Belgique Le gouvernement belge maintenu

ATS

21.12.2018 - 16:06

Le roi belge a accepté la démission de son Premier ministre Charles Michel (sur la photo) qui a dès lors pris la tête d'un gouvernement "en affaires courantes" (archives).
Le roi belge a accepté la démission de son Premier ministre Charles Michel (sur la photo) qui a dès lors pris la tête d'un gouvernement "en affaires courantes" (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ

Même mis en minorité, le gouvernement belge continue. Le roi a chargé vendredi l'équipe sortante conduite par Charles Michel de gérer les affaires courantes d'ici aux élections de mai, malgré la crise née du divorce avec les nationalistes flamands.

Le suspense n'en était pas vraiment un. Seuls les nationalistes de la N-VA avaient exprimé le souhait d'élections anticipées après la démission du gouvernement mardi.

Vendredi, après trois jours de consultations avec les chefs de parti, le roi Philippe a officiellement écarté cette perspective. Il a appelé à la collaboration entre Parlement et gouvernement pour que des majorités se dégagent sur des sujets importants (budget, environnement etc), afin d'assurer "la bonne gestion du pays" d'ici au printemps.

"Le Roi a accepté la démission du gouvernement et l'a chargé de l'expédition des affaires courantes", a annoncé le Palais royal dans un communiqué.

Répit

Une manière de donner au pays du répit dans la crise née du départ du gouvernement des ministres nationalistes flamands, le week-end des 8-9 décembre. Ceux-ci étaient opposés au soutien du pays au pacte mondial de l'ONU pour réguler les migrations, exprimé officiellement le 10 décembre à Marrakech (Maroc) par le Premier ministre, le libéral francophone Charles Michel.

Non contraignant et réaffirmant la souveraineté des États dans la conduite de leur politique, ce pacte pour une migration "sûre, régulière et ordonnée" avait été adopté en juillet à l'unanimité moins les Etats-Unis. Un consensus s'était alors dégagé au sein de l'exécutif belge pour soutenir le texte.

Mais depuis l'automne, une dizaine d'Etats européens ont fait marche arrière, sous l'influence des vives critiques émises chez les nationalistes. En Belgique, la N-VA, un des piliers de la coalition de centre-droit au pouvoir depuis octobre 2014, a rallié ce camp des opposants fin octobre, ce que Charles Michel a dénoncé comme une "volte-face".

Elle l'a fait sur fond de concurrence électorale avec le parti d'extrême droite Vlaams Belang, qui venait d'enregistrer de bons résultats aux élections locales en Flandre. Et la crise a fini par éclater à la veille du rendez-vous de Marrakech.

Dossiers sans enjeu "idéologique"

A la tête d'un gouvernement privé de majorité - disposant du soutien de seulement 52 des 150 députés -, Charles Michel a dû se résoudre à présenter sa démission mardi, après dix jours de vaines tractations pour retrouver des appuis au Parlement. Vendredi, le jour de ses 43 ans, il a pris la tête d'un gouvernement "en affaires courantes".

Cela permet de "garantir la continuité de l'Etat" en gérant les dossiers les moins "orientés idéologiquement", a expliqué Me Marc Uyttendaele, juriste spécialisé en droit constitutionnel. Dès lors qu'il n'est plus question de faire chuter le gouvernement, des majorités sont envisageables à la Chambre "pour aller de l'avant" sur certains textes importants, fait valoir Me Uyttendaele.

C'est le sens du message lancé vendredi par le roi Philippe. Il a prié la classe politique "d'apporter une réponse appropriée aux défis économiques, budgétaires et internationaux, et aux attentes de la population, notamment sur le plan social et environnemental".

La Belgique, royaume de 11 millions d'habitants, est coutumière de l'instabilité politique. Entre mi-2010 et décembre 2011, le pays avait tenu 541 jours sans gouvernement de plein exercice. Cela ne l'avait pas empêché de présider l'Union européenne pendant un semestre ou de décider d'intervenir militairement en Libye.

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