Turquie Le maire d'Istanbul de nouveau devant la justice

ATS

11.11.2022 - 09:48

Le procès du maire d'Istanbul et figure de l'opposition turque Ekrem Imamoglu reprend vendredi dans un contexte tendu pour les opposants, à sept mois d'un scrutin présidentiel et législatif annoncé comme disputé.

L'édile de 52 ans, membre du CHP (social-démocrate), le principal parti d'opposition au pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, risque en théorie jusqu'à quatre ans de prison pour «insulte» aux membres du Haut conseil électoral turc. (archives)
L'édile de 52 ans, membre du CHP (social-démocrate), le principal parti d'opposition au pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, risque en théorie jusqu'à quatre ans de prison pour «insulte» aux membres du Haut conseil électoral turc. (archives)
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La dernière audience le 21 septembre, en l'absence de l'intéressé – qui qualifie ce procès de «tragicomique» – et interdit d'accès à la presse, avait été rapidement suspendue et renvoyée par les juges.

L'édile de 52 ans, membre du CHP (social-démocrate), le principal parti d'opposition au pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, risque en théorie jusqu'à quatre ans de prison pour «insulte» aux membres du Haut conseil électoral turc.

Son avocat, Kemal Polat, a dénoncé une «affaire politique», rappelant que toute condamnation à plus d'un an de prison – «même un an et un jour» – l'écarterait automatiquement de la vie politique pour quatre ans.

Dans un entretien à la télévision turque Fox TV vendredi, le maire d'Istanbul a joué l'indifférence: «Je ne m'intéresse absolument pas à ce qui m'arrivera. Je ne ressens aucune inquiétude, ni peur. Mais j'ai honte de ce procès. Il ne peut y avoir un tel jugement. C'est tragicomique», a-t-il asséné.

Il a cependant assuré «faire confiance à la grande justice turque».

Cette audience survient une semaine après l'inculpation du président du CHP et possible candidat à la présidence, Kemal Kilicdaroglu, pour «diffusion de fausse nouvelle».

Au titre d'une récente loi sur la désinformation, ce dernier encourt jusqu'à trois ans de prison – et serait donc empêché de se présenter.

En mars 2019, l'élection de justesse de M. Imamoglu à la mairie d'Istanbul avait été annulée par le régime, contraint de s'incliner trois mois plus tard face à la mobilisation de l'électorat qui avait offert une large victoire à l'opposant.

Quelques mois plus tard, Ekrem Imamoglu avait jugé «idiots» ceux qui avaient invalidé sa première élection, ce qui lui vaut d'être poursuivi en justice.

Pour Kemal Kilicdaroglu, le pouvoir tente par cette manoeuvre «d'interdire notre maire de toute activité politique».

«Mais je vous le dis clairement: Imamoglu est un gros morceau qui va vous rester coincé en travers de la gorge. Nous ne laisserons personne engloutir Imamoglu», a lancé le patron du CHP.

Le régime de M. Erdogan, confronté à une grave crise économique et à une inflation de plus de 85% sur les 12 derniers mois, semble vouloir faire le ménage dans les rangs des opposants, déjà durement touchés par les vagues d'arrestations qui ont suivi la tentative de coup d'état de 2016.

Des centaines d'arrestations ont eu lieu depuis la mi-octobre parmi les sympathisants du prédicateur Fethullah Gülen, ancien allié devenu bête noire du chef de l'Etat qui l'accuse d'avoir orchestré ce putsch.