibles de l'EI, a précisé ce porte-parole, mais les FDS ont désormais levé leur drapeau sur Baghouz pour célébrer leur victoire.

Le «califat» autoproclamé du groupe Etat islamique (EI) a été totalement éliminé.
Le «califat» autoproclamé du groupe Etat islamique (EI) a été totalement éliminé.
Source: KEYSTONE/AP Amaq News Agency

Moment historique

Maintenant que le groupe Etat islamique a officiellement perdu son «califat» autoproclamé, le Pentagone peut parler d'un moment historique dans la lutte qu'il mène depuis des années contre les djihadistes.

Car, au moins d'un point de vue militaire, les Etats-Unis peuvent revendiquer un succès significatif dans leur stratégie consistant à travailler «avec et par le biais» des forces locales. Ce sont les forces de sécurité en Irak et une milice kurde en Syrie qui ont assumé le gros des combats – et des pertes humaines.

La mission menée par les Etats-Unis a commencé fin 2014 sous la président démocrate de Barack Obama, après que des combattants de l'EI ont saisi des pans de territoire de la taille de la Grande-Bretagne à travers l'Irak et la Syrie. Washington a alors formé une coalition qui a fini par rassembler plus de 70 pays, dont plusieurs ont commencé à bombarder des positions de l'EI fin 2014.

34'000 frappes aériennes

Depuis, la coalition a mené quelque 34'000 frappes aériennes en Syrie et en Irak. Plutôt que d'engager un grand nombre de troupes dans la bataille, la coalition a combiné campagne aérienne, formation des forces locales et conseils à ces dernières. Une décision découlant en partie de la guerre d'Irak, dans laquelle plus de 4400 militaires américains sont morts.

A son apogée en 2014, l'EI contrôlait un territoire aussi vaste que la Grande-Bretagne en Irak et en Syrie. L'organisation responsable d'atrocités et d'attentats meurtriers y compris en Europe y avait imposé un règne de terreur.

Le dernier assaut des FDS contre l'ultime poche de l'EI à Baghouz, lancé début février, est la dernière phase d'une opération déclenchée en septembre 2018. Elle visait à chasser le groupe des derniers secteurs sous son contrôle en Syrie.

La campagne militaire, soutenue dans les airs par la coalition internationale mise sur pied par les Etats-Unis, a été ralentie. Des dizaines de milliers de personnes, dont des milliers de djihadistes et leurs familles, ont d'abord dû sortir de l'enclave.

Les bombardements se sont poursuivis jusque tard dans la nuit avant la proclamation de la victoire par les FDS. Les djihadistes étaient au final acculés dans une petite bande de territoire au bord du fleuve Euphrate, dans la province de Deir Ezzor.

Il ne restait qu'une «colline contrôlée par l'EI», selon un responsable des forces arabo-kurdes. Ces dernières heures, des combattants des FDS étaient visibles sur les toits de bâtisses de Baghouz, au milieu de l'océan de ruines qu'est devenu le village.

Depuis septembre, plus de 750 combattants des FDS ont péri dans les combats et presque le double de djihadistes, selon l'OSDH. Et depuis janvier, plus de 67'000 personnes ont quitté la poche de l'EI, dont 5000 djihadistes arrêtés après leur reddition, selon les FDS.

Appel aux attaques

Quelques heures avant sa défaite, l'EI a, dans une vidéo diffusée sur ses comptes sur les réseaux sociaux, rejeté les déclarations sur la fin imminente du «califat». Elle a appelé ses partisans à mener des attaques contre «les ennemis» en Occident.

L'EI avait proclamé en juin 2014 un «califat» sur de vastes régions conquises à cheval entre la Syrie et l'Irak. Son territoire s'était ensuite réduit comme peau de chagrin ces deux dernières années avec la multiplication des assauts contre l'organisation djihadiste.

Malgré les défaites l'EI a, semble-t-il, déjà entamé sa mue en organisation clandestine. Elle parvient toujours à mener des attaques sanglantes.

La bataille contre l'EI était le principal front de la guerre en Syrie qui a fait plus de 370'000 morts depuis mars 2011. Le régime syrien de Bachar al-Assad, soutenu par la Russie et l'Iran, a reconquis près des deux-tiers du pays.

La guerre en Syrie, déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie, s'est complexifiée au fils des ans avec l'implication de puissances étrangères et de groupes djihadistes.

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