«Il cachait quelque chose»Le cancer de Biden alimente la théorie de Trump et son équipe
Megane Bochatay
19.5.2025
Plusieurs alliés de Donald Trump ont utilisé lundi l'annonce du cancer de Joe Biden pour alimenter une théorie selon laquelle l'ancien président démocrate et son équipe dissimulaient des éléments concernant sa santé déclinante lorsqu'il était en poste.
Trump se moque depuis des années de la santé et des capacités cognitives soi-disant déclinantes de Joe Biden, qu'il surnomme souvent «Joe l'endormi» (archives).
KEYSTONE
19.05.2025, 23:13
20.05.2025, 07:15
Megane Bochatay
Bien que Donald Trump ait fait part de sa «tristesse» après l'annonce dimanche que Joe Biden, 82 ans, souffre d'une forme «agressive» d'un cancer de la prostate, son vice-président JD Vance a eu une réaction assez différente: «Nous devons vraiment être honnêtes: l'ancien président était-il capable de faire son travail ?», s'est-il interrogé.
Et l'un des fils du président, Donald Trump Jr, est même allé plus loin, se demandant ouvertement s'il n'y avait pas eu «dissimulation».
Lundi, le président américain lui-même a suggéré que le cancer de la prostate dont souffre son prédécesseur était connu. «Je m'étonne que le public n'ait pas été informé il y a bien longtemps», a déclaré le républicain à des journalistes, soulignant qu'il fallait «beaucoup de temps pour arriver (...) à un stade 9».
Le débat sur le déclin progressif de Joe Biden lors de son mandat a été remis en lumière samedi avec la publication d'une bande sonore datant de 2023 dans laquelle le président d'alors perd le fil de grandes dates de sa vie.
Un livre-enquête à paraître mardi raconte en outre comment la Maison Blanche a caché au monde les faiblesses grandissantes d'un président qui s'est longtemps accroché à sa tentative de réélection.
Joe Biden, qui était le président américain le plus âgé de l'histoire lorsqu'il a quitté son poste en janvier, a récemment nié tout déclin cognitif.
Il avait renoncé à sa réélection et cédé sa place l'été dernier à Kamala Harris dans la course à la présidentielle après un débat désastreux face à Donald Trump, investi en janvier à 78 ans.
L'équipe de Joe Biden, et particulièrement son épouse Jill, ont toujours nié avoir voulu cacher quoi que ce soit concernant sa santé.
«Encore une dissimulation ??»
JD Vance a fait part de ses doutes à ce sujet dimanche, après une rencontre à Rome avec le nouveau pape Léon XIV, estimant possible de «reconnaître - qu'il s'agisse des médecins ou des collaborateurs de l'ancien président - je ne pense pas qu'il était en mesure de faire du bon travail pour le peuple américain».
«D'une certaine manière, je le blâme moins lui que les gens qui l'entouraient», a ajouté le vice-président américain, 40 ans.
Donald Trump Jr s'est de son côté demandé si le cancer de Joe Biden n'aurait pas pu être détecté plus tôt, sous-entendant que l'ancien président était au courant du diagnostic depuis longtemps.
«Ce que j'aimerais savoir c'est comment la Dr Jill Biden a pu rater un cancer métastasé de stade cinq, ou est-ce que c'est encore une dissimulation ??», s'est-il interrogé sur la plateforme de son père Truth Social, en référence à l'ancienne Première dame.
Jill Biden est docteure en science de l'éducation, et il n'y a que quatre stades de gravité d'un cancer.
Trump Jr a posté ensuite une vidéo de Joe Biden, dont le fils aîné Beau est mort en 2015 d'un cancer du cerveau, où l'on voit l'ancien président dire, dans une apparente gaffe en 2022: «J'ai, et tellement d'autres gens avec qui j'ai grandi, un cancer».
Des experts interrogés par l'AFP ont estimé que le cancer de Joe Biden pouvait très bien n'avoir pas été détecté plus tôt, soulignant notamment que le test de dépistage sanguin PSA (antigène spécifique de la prostate) n'est pas généralisé au-delà de 70 ans.
Soins inadaptés?
«Il se pourrait qu'ils aient décidé d'arrêter de vérifier le PSA annuellement et qu'ensuite il a eu des symptômes urinaires», suggère Russell Pachynski, oncologue à l'université Washington dans le Missouri.
Ou bien, les tests pourraient n'avoir rien montré. «Peut-être est-ce seulement de la malchance que ce cancer spécifique n'ait pas fait apparaître beaucoup de PSA (...) Dans ces circonstances, vous n'iriez pas vérifier la prostate ou faire une biopsie, etc, à moins qu'il n'y ait des symptômes», ajoute M. Pachynski.
La Maison Blanche a évité de répondre aux questions lundi sur la possibilité que les médecins aient manqué les premiers stades du cancer de M. Biden, et sur d'éventuelles inquiétudes sur la qualité des soins que reçoivent les présidents.
«Pas en ce qui concerne le président Trump», a déclaré sa porte-parole, Karoline Leavitt, lors d'une conférence de presse. «Le médecin de la Maison Blanche que nous avons ici est phénoménal.»
Donald Trump et Joe Biden ne se sont pas parlé depuis l'annonce du cancer de ce dernier, «mais je suis sûr que le président serait ouvert à cette possibilité», a ajouté Mme Leavitt.
Pour le moment, il n'a pas porté d'accusations sur d'éventuelles dissimulations du clan Biden, se contentant d'un message dimanche où il se dit «attristé» et souhaite «un rétablissement rapide» à son prédécesseur.