«Cause démocratique»Le dissident cubain José Daniel Ferrer en exil aux Etats-Unis
ATS
13.10.2025 - 21:09
Le dissident cubain José Daniel Ferrer est arrivé en exil lundi à Miami, après des décennies de lutte en faveur d'un changement démocratique à Cuba et d'opposition au gouvernement communiste.
M. Ferrer est arrivé depuis Cuba à l'aéroport de Miami, avec des membres de sa famille et un agent consulaire américain (photo prétexte, archives).
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Keystone-SDA
13.10.2025, 21:09
ATS
«Il est arrivé. Je viens de parler à José Daniel, on m'a passé le téléphone il y a un instant», a déclaré à l'AFP son frère Luis Enrique Ferrer.
M. Ferrer est arrivé depuis Cuba à l'aéroport de Miami, avec des membres de sa famille et un agent consulaire américain, a-t-il précisé.
«Finalement, mon frère a été exilé, grâce à Dieu. Nous sommes très contents malgré la tension que nous avons vécue ces derniers jours», a déclaré par téléphone à l'AFP Ana Belkis Ferrer, une soeur du dissident qui vit aux Etats-Unis.
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est dit «heureux que Ferrer soit désormais libéré de l'oppression du régime (...) après avoir subi pendant des années des abus, des tortures et des menaces de mort à Cuba».
Il a également appelé dans un communiqué à ce que La Havane libère «700 prisonniers politiques injustement détenus».
Le ministère cubain des Affaires étrangères avait indiqué un peu plus tôt dans un communiqué que le dissident avait quitté le pays avec sa famille. «Ce départ à destination des Etats-Unis a lieu après une demande formelle du gouvernement de ce pays et l'accord express de Ferrer», avait ajouté le ministère.
Début octobre, le dissident de 55 ans avait dit avoir accepté de partir en exil face aux pressions exercées par les autorités. Il avait dénoncé des «coups, tortures, humiliations et menaces» en prison.
José Daniel Ferrer était incarcéré dans la prison de Mar Verde, à Santiago de Cuba (est). Il a été emmené à l'aéroport de la ville où il a retrouvé cinq membres de sa famille qui quittent le pays avec lui, avant d'être embarqué dans un avion à destination des Etats-Unis, a précisé sa soeur à l'AFP.
Le dissident avait été remis en liberté en janvier dans le cadre d'un accord négocié avec le Vatican sous le mandat de l'ex-président américain Joe Biden en vue de la libération de centaines de prisonniers. Il avait été à nouveau emprisonné en avril.
Fondateur du mouvement Union patriotique de Cuba (Unpacu), non reconnu par les autorités, il avait été auparavant arrêté le 11 juillet 2021, tandis qu'il tentait de se joindre aux manifestations antigouvernementales historiques qui secouaient Cuba.
Un tribunal avait alors mis un terme à sa liberté conditionnelle et l'avait renvoyé en prison pour finir de purger une peine de quatre ans et demi à laquelle il avait déjà été condamné en 2020.
«Printemps noir»
Pendant ses quelques mois en liberté en 2025, José Daniel Ferrer avait défié les autorités en critiquant le pouvoir communiste sur les réseaux sociaux et rencontré le chargé d'Affaires américain, Mike Hammer, à Santiago de Cuba.
Il avait également mis en place une cantine dans sa maison pour accueillir des personnes dans le besoin, financée par des Cubains de l'étranger, une action considérée comme du prosélytisme politique par les autorités.
«Parmi les autres raisons qui m'ont poussé à envisager l'exil, il y a la posture complice ou faible du monde libre face à une tyrannie criminelle alliée aux principaux ennemis de la liberté sur la planète», avait écrit le dissident début octobre.
«Seuls les États-Unis maintiennent une position ferme contre le régime communiste et une véritable solidarité avec l'opposition pacifique et le peuple cubain», avait-il affirmé.
Né le 29 juillet 1970 à Palma Soriano, une localité de la province de Santiago de Cuba, le jeune militant Ferrer avait fait partie des 75 prisonniers politiques arrêtés lors du «Printemps noir», une vague de forte répression contre la dissidence menée en 2003 par le pouvoir de Fidel Castro.
Il avait alors été condamné à 25 ans de prison et libéré en 2011, après une négociation entre le gouvernement cubain et l'église catholique. Comme onze autres dissidents, il avait cependant refusé de quitter l'île en échange de sa libération.
Au fil des années, l'Unpacu était devenu l'une des organisations dissidentes les plus en vue, réussissant à réunir des opposants sur l'ensemble de l'île.
«Avec sa voix puissante», José Daniel Ferrer continuera «à se battre pour son pays» depuis les Etats-Unis «jusqu'au jour où il pourra revenir», a salué lundi dans un communiqué un collectif dissident, le Conseil de transition démocratique à Cuba. «Il sera essentiel pour la cause démocratique cubaine», a ajouté le collectif.