La Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) a appelé jeudi le gouvernement à agir davantage contre le racisme, en favorisant les dépôts de plainte et en instaurant un «gendarme» de la «haine en ligne».
Le président de la CNCDH, Jean-Marie Burguburu, en février 2018 à Paris
La CNCDH appelle le gouvernement à agir contre le racisme et la "haine en ligne"
Plaintes, internet: la CNCDH appelle le gouvernement à agir contre le racisme - Gallery
Le président de la CNCDH, Jean-Marie Burguburu, en février 2018 à Paris
La CNCDH appelle le gouvernement à agir contre le racisme et la "haine en ligne"
D'année en année, «la tolérance envers les minorités continue de progresser», estime la CNCDH dans son rapport annuel sur l'«état des lieux» du racisme en France remis au Premier ministre Jean Castex. Mais les «clichés» perdurent «à un niveau assez haut» et continuent de nourrir des actes racistes, a expliqué à l'AFP son président, Jean-Marie Burguburu.
Nombre de faits racistes, antisémites ou xénophobes restent sous-déclarés, note la CNCDH. Alors qu'en 2018 1,2 million de personnes disaient en avoir été victimes, l'année suivante on ne comptait que 7.283 affaires transmises à la justice, pour 843 condamnations.
Ce «chiffre noir» s'explique notamment par la réticence des victimes à porter plainte (seules 2% le font), faute de pouvoir prouver les faits, mais également par leur «peur de l'accueil» réservé au commissariat ou à la gendarmerie.
Ampleur de la «haine en ligne»
Dans ses recommandations prioritaires, la CNCDH appelle l'Etat à «mieux former» les policiers et gendarmes aux questions liées au racisme pour permettre aux victimes d'«aller au bout» de leurs démarches.
Elle s'inquiète également de l'ampleur de la «haine en ligne», portée notamment sur les réseaux sociaux par des discours racistes et antisémites, qui peuvent devenir viraux et «avoir de graves conséquences sur la vie des personnes qui les subissent».
Face à ce phénomène inquiétant, la CNCDH demande «à l'Etat français de se doter d'une nouvelle instance de régulation chargée de prévenir les discours de haine» et de faciliter les échanges entre utilisateurs et plateformes, pour les prévenir ou les retirer.
Plusieurs scandales
La haine et le racisme en ligne sont ces jours-ci au coeur de plusieurs scandales : de l'affaire Mila, où onze jeunes ont écopé mercredi de quatre à six mois de prison avec sursis pour cyberharcèlement, aux tweets racistes qui ont visé des joueurs de l'équipe de France après leur élimination à l'Euro de football.
Selon le baromètre 2021 de la CNCDH, «certains préjugés» racistes ou xénophobes «restent très présents» en France, même si la tolérance envers les minorités ne cesse d'augmenter depuis 2013.
Parmi les plus vivaces, 72% des personnes interrogées pensent que «de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale», 59% que «l'islam est une menace contre l'identité de la France» et 58% que «les Roms vivent essentiellement de vols et de trafics». En 2019, selon ce baromètre, les Roms étaient de loin la minorité la moins bien tolérée (36%), loin derrière les Maghrébins (72%) et les noirs et les juifs (79%).