Loi fondamentale Le Chili élit les rédacteurs de sa nouvelle Constitution

ATS

15.5.2021 - 15:30

Les Chiliens ont commencé à voter samedi pour désigner les rédacteurs de leur nouvelle Constitution. La nouvelle loi fondamentale doit promouvoir plus de justice sociale et permettre au pays de se débarrasser de l'ombre de Pinochet.

Les Chiliens doivent choisir les 155 élus de la future constituante parmi 1373 candidats.
Les Chiliens doivent choisir les 155 élus de la future constituante parmi 1373 candidats.
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Keystone-SDA

Cette Constitution remplacera celle rédigée en 1980 sous le régime militaire d'Augusto Pinochet (1973-1990). «Voter, c'est honorer la démocratie et faire s'épanouir notre société», a déclaré le président consevateur Sebastian Piñera sur Twitter avant de voter.

Quelque 14 millions de Chiliens sont appelés aux urnes pour ce vote qui se poursuivra dimanche. Ils doivent choisir 155 élus parmi 1373 candidats sur une base paritaire. Dix-sept sièges seront également réservés aux dix peuples autochtones du Chili.

«Cette élection définira la Constitution qui nous guidera pour les 40 ou 50 prochaines années», explique à l'AFP l'AFP Claudio Fuentes, universitaire à l'Ecole de sciences politiques de l'université Diego Portales. Ce scrutin est «certainement» le plus important en 31 ans de démocratie, estime-t-il, car «un nouveau Chili est en jeu».

«Deuxième transition»

Réécrire la Constitution était une des revendications issues du plus grand soulèvement social des dernières décennies amorcé en octobre 2019 pour réclamer une société plus égalitaire.

L'actuelle loi fondamentale limite fortement l'action de l'Etat et promeut l'activité privée dans tous les secteurs, notamment l'éducation, la santé et les retraites. Sa modification est vue comme la levée d'un obstacle essentiel à de profondes réformes sociales dans un pays parmi les plus inégalitaires d'Amérique latine.

Selon les sondages, plus de 60% de la population estime que cette constitution a créé un système qui profite à un petit nombre de privilégiés.

«Le Chili a l'occasion de réaliser sa deuxième transition (politique), ça aura pris trois décennies en raison de la trop forte tendance au statu quo du système de partis» traditionnels, dit Marcelo Mella, politologue à l'université de Santiago.

Assemblée paritaire

La nouvelle Constitution doit être rédigée dans un délai de neuf mois, prolongeable une seule fois de trois mois supplémentaires. Elle doit être approuvée ou rejetée en 2022 par un référendum à vote obligatoire.

Le scrutin, déjà reporté de trois semaines, a été étalé sur deux jours pour limiter les possibilités de contagion au Covid-19. Il comprend aussi des élections locales de maire, de conseiller municipal et, pour la première fois, de gouverneur régional. Le Chili était l'un des rares pays de l'OCDE qui n'avait pas d'autorités régionales élues. Les analystes le voient comme un test décisif avant la présidentielle de novembre.

Ce processus électoral est également le premier au monde à élire une Assemblée constituante sur une base paritaire, avec un nombre égal d'hommes et de femmes.

Gauche divisée

Les prédictions sur la composition des forces politiques qui composeront la Constituante sont hasardeuses, mais la difficulté des candidats indépendants à se faire connaître devrait privilégier les partis traditionnels.

«Il y a beaucoup de nouvelles variables en jeu: c'est une élection sans précédent dans un contexte de pandémie, avec un système de parité, avec des sièges réservés et avec des listes d'indépendants. Tout cela est nouveau. Il est donc très difficile de faire des prédictions, et nous ne savons pas avec certitude combien de personnes iront voter», note Claudio Fuentes.

L'opposition de gauche, dispersée sur 69 des 70 listes en lice, entend proposer un nouveau modèle pour le pays, avec différents droits sociaux garantis, comme l'éducation, la santé ou le logement.

De leur côté, les candidats de la droite au pouvoir regroupés sur une seule grande liste alliée à l'extrême droite défendent le système actuel, qui selon eux a favorisé la croissance économique du pays.

Les bureaux de vote doivent rester ouverts de 08h00 à 18h00 locales (14h00 à minuit en Suisse) samedi et dimanche. Les premières estimations sont attendues dimanche en début de nuit.