G20Le G20 veut plus de multilatéralisme dans un monde post-Covid
cc
29.6.2021 - 20:01
Fragilisé sous Trump, le multilatéralisme a été mis en avant mardi par le G20, et notamment Washington, comme le meilleur moyen de gérer des crises internationales comme la pandémie du Covid-19. Pékin a demandé toutefois à ce que cela ne reste pas qu'un slogan.
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29.06.2021, 20:01
ATS
La coopération multilatérale sera cruciale pour notre capacité collective à mettre fin à cette crise sanitaire mondiale», a ainsi estimé le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 à Matera, une petite ville touristique du sud de l'Italie.
Le ministre italien Luigi Di Maio, dont le pays préside le G20, s'est lui aussi exprimé en faveur d'"un multilatéralisme efficace sous l'égide de l'ONU», rappelant que «l'Italie a été parmi les premiers pays à demander une alliance internationale pour la réponse sanitaire à la pandémie».
Cacophonie
Depuis le début, la gestion de la pandémie a toutefois été marquée par la cacophonie, la plupart des pays choisissant de faire cavalier seul en dépit des tentatives de coordination de l'ONU et de l'Organisation mondiale de la Santé, qui n'a pas été épargnée non plus par les polémiques.
«Nous devons obtenir des résultats, pour nos pays, nos peuples et le monde entier», a lancé M. Blinken, qui achevait une tournée d'une semaine en Europe, tout en appelant à «renforcer la sécurité sanitaire mondiale afin que nous puissions mieux détecter, prévenir et répondre aux futures crises sanitaires».
Le secrétaire d'Etat a mis l'accent sur le don américain de deux milliards de dollars à COVAX, l'initiative de l'ONU pour financer les vaccinations dans les pays pauvres, et la promesse du président Joe Biden de fabriquer et donner 500 millions de doses Pfizer.
Changement d'attitude
M. Biden a également assoupli les restrictions sur les exportations et les brevets, contrastant avec la doctrine de «L'Amérique d'abord» chère à son prédécesseur.
Ce changement d'attitude vise aussi à montrer le leadership des Etats-Unis face à la montée en puissance de la Chine, considérée par Washington comme son principal défi au niveau mondial.
Dans un vidéo-message au G20, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, non présent à Matera, n'a pas cité nommément les Etats-Unis, mais les a clairement égratignés en demandant au G20 de «montrer l'exemple en pratiquant un véritable multilatéralisme et en protégeant le système international avec l'ONU au centre».
«Le multilatéralisme n'est pas seulement un slogan et ne doit pas devenir un emballage pour lancer des actions unilatérales», a-t-il lancé.
«Jusqu'ici, la Chine a fourni plus de 450 millions de doses de vaccins à une centaine de pays. La Chine appelle les pays qui le peuvent à éviter les restrictions aux exportations (de vaccins), afin de contribuer à éliminer l'inégalité d'accès aux vaccins», a-t-il rappelé.
Renverser la tendance en Afrique
La réunion de Matera visait à préparer le G20 des chefs d'Etat et de gouvernement prévu en octobre à Rome, où M. Biden devrait rencontrer pour la première fois son homologue Xi Jinping.
Alors que la majorité des vaccins ont eu pour destinataires les pays riches et la Chine, le chef de la diplomatie de la République démocratique du Congo Christophe Lutundula, invité à Matera, a demandé des «actions urgentes» pour «renverser la tendance actuelle» en Afrique, notamment en développant «la capacité de production locale de vaccins» et en augmentant «la capacité de tests dans les pays ne disposant pas des produits ou des laboratoires requis».
C'est seulement de cette manière qu'on pourra «aider les pays africains à faire face au choc de la (pandémie du) Covid et à relancer leurs économies pour le bien de la communauté internationale», a-t-il conclu.
En début de soirée, Luigi Di Maio a également annoncé l'adoption par le G20 d'une «déclaration de Matera sur la sécurité alimentaire». «Il s'agit d'un document concret, d'une invitation à agir pour toute la communauté internationale», a-t-il expliqué, rappelant que 850 millions de personnes souffrent de la famine à travers le monde.