Diplomatie Le Kirghizstan annonce une trève avec le Tadjikistan

ATS

29.4.2021 - 18:21

Le Kirghizstan a annoncé jeudi un cessez-le-feu avec le Tadjikistan après des accrochages frontaliers ayant fait au moins un mort et 32 blessés. Il s'agit des pires affrontements récents entre ces deux pays d'Asie centrale se disputant des portions de territoires.

Elu en janvier, le président kirghiz Sadyr Japarov a tenu une réunion d'urgence de son Conseil de sécurité (archives).
Elu en janvier, le président kirghiz Sadyr Japarov a tenu une réunion d'urgence de son Conseil de sécurité (archives).
ATS

«A la suite de négociations entre les ministres des Affaires étrangères kirghiz et tadjik, il a été convenu d'une trêve complète à partir de 20H00 (16h00 en Suisse) et le retour de troupes vers leurs précédents lieux de déploiement», a indiqué la diplomatie kirghize dans un communiqué.

Accès à l'eau

Cette annonce intervient seulement quelques heures après des échanges de tirs autour de l'enclave tadjike de Voroukh, au Kirghizstan, une zone de tensions liées à des questions d'accès à l'eau entre ces deux ex-républiques soviétiques très pauvres.

Selon le ministère kirghiz de la Santé, contacté par l'AFP, 31 citoyens kirghiz ont été blessés dans ces combats dont un mortellement. De son côté, le Conseil de sécurité du Tadjikistan a fait état de deux personnes blessés par balles.

Plus tard, les autorités kirghizes ont annoncé que les forces spéciales avaient conquis un poste-frontière en réponse à des bombardements ayant provoqué l'incendie de leur poste-frontière.

Croix-Rouge

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant rouge ont indiqué avoir évacué plus de 600 villageois habitant près de la frontière vers la ville de Batken, au Kirghizstan. Principale puissance régionale, la Russie a annoncé par la voix de la porte-parole de sa diplomatie qu'elle «suivait la situation».

Le ministère des Affaires étrangères de l'Ouzbékistan voisin, pays le plus peuplé d'Asie centrale, avait pour sa part appelé à une «cessation immédiate des hostilités» et proposé son aide pour résoudre la crise.

Accusations mutuelles

Les deux parties se sont rejeté la responsabilité de ces affrontements, qui reviennent à intervalle réguliers.

Le Comité national de sécurité kirghiz a ainsi affirmé que le Tadjikistan a «délibérément provoqué un conflit», accusant son adversaire d'avoir «installé des positions pour effectuer des tirs de mortiers».

A l'inverse, le Conseil national de Sécurité tadjike a accusé l'armée kirghize d'avoir ouvert le feu sur les troupes tadjikes «situées sur le site de distribution d'eau de Golovnaïa, sur le cours supérieur de la rivière Isfara».

Le Tadjikistan a affirmé qu'un conflit avait éclaté la veille entre des civils et que sept Tadjiks avaient été blessés par des jets de pierre.

Elu en janvier après avoir pris le pouvoir à la faveur de heurts à l'automne, le président kirghiz Sadyr Japarov a tenu une réunion d'urgence de son Conseil de sécurité.

Tensions ethniques

De larges portions de la frontière entre les deux pays n'ont pas été démarquées depuis la dislocation de l'URSS en 1991. Les tensions ethniques sont par ailleurs accentuées par des rivalités pour l'accès à l'eau et à la terre dans ces régions très pauvres.

Les incidents meurtriers avaient été particulièrement marqués en 2019. En septembre, trois gardes-frontières tadjiks et un kirghiz avaient été tués dans des échanges de tirs.

L'autoritaire dirigeant tadjik Emomali Rakhmon avait rencontré en juillet 2019 le président kirghiz de l'époque, Sooronbai Jeenbekov, pour une poignée de main symbolique dans la ville frontalière d'Isfara, au Tadjikistan.

Mais ces discussions sur la «délimitation des frontières nationales» et la «prévention et la résolution de conflits frontaliers» n'avaient pas abouti.

Autre pays d'Asie centrale, l'Ouzbékistan est aussi concerné par ces problèmes de frontière. En juin 2010, des tensions entre la majorité kirghize et la minorité ouzbèke dans le sud du Kirghizstan avaient provoqué des violences interethniques et fait des centaines de morts.

ATS